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Beauté surnaturelle

Aix-en-Provence
Grand Théâtre de Provence
11/14/2009 -  et 15 novembre 2009 (Cannes)
Franz Schubert: Ouverture, Entracte n° 3 et Romance de « Rosamunde », D. 644 & D. 797 – Lieder (orchestrations diverses) – Mirjams Siegesgesang, D. 942 (orchestration Franz Lachner)

Renata Pokupic (mezzo-soprano), Pauline Courtin (soprano), Robert Getchell (ténor)
accentus, Orchestre régional de Cannes Provence Alpes Côte d’Azur, Laurence Equilbey (direction)


L. Equilbey (© Jean-Louis Bergamo)


Laurence Equilbey a imaginé un programme consacré à Franz Schubert, aussi beau qu’original, bien plus original que ne le laisserait supposer son fil conducteur sans grand risque : « In der Natur » (« Dans la Nature »). L’essentiel consiste en effet en lieder pour voix soliste ou pour chœur avec orchestration de l’accompagnement initialement écrit pour piano par Schubert. Toutes ces adaptations s’avèrent fort réussies et passionnantes. De fait, elles sont signées d’une belle brochette de compositeurs fameux : Reger, Berlioz, Brahms, Liszt, Richard Strauss, Webern, Britten, mais aussi de Franck Krawczyk, l’habituel complice des transcriptions d’accentus, qui a réalisé toutes les orchestrations des cinq lieder pour chœur présentés en seconde partie.


Le programme débute avec l’Ouverture de Rosamunde, reprise de Die Zauberharfe. Les cordes de l’Orchestre de Cannes sonnent un peu vert au début, surtout les violons, qui connaissent de menus accrocs, alors que les vents nous enchantent. Mais toutes les qualités que l’on connaît de Laurence Equilbey chef de chœur se retrouvent dans sa direction orchestrale : clarté, rigueur, précision méticuleuse, et les instrumentistes assurent sous sa férule une prestation d’excellent niveau. L’exactitude rythmique et la virtuosité louable de leur jeu permet un allant et un dynamisme entraînants. Un autre extrait du ballet Rosamunde, le merveilleux Entracte, nous a ému profondément par sa douceur déchirante.


Les mélodies ont été magnifiquement servies par la superbe mezzo Renata Pokupic (qui est aussi colorature, puisqu’elle débutera prochainement à Covent Garden dans rien moins que le rôle-titre de Tamerlano). Avec sa voix puissante au timbre chaleureux, avec sa ligne de chant somptueuse et ses riches nuances expressives, elle a excellé à procurer une dimension opératique insoupçonnée à des mélodies telles que Die junge Nonne ou Gruppe aus dem Tartarus, saisissantes avec leurs accompagnements tempétueux. Et elle a déployé un charme irrésistible dans La Truite, An Silvia ou la Romance de Rosamunde.


Le ténor américain Robert Getchell se situe dans une autre catégorie, avec une voix plus intime, plus monochrome, plus élégiaque, peut-être un peu juste pour le redoutable Roi des Aulnes. Toutefois, manifestant comme Renata Pokupic une excellente articulation de l’allemand, il a interprété avec délicatesse et beaucoup de poésie Im Abendrot, Nacht und Traüme, Ganymed ou Du bist die Ruh.


La perfection désormais légendaire de l’ensemble accentus s’est confirmée dans les lieder pour chœur, tous saisissants, avec d’excellentes orchestrations de Franck Krawczyk, utilisant parfois seulement les cordes graves (Der Gondelfahrer), ou réservant une introduction aux seuls trombones, sidérants (Das Grab). Chose rarement éprouvée au concert, malgré le caractère souvent austère des pages chantées, mais devant de telles beautés, et sachant qu’il n’existe pas encore d’enregistrement permettant de les retrouver à volonté, nous éprouvions une sorte de mélancolie à ne pouvoir retenir ces instants magiques qui s’enfuyaient inexorablement.


Pour finir, une rareté, une vaste cantate pour soprano solo, chœur et orchestre, orchestrée par Franz Lachner, Mirjams Siegesgesang, illustration biblique un peu trop martiale dans son introduction, mais qui contient des passages étonnants. La jeune soprano aixoise Pauline Courtin l’a chantée avec beaucoup de vaillance. Dommage que sa voix très claire devienne dure dans les forte, car les moments plus intimes étaient fort touchants.


Tout au long du concert, les équilibres soigneusement dosés entre voix, chœur et orchestre ont manifesté la patte de Laurance Equilbey, et ce programme souvent grave, profond, guttural nous a captivé, élevé l’âme, et offert des moments de poésie et de recueillement contemplatif d’une beauté surnaturelle.


Le site de l’Orchestre régional de Cannes Provence Alpes Côte d’Azur
Le site d’accentus
Le site de Laurence Equilibey



Philippe van den Bosch

 

 

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