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Et la lumière fut

Baden-Baden
Festspielhaus
11/21/2009 -  et 9 (Pisa), 17 (New York) octobre, 11 (Madrid), 13 (Valladolid), 19 (Luxembourg), 26 (Wien) novembre, 5 décembre (Hamburg) 2009
Joseph Haydn : Die Schöpfung
Sophie Karthäuser (soprano), James Gilchrist (ténor), Tim Mirfin (basse)
Monteverdi Choir, Orchestre Révolutionnaire et Romantique, John Eliot Gardiner (direction)


J. E. Gardiner (© Sheila Rock)


L’un des points culminants de cette année Haydn restera probablement le Creation and Seasons Europe and USA Tour dirigé par John Eliot Gardiner, qui a fait voyager le Monteverdi Choir et l’Orchestre Révolutionnaire et Romantique dans de nombreux hauts lieux musicaux au cours de cet automne, affichant dans chaque salle visitée tantôt l’un tantôt l’autre des deux ultimes oratorios de Haydn, à l’exception de Carnegie Hall et du Musikverein de Vienne où les deux œuvres ont été présentées successivement en deux soirées.


Une interprétation bien rodée, dont on a pu goûter à Baden-Baden l’indiscutable aboutissement. En particulier la maîtrise technique de l’instrumentarium, d’un maniement pas forcément aisé, doit être soulignée (la comparaison de l’Orchestre Révolutionnaire et Romantique avec le Baltazar Neumann Ensemble en grande formation, par exemple, est écrasante et sans appel). A ce niveau de fiabilité Gardiner peut triturer le discours à son aise, ne pas laisser une phrase sans la dose exacte de non-vibrato qu’il suppose nécessaire, et pas une intonation sans sa résonance savamment étouffée ou prolongée. Un art parfois agaçant du « je ne peux jamais rien jouer comme tout le monde », mais dont la maîtrise séduit aisément l’intellect, et même parfois le cœur, notamment dans le merveilleux duo Adam/Eve de la troisième partie. Quant à la perfection du Monteverdi Choir, dont le recrutement est resté d’une exigence constante au fil des ans, elle n’est plus à dire mais laisse quand même époustouflé. En particulier à l’issue de passages fugués d’une clarté (une petite trentaine de chanteurs seulement) mais aussi d’une richesse en timbres exaltants, coachés avec une énergie rythmique diabolique par un chef dont on peut parfois discuter les options sur un plan strictement orchestral mais qui reste l’un des plus ébouriffants meneurs de chœurs de l’époque.


Au sein d’une équipe de solistes variables selon les étapes du Tour, la configuration affichée à Baden-Baden est de haut vol, à l’exception de la basse Tim Mirfin, jeune chanteur qui n’a pas l’ampleur requise. Les efforts déployés sont louables mais la caractérisation est courte de souffle et les graves davantage marqués que chantés. On apprécie en revanche la vaillance du ténor James Gilchrist, véritable maître du jeu, d’une autorité impressionnante dans le rôle de Raphael. Quant à l’état de grâce maintenu de bout en bout par Sophie Karthäuser, très à l’aise dans ce monde de surexpressivité d’inspiration baroque dont elle parvient à faire ressentir toutes les intentions sans paraître pour autant ni sophistiquée ni anti-naturelle, il constitue certainement l’atout décisif de ce concert, d’une perfection quasi-discographique. De même que pour les miraculeuses Saisons dirigées par René Jacobs, invitées en 2005, Baden-Baden a décidément l’art de saisir les bonnes occasions en ce qui concerne les grands oratorios de Haydn, des chefs-d’œuvre qui ont trouvé là des interprétations pleinement à leur mesure.



Laurent Barthel

 

 

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