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Sérénités et froides ambiguïtés

Paris
Cité de la musique
01/16/2010 -  
Pascal Dusapin : Quatuor VII « Open Time » (21 variations pour quatuor à cordes) (création) (*)
György Kurtág : Douze Microludes opus 13 (Hommage à Mihály András)
Ludwig van Beethoven : Quatuor à cordes n° 16, opus 135

Quatuor Arditti: Irvine Arditti, Ashot Sarkissjan (violon), Ralph Ehlers (alto), Lucas Fels (violoncelle) (*) – Quatuor Hagen: Lukas Hagen, Rainer Schmidt (violon), Veronika Hagen (alto), Clemens Hagen (violoncelle)


Le Quatuor Arditti (© Astrid Karger)



Le dixième des quinze concerts de la quatrième «Biennale de quatuors à cordes» de la Cité de la musique (lire ici) était confié à deux ensembles distincts: le Quatuor Arditti et le Quatuor Hagen.


Le premier proposa tout d’abord une création: avant celle du Sixième (avec orchestre) le 28 avril 2010 à Lucerne, le Septième quatuor de Pascal Dusapin (né en 1955), œuvre commandée par la Cité de la musique, la Fondation de l’Orchestre philharmonique de Berlin et musicadhoy, achevée «le 27 mai 2009 à 1h50» comme l’indique curieusement la note de programme.


Il s’agit de vingt et une variations très libres sur un nombre limité de notes. Le début, plus râpeux que rageur, confié à l’alto, le violoncelle servant de doux arrière-plan, est ainsi articulé sur deux notes. Deux instruments, deux notes mais une grande force de suggestion. Les variations suivantes associent plus pleinement les autres instrumentistes, dans des passages assez différents mais tous marqués par une certaine théâtralité et une évidente sérénité: dans des pizzicati d’une complexité croissante, des épures assez weberniennes – l’œuvre étant cependant dédiée à un «Anton né le 29 juin 2009 à 0h31» –, des parties sifflées et désolées, voire, à la fin, des pages assez stravinskiennes et presque jazzy. Une œuvre assurément marquée par une belle maîtrise du quatuor, le Premier datant il est vrai de 1983 et les précédents étant de facture assez différente. On relèvera d’ailleurs que la production de quatuors de Pascal Dusapin est plus constante et importante que celle d’opéras, autre cadre «traditionnel» l’ayant beaucoup inspiré, puisque son catalogue compte aujourd’hui six ouvrages lyriques. Dans son essai Une musique en train de se faire (Seuil, 2009), Pascal Dusapin évoque surtout ces derniers mais il y affirme aussi que les Variations Diabelli le «hantent depuis toujours». Nul doute, que son Septième quatuor, s’étalant sur une quarantaine de minutes, ses dérives, plis et replis, en portent la trace.


Le Quatuor Arditti, très sûr de lui, en fit en tout cas une lecture d’une grande rigueur, chaleureusement salué par le public et le compositeur.



Le Quatuor Hagen



Après la pause, lui succéda le Quatuor Hagen pour les Douze Microludes (1978) de György Kurtag (1926). Les interprètes surent dégager de ces brèves pages – moins de dix minutes – une infinie délicatesse, de modestes murmures semblant provenir des âmes de leurs instruments.


Une certaine déception suivit malheureusement avec leur interprétation du Seizième quatuor (1826) de Beethoven (1770-1827). La qualité instrumentale était là, indéniable, comme le phrasé, supérieur. Tout était parfaitement mis en place, mais tout semblait froid, exagérément sérieux sans être pour autant crépusculaire. Aucune liberté, dans le Vivace par exemple, aucune ironie, aucun badinage, aucun chant tout simplement, notamment dans l’avant-dernier mouvement de ce superbe dernier quatuor du maître. Il restait donc à espérer entendre les Hagen dans une meilleure forme dans cette même salle de la Cité de la musique le dimanche après-midi, la programmation ayant prévu leur retour au lieu de faire découvrir au public, aussi nombreux que passionné par ces sortes de joutes instrumentales, d’autres ensembles plus jeunes ou moins renommés.


Le site du Quatuor Arditti



Stéphane Guy

 

 

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