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Eclaircissement

Paris
Salle Pleyel
11/03/2009 -  et 6 novembre 2009 (Poitiers)
Felix Mendelssohn : Les Hébrides, opus 26
Robert Schumann : Concerto pour violoncelle, opus 129 – Symphonie n° 3 «Rhénane», opus 97

Jean-Guihen Queyras (violoncelle)
Orchestre des Champs-Elysées, Philippe Herreweghe (direction)


P. Herreweghe (© Michel Garnier)



Maintenant que Philippe Herreweghe et son Orchestre des Champs-Elysées ont abordé Brahms, Franck, Bruckner et Mahler, on ne s’étonne plus qu’ils consacrent une importante partie de leur saison à célébrer le bicentenaire de la naissance de Mendelssohn. Ainsi, en ce début novembre, les quatre étapes de leur tournée européenne commencent toutes par l’ouverture Les Hébrides (1830). Plutôt que les grands élans romantiques, l’interprétation s’attache à la transparence des textures tout en cherchant des atmosphères aussi subtiles que mystérieuses: la qualité instrumentale, à l’image d’un évocateur pupitre de clarinettes, suffit à légitimer une telle approche, même si les orages désirés tardent quelque peu à se lever.


Dans le Concerto pour violoncelle (1850) de Schumann, Jean-Guihen Queyras, avec sa sonorité jamais grasse ni épaisse, s’accorde sans peine avec la finesse de l’orchestre. Eloquent et expressif, voire combatif et anguleux, l’archet claque et racle dans le premier mouvement, tandis que le finale, extraverti et vigoureux, laisse libre cours à l’humeur fantasque du compositeur. Mais le Langsam offre une parenthèse durant laquelle le temps semble s’arrêter, avec cet échange complice entre le soliste et les pupitres de violoncelles, menés par Ageet Zweistra, l’épouse de Herreweghe, et comprenant Gesine Queyras, l’épouse du soliste.


Au moment des rappels, le chef s’assied derrière les cornistes: bien lui en prend, car le public refuse de laisser partir Jean-Guihen Queyras, qui se conforme d’abord à l’usage, en choisissant une page de Bach, dont il donnera l’intégrale des Suites au Théâtre des Champs-Elysées le 14 avril prochain: toute sa versatilité stylistique apparaît dans la Sarabande de la Première suite, élégante et décantée, mais pas chétive. De façon plus originale, il conclut sur les arpèges de la Septième des vingt-et-une Etudes (1806) de Jean-Louis Duport (1749-1819), père de la technique moderne du violoncelle et créateur des deux Sonates de l’Opus 5 de Beethoven.


La seconde partie de ce programme trop court et traditionnellement construit selon le schéma ouverture/concerto/symphonie était dévolue à la Troisième symphonie «Rhénane» (1850), achevée quelques semaines après le Concerto pour violoncelle. Herreweghe donne tort à ceux qui critiquent la lourdeur et l’opacité de la pâte orchestrale de Schumann, dont il fait davantage un héritier de Beethoven qu’un précurseur de Brahms. Allégeant et éclaircissant le propos, il lui restitue toute sa fraîcheur, sinon peut-être sa spontanéité, et met en valeur la complexité polyphonique de l’écriture. L’effectif – trente-neuf cordes – y contribue sans doute, même s’il sonne au besoin dans toute sa plénitude, de même que le tempo, allant, mais jamais précipité, sinon peut-être dans le deuxième mouvement (marqué «Très modéré»). Sans excès d’effusions, le mouvement central, léger, gracieux et allant, prend le caractère d’un intermezzo, tel celui du Concerto pour piano. Dans le quatrième mouvement, rien d’étonnant à ce que l’un des grands du baroque interprète sans pathos l’indication «Solennel» de cet épisode archaïsant, de façon plus austère que monumentale. Et la musique retrouve toute sa veine rythmique dans un finale bondissant, mordant et juvénile, qui évoque la Première symphonie «Le Printemps».


Le bis donne un aperçu de la variante que propose l’Orchestre des Champs-Elysées à Eindhoven comme à Gand, où il a préféré la Troisième symphonie «Ecossaise» (1842) de Mendelssohn à celle de Schumann: l’Adagio paraît sans doute moins suave et lyrique qu’à l’habitude, mais ne manque ni de tenue ni de probité.


Philippe Herreweghe sera de retour dès le 19 novembre à Saint-Roch pour une soirée Purcell avec son Collegium vocale de Gand, puis du 11 au 13 décembre à Sceaux, à nouveau avec l’Orchestre des Champs-Elysées, qui reviendra lui-même en janvier à Levallois et à Versailles avec Andreas Staier.


Le site de l’Orchestre des Champs-Elysées
Le site de Jean-Guihen Queyras



Simon Corley

 

 

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