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In memoriam

Paris
Cathédrale Saint-Louis des Invalides
12/17/2009 -  
Johann Sebastian Bach : Suites pour violoncelle n° 2, BWV 1008, n° 6, BWV 1012, et n° 1, BWV 1007
Georges Sosnovski : Etoile filante

Alain Meunier (violoncelle)


A. Meunier



Au-delà même d’un lieu assez inhabituel (Saint-Louis des Invalides), ce récital d’Alain Meunier revêtait un caractère particulier, puisqu’il était conçu comme un hommage à son épouse Annick Goutal (1945-1999). La famille, les proches et les amis, bref tous ceux qui ne manquent pas le concert dont il les régale chaque été, en toute simplicité, dans la petite église de Sainte-Geneviève-sur-Argence, sur les terres aveyronnaises de sa belle-famille, ne manquent bien évidemment pas à l’appel.


Claude Samuel, président du conseil d’administration de l’ACDA, est également présent: parmi les tâches relevant de son association figure la gestion des concours internationaux de la Ville de Paris, à commencer par le concours Rostropovitch, où Alain Meunier vient de suppléer Krzysztof Penderecki à la présidence du jury (voir ici). Mais on reconnaît par ailleurs Alain Pichon, président du conseil d’administration de «Quatuors à Bordeaux», qui organise notamment un concours désormais triennal dont le violoncelliste français est le codirecteur depuis 1987, du temps où la compétition se déroulait encore à Evian. Les musiciens, eux aussi, sont venus, comme Sylvie Gazeau, qui, avec Gérard Caussé, fut sa partenaire au sein du quatuor (avec piano) auquel Christian Ivaldi avait donné son nom.


Comme ces nombreux fidèles, le public n’a pas laissé passé l’une des rares occasions – à entrée libre, qui plus est – d’entendre l’un des plus dignes héritiers de la prestigieuse école française de violoncelle, aujourd’hui âgé de 67 ans: une rareté qui s’explique par le fait qu’aux activités susmentionnées, Alain Meunier ajoute l’animation d’un festival à Entrecasteaux (Var), la direction de «Musica insieme» (Naples), l’enseignement en France aussi bien qu’à l’étranger ainsi que la participation à des actions de lutte contre le sida dans l’océan Indien. Rien de plus normal pour celui dont la biographie autorisée se livre à ce paisible constat: «Son parcours musical est fait de rencontres avec tous les répertoires et avec lui-même, Paris, Tokyo, New York ou Chicoutimi n’étant que les étapes convenues d’un itinérant par nécessité.»


Une fois de plus, l’acoustique fortement réverbérée d’un édifice religieux n’est pas la mieux à même pour permettre d’apprécier la sonorité d’un instrument et de valoriser les qualités d’un artiste, singulièrement lorsque le tempo est rapide et que les dynamiques sont élevées. Mais les trois des six Suites de Bach qu’il a choisies – et la Sarabande de la Troisième offerte en bis – n’en donnent pas moins une image fidèle de sa personnalité: humanisme, élégance, mesure, professionnalisme, poésie et profondeur d’un musicien d’une immense culture, à l’écoute du monde et de ses semblables.


Avec une souplesse de phrasé et une respiration d’un naturel confondant, comme dans la Sarabande de la Deuxième, Alain Meunier ne traîne pas et n’abuse pas du rubato, mais prend son temps, celui de faire amoureusement sonner chaque note, celui de faire partager à l’auditeur son plaisir de l’instrument: un hédonisme presque sensuel, auquel les voûtes de la cathédrale contribuent sans doute en partie, avec des attaques dénuées de brutalité, subtiles et dosées, parfois même imperceptibles, contribuant à la grande fluidité du propos. Ce Bach, qu’il a enregistré à Fontevraud voici dix-sept ans (Harmonic Records), n’est ni épique, ni rhétorique, ni monumental. Ainsi, le Prélude de la Première n’est pas un haut portique intimidant, mais une invitation à entrer dans un univers accueillant et familier, où l’on n’oublie jamais le caractère de danse de la plupart des pièces, sans précipiter pour autant les Gigues: une approche intimiste – malgré le cadre, et même dans l’expansive Sixième – indéniablement en harmonie avec les émotions inhérentes au contexte de cette soirée.


En début de seconde partie, Alain Meunier présente une œuvre du jeune compositeur et pianiste d’origine biélorusse Georges Sosnovski, président de l’association «La Vie en musique», qui avait déjà dédié à la mémoire d’Annick Goutal un Trio avec piano en 2002. Pièce d’un seul tenant et d’une durée de 16 minutes, Etoile filante est écrite avec le cœur, triste et nostalgique comme un tango, variant un thème simple de façon de plus en plus extériorisée et déchirante, pour trouver finalement le calme, sinon l’apaisement. Sa nature volontiers pudique, peu portée sur le pathétique, en souffre peut-être, mais le violoncelliste n’en défend pas moins admirablement ce témoignage d’une évidente sincérité.


Le site de l’association «La Vie en musique»



Simon Corley

 

 

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