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Hors norme

Paris
Théâtre Antoine
12/03/2009 -  et 4, 5, 6, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 22, 23*, 24, 25, 26, 27, 29, 30, 31 décembre 2009 et jusqu’au 13 juin 2010 du mardi au vendredi (20 heures 30), le samedi (17 heures et 20 heures 30) et le dimanche (15 heures 30), puis 18 (Plaisir), 21 (Vevey), 22 (Morges), 25 (Epernon), 28, 29, 30 septembre, 1er, 2 (Marseille), 5, 6 (Blagnac), 8 (Agde), 9 (Tarascon), 11 (Châtenay-Malabry), 14 (Saint-Malo), 16 (Noisiel), 21 (Roubaix), 22 (Corbeil-Essonnes), 24 (Calais), 28 (Namur), 29 (Bruxelles), 30 (Charleroi) octobre, 9 novembre (Massy), 7 décembre (Le Vésinet) 2010
Jacques Offenbach : La Vie parisienne (adaptation Patrice Peyriéras)

Adrien Biry (Bobinet/trompette, tuba ténor), Hervé Devolder (Gardefeu/piano), Isabelle Fleur (Métella/piano), Emmanuelle Bougerol (Gabrielle/piano), David Alexis (Le Baron/piano), Sarah Tullamore (La baronne/flûte), Clément Pouillot (Le Brésilien, Prosper/clarinette, piano), Thomas Dalle (Le régisseur, Frick, Alfred/percussions), Stéphane Corbin (Urbain/piano), Marie-Charlotte Leclaire (Pauline/piano), Noémie Delavennat (L’habilleuse, Charlotte/harpe), Anna Lafont-Jouan (Une Parisienne/violoncelle, guitare, piano), Marion Lépine (Une Parisienne, Alphonsine, Albertine/violon), Patrice Peyriéras (direction musicale)
Alain Sachs (adaptation, mise en scène et scénographie), Philippe Quillet (scénographie et lumières), Marie Pawlotsky (costumes), Patricia Delon (chorégraphie)


(© Sébastien Delrue)



Offenbach pour les fêtes, et plus spécialement La Vie parisienne (1866/1873). Jusque là, rien que de très normal ou même de trop normal. Et pourtant, c’est d’une production complètement hors norme qu’il s’agit ici.


Hors norme, par son projet: adapter et réduire ce joyau du répertoire pour un ensemble de treize artistes pouvant à la fois jouer la comédie, chanter, danser et faire de la musique. Et, qui plus est, montrer le spectacle prendre progressivement forme depuis le théâtre dans le théâtre jusqu’au théâtre tout court. De ce fait, le début est déroutant: dans les coulisses, les protagonistes en tenue de ville, sous la houlette d’un régisseur muet mais autoritaire, se mettent peu à peu à leurs personnages et à leurs instruments, partition et texte en main, qu’ils font mine de découvrir, assis sur leur chaise, comme pour une répétition. Mais l’inquiétude et la perplexité sont de courte durée: entièrement a cappella, le chœur des employés de chemin de fer est d’emblée totalement bluffant de fantaisie et d’exactitude. Ensuite, crescendo et accelerando, l’adaptateur et metteur en scène Alain Sachs – qui coréalise en outre la scénographie avec Philippe Quillet, lui-même réalisateur des lumières – ne lâche plus le public: au fur et à mesure, les interventions et encouragements du régisseur, bientôt assisté d’une habilleuse, se font de plus en plus rares – cela tombe bien, car ils endossent bien évidemment eux-mêmes plusieurs rôles. De même, les accessoires se mettent en place, les décors s’étoffent et les costumes créés par Marie Pawlotsky, d’abord limités à un festival de couvre-chefs les plus divers et les plus délirants, prennent de plus en plus d’importance. Bref, le provisoire et le faufilage s’effacent au profit de la haute couture, véritable contrepied aux grosses ficelles, grands moyens et effets appuyés à la Savary.


Hors norme par la diversité des talents qu’il a fallu rassembler en conséquence: un pilier du Festival lyrique des châteaux de Bruniquel (Isabelle Fleur), l’auteur, compositeur et metteur en scène de la comédie musicale Chance (Hervé Devolder), un licencié en musicologie par ailleurs trompettiste et chanteur (Adrien Biry), une chanteuse de jazz et de comédie musicale qui pratique également la flûte (Sarah Tullamore), un percussionniste qui a tout fait, d’Olivier Py à Enzo Enzo, et qui passe avec aisance de la boîte à outils (sic) au marimba (Thomas Dalle), un autre qui, cumulant un peu tout cela, est aussi acrobate et marionnettiste, sans oublier les claquettes (David Alexis), ... L’itinéraire de chacune et chacun des treize membres de la troupe (sept femmes et six hommes) mériterait d’être cité, illustrant comment ils contribuent tous, aussi bien individuellement que collectivement, à la polyvalence qui fait la force de cette initiative.


Hors norme, par sa réussite et son aboutissement: car le pari est plus que tenu, alors même que l’équipe n’a semble-t-il disposé que d’un temps de préparation très limité. Et, surtout, si l’adaptation à la fois théâtrale et musicale semble s’éloigner de la lettre, elle est miraculeusement fidèle à l’esprit d’Offenbach, tout particulièrement de La Vie parisienne: servie par des échanges d’une précision époustouflante, la joyeuse absurdité du livret de Meilhac et Halévy a rarement autant scintillé et pétillé, d’autant que nul n’omet d’articuler avec une clarté exemplaire. Bien que constituée de bric et de broc, de la harpe au tuba ténor, avec une noria de pianistes, parfois à quatre mains, l’instrumentation du directeur musical, Patrice Peyriéras, fonctionne sans accroc. Les chorégraphies de Patricia Delon apportent leur grain de sel – avec des numéros d’anthologie tels que les couplets des Parisiennes («frou, frou» et «toc toc») – et, qu’on se rassure, nul ne sera privé de son rituel cancan. Les voix sont certes souvent légères et atypiques, mais parfaitement placées et idéalement distribuées, à commencer par Gardefeu, le baron ou la gantière Gabrielle: au demeurant, depuis le temps même du compositeur, il est de tradition que la plupart des emplois de cet opéra-bouffe soient tenus par des comédiens. Et la rapidité et la précision avec lesquelles tous passent de l’action à la musique, puis à nouveau d’un instrument au chant ou à la danse, ne peut que laisser admiratif.


100 minutes dynamiques et spontanées, presque comme improvisées, sans le moindre instant de faiblesse ou même simplement de répit, à ne manquer sous aucun prétexte, les représentations devant se prolonger au moins jusqu’au 13 juin au Théâtre Antoine.


Le site du Théâtre Antoine
Le site d’Adrien Biry
Le site d’Isabelle Fleur
Le site de David Alexis



Simon Corley

 

 

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