About us / Contact

The Classical Music Network

Baden-Baden

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Standing ovation

Baden-Baden
Festspielhaus
11/20/2009 -  
Robert Schumann : Duos pour deux voix et piano
Johannes Brahms : Liebeslieder Op.52 – NeueLiebeslieder Op. 65

Sylvia Schwartz (soprano), Bernarda Fink (alto), Michael Schade (ténor), Thomas Quasthoff (baryton), Malcolm Martineau et Justus Zeyen (piano)


T. Quasthoff (© Eric Tran-Quang)


Figure médiatique incontournable du monde musical allemand, Thomas Quasthoff vient de fêter ses cinquante ans. A l’apogée d’une importante carrière internationale de récitaliste et de chanteur d’oratorio, position dominante complétée par quelques apparitions prudentes mais fructueuses sur des scènes d’opéra, Quasthoff a profité de ce tournant pour annoncer un resserrement de ses activités. Une réduction notable des concerts et des tournées à venir, qui n’est pas la conséquence d’un handicap physique toujours totalement assumé mais plutôt d’un désir nouveau de stabilité professionnelle et familiale. Le baryton allemand est désormais marié, a été nommé professeur à la Musikhochschule de Berlin, ville où il s’est installé à demeure, et les causes qu’il compte défendre ne se bornent plus à sa seule fonction d’ambassadeur du Lied aux quatre coins du monde.


« Le Lied a besoin d’un soutien », selon les propres termes de Thomas Quasthoff, qui assortira prochainement ses activités de récitaliste et de pédagogue d’une initiative supplémentaire : la création à Berlin d’un concours destiné à distinguer de jeunes chanteurs spécialisés dans le Lied allemand. C’est vraisemblablement à ce nouveau projet que seront affectés les 50 000 € du Prix musical Herbert von Karajan, décerné à Thomas Quasthoff au cours de la soirée du 20 novembre 2009 par le Festival de Baden-Baden. Un concert/hommage, dont même la partie formelle s’est révélée mémorable grâce à la présence amicale d’Helmut Rilling, qui s’est brillamment acquitté de l’exercice difficile du discours laudatif : un exposé délibérément informel où chaque mot, judicieusement pesé, contribuait à dessiner de l’artiste évoqué un portrait sensible et juste. Réponse également simple du principal intéressé, osant des remerciements complètement conventionnels (à ses parents, à son épouse…) et pourtant infiniment respectables : une spontanéité saluée par une vibrante standing ovation.


Autour des discours et congratulations de rigueur, la richesse de la partie musicale de la manifestation pouvait par ailleurs se mesurer à la simple lecture de l’affiche, impressionnant conglomérat de personnalités dominantes du monde du Lied, à l’absence près de Genia Kühmeyer, soprano révélée par ses merveilleuses Pamina des Festivals de Salzbourg 2006 et 2007, remplacée ici par la jeune Sylvia Schwartz. Une fraîche et jolie personnalité, ancienne élève de Thomas Quasthoff, soprano léger que l’on imagine très à l’aise dans une Adèle de La Chauve-Souris voire dans Gilda de Rigoletto mais qui au sein d’un quatuor vocal paré partout ailleurs d’une palette de couleurs splendide fait quelque peu tache par ses intonations acidulées. L’intérêt de la soirée s’en trouve déplacé vers les fréquences plus graves, avec là des moments d’une incomparable richesse, notamment les passages en duo entre Thomas Quasthoff et le ténor Michael Schade, qui fait admirer des facultés de récitaliste d’une remarquable perfection. Plus familière à nos oreilles dans ce répertoire, Bernarda Fink ne déchoit pas non plus, avec toute sa sensibilité coutumière, même si aucune vraie complémentarité avec la partie de soprano ne peut fonctionner


Le choix des Liebesliederwalzer de Brahms, après quelques duos plus anodins de Schumann, est à même de faire briller cette équipe vocale en toute équité, avec une alternance bien calculée d’interventions en solo, duo, ou quatuor. Et le soutien assuré par le piano à quatre mains tenu luxueusement par Malcolm Martineau et Justus Zeyen, aux sonorités différentes mais complémentaires, achève de donner à ces valses vocales intimes leur parfait idiomatisme brahmsien. Des couleurs uniques, avec au final la floraison d’une polyphonie merveilleuse, sur des vers de Goethe qui achèvent de conférer à l’ensemble une élévation qui n’a rien plus rien à voir avec de la musique de salon. Une conclusion sublime, répétée en bis pour le plaisir, à la fin d’une soirée heureuse.



Laurent Barthel

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com