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Entre jouissance et déception

Madrid
Teatro Real
11/02/2009 -  et 5 novembre 2009
Georg Friedrich Händel: Agrippina

Ann Hallenberg (Agrippina), Roberta Invernizzi (Nerone), Klara Ek (Poppea), Xavier Sabata (Ottone), Umberto Chiummo (Claudio), Raffaele Costantini (Pallante), Antonio Giovannini (Narciso), Matteo Ferrara (Lesbo)
Il Complesso Barocco, Alan Curtis (direction musicale)


A. Curtis (© D.R.)


Un an après un très beau Haendel de jeunesse (Il Trionfo del Tempo e del Disinganno), le Teatro Real présente un autre Haendel de la même époque, mais en version de concert, et pour deux représentations seulement. Agrippina s’avère d’un esprit tout à fait opposé à celui d’Il Trionfo, c’est une pièce cynique (de par le livret de Vincenzo Grimani), un drame qui renonce à devenir tragédie et qui cherche dans la bouffonnerie un remède à la gravité du sujet, sans pour autant renoncer à la parabole sur le pouvoir. Il se rapproche du Couronnement de Poppée de Monteverdi, qui est aussi un opéra cynique, avec d’ailleurs quelques personnages communs ; après tout, nous connaissons d’emblée le destin des protagonistes de l’histoire, leurs trahisons et leur mort violente. La fin de ces deux opéras ne constitue nullement un happy end, mais un dévoilement, pour un public déjà bien informé, du véritable devenir de ces êtres de pouvoir du temps jadis.


En théorie, cela aurait dû être un très bon concert, avec un excellent orchestre historique d’une vingtaine de musiciens, un chef érudit, grand interprète de la période baroque, des chanteurs bons spécialistes aussi de l’époque… Oui, mais...


L’orchestre est remarquable, certes, mais tout se passe dans la lenteur, les tempi s’écroulent, presque tout se déroule dans la platitude, et le résultat s’avère bien fade. En plus, le Teatro Real est trop grand pour un ensemble aussi subtil, aux effectifs limités, avec des sonorités baroques ténues, bien éloignées de celles, plus tonitruantes, d’un orchestre d’opéra habituel.


Hormis le rôle-titre, voire les deux autres voix féminines, les chanteurs étaient aussi un peu décevants. Anna Hallenberg, mezzo suédoise, a une voix puissante, belle, dramatique, à l’aise également dans le style buffa; elle possède tout ce qu’il faut pour incarner cette femme conspiratrice, séduisante et avide de pouvoir, cette Agrippine revue par le filtre de la fiction et des histoires (peut-être plus que de l’Histoire). Hallenberg s’impose par une personnalité et une voix incontestables. La soirée a été un triomphe surtout pour elle.


Mais on ne peut pas ignorer Roberta Invernizzi, dans le rôle travesti de Néron, une soprano lyrique légère, avec une très belle couleur, très agile dans les mélismes, les vocalises, les sauts vers l’aigu... Enfin, la soprano Klara Ek, Suédoise aussi, compose une Poppée de qualité, d’un très bon niveau, plus lyrique que légère. Les hommes sont au nombre de cinq : deux contre-ténors, trois barytons ou basses. Pas de ténors. De leurs prestations vocales, nous ne dirons rien, par charité...


Tout au plus remarquerons-nous qu’ils étaient tous, les hommes comme les femmes, de bons comédiens, à voir comment ils assumaient sans rigidité cette version de concert. En effet, Agrippina est un opéra très long, mais qui possède beaucoup d’action. Il aurait était fort ennuyeux de voir huit chanteurs en permanence statiques derrière leurs pupitres, écueil qu’ils ont su éviter.



Santiago Martín Bermúdez

 

 

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