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Concerto boréal

Strasbourg
Palais de la Musique et des Congrès
10/07/2009 -  
Joseph Haydn : Symphonie N° 44 « Funèbre »
Magnus Lindberg : Concerto pour violon
Ludwig van Beethoven : Symphonie N° 6 « Pastorale »

Tedi Papavrami (violon)
Orchestre Philharmonique de Strasbourg, Alexander Liebreich (direction)


T. Papavrami (© J.M. Sabat)


Né en 1968, Alexander Liebreich est aujourd’hui directeur musical de l’Orchestre de Chambre de Munich, après un parcours de chef assistant accompli selon les usages en vigueur. Est-ce cependant suffisant pour assumer avec suffisamment d’autorité un premier concert face à un orchestre inconnu ? Les mesures initiales de la Symphonie N° 44 de Haydn, dirigées sans baguette, souples, d’une musicalité engageante, enrichies de surcroît par la sonorité chaleureuse de Vladen Chernomor, nouveau Konzertmeister de l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg, impressionnent favorablement. Mais ensuite les libertés laissées par une gestique plus incitative qu’autoritaire ne sont source d’aucun enrichissement, avec au contraire des manques d’homogénéité et surtout une absence de démarche claire qui nuisent à la perception d’une Symphonie par ailleurs longue et de facture relativement conventionnelle.


Même cause et mêmes effets pour la routinière Symphonie Pastorale conclusive, où l’orchestre se meut sans heurt ni passion au sein d’une partition déroulée linéairement. L’attention est heureusement captée par quelques belles prestations solistes : hautbois, flûte, basson, cors (plus agréables que dans Haydn, où leur insécurité devenait quelque peu crispante à la longue), l’intérêt de jouer en concert une partition aussi ancrée dans nos habitudes auditives n’étant en rien démontré par cette approche palliative.


Au milieu de la soirée l’entrée en scène de Tedi Papavrami marque une rupture salutaire. Par l’assurance de l’interprète, indiscutable présence physique, sonorité superbe et phrasés noblement conduits, mais aussi par le choix d’une oeuvre inhabituelle qui devrait conquérir à terme sa place dans la programmation des concerts classiques, le Concerto pour violon de Magnus Lindberg. Une partition qui s’affranchit heureusement des clichés de la musique contemporaine savante (remarquable absence des percussions, l’effectif instrumental étant sensiblement le même que pour la Symphonie de Haydn précédente) et qui met bien le soliste en valeur au fil de lignes sinueuses d’un merveilleux pouvoir d’évocation poétique. Le parallèle sans doute incontournable avec le Concerto de Sibelius a cependant ses limites (ne serait-ce que parce que la structure relativement conventionnelle du Concerto pour violon de Sibelius n’est en rien typique de la musique du roi des compositeurs finlandais). En revanche le caractère nordique de la musique de Lindberg, où l’on ne peut s’empêcher de discerner des horizons infinis et des lueurs scintillantes d’aurores boréales, s’avère patent. La gestion du temps, problème névralgique des musiques de notre époque, est ici facilitée par des proximités tonales qui ne sont toutefois pas perçues comme des expédients, mais bien comme les fondements d’un langage original et cohérent. Un magnifique Concerto pour le grand répertoire de demain, brillamment défendu par un soliste audacieux.


Autre originalité, celle d’un long bis : une transcription pour violon seul de la Fantaisie pour orgue en sol mineur de Jean Sébastien Bach, adaptation réalisée par Tedi Papavrami lui-même. Visuellement la première page de cette Fantaisie, avec son immense trait de la main droite, suggère effectivement un caractère violonistique que l’on peut avoir envie de mettre en valeur. Et l’essai paraît probant, du moins au début. Ensuite quelques longueurs apparaissent, la réalisation de la polyphonie n’étant pas toujours aisée, même si l’élévation naturelle de cette musique maintient toujours une tension suffisante. Très belle partie médiane, donc, qui transfigure heureusement un concert de routine.



Laurent Barthel

 

 

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