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Un seul être vous manque…

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
10/13/2009 -  
Joseph Haydn : Concerto pour violoncelle et orchestre n° 1 en ut majeur, Hob. VII b.1
Nicolas Bacri : Méditation d’après un thème de Beethoven, opus 94 (§)
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 3 en mi bémol majeur, “Héroïque”, opus 55

Benoît Grenet, Guillaume Paoletti, Livia Stanese, Sarah Veilhan (violoncelles) (§)
Ensemble orchestral de Paris, Heinrich Schiff (violoncelle et direction)


H. Schiff (© Alexander Basta)



Alors que l’année 2009 touche doucement à sa fin, certains concerts continuent de célébrer le bicentenaire de la mort de Joseph Haydn (1732-1809). Si la part belle fut généralement faite aux symphonies et œuvres sacrées, sans compter une musique de chambre toujours à l’affiche, force est de constater que ses œuvres concertantes manquaient le plus souvent à l’appel. A ce titre, il était intéressant d’entendre le Premier concerto pour violoncelle interprété par l’un des grands violoncellistes actuels, Heinrich Schiff. Œuvre que l’on a longtemps cru perdue, la partition ne fut découverte qu’en 1961 par le musicologue Oldrich Pulkert dans le fonds Radenin des archives du Musée national de Prague. Vraisemblablement composé en 1765, soit près de vingt ans avant le Concerto en ré majeur (qui date de 1783), il s’agit d’un véritable bijou tant par la fraîcheur qui en émane que par l’alliance parfaite entre la virtuosité et la musicalité pure. Las ! Heinrich Schiff ne se montre absolument pas sous son meilleur jour. Siégeant sur un podium placé au milieu des musiciens, dirigeant l’orchestre avec une gestique facétieuse ou trop ostentatoire pour être véritablement efficace, le soliste multiplie les anicroches. Jouant constamment trop bas, il offre néanmoins quelques beaux moments dans l’Andante, peut-être le plus beau mouvement du concerto. Quant à l’Allegro molto conclusif, enlevé certes par de très belles cordes, il oppose un soliste cabotin à un orchestre beaucoup plus sage et mesuré : de fait, le résultat ne convainc guère.


Compositeur associé à l’orchestre à l’initiative de Jean-Marc Bador, directeur général de l’Ensemble orchestral de Paris, Nicolas Bacri (né en 1961) fait partie de cette jeune génération de compositeurs qui délaissent l’influence de la musique sérielle pour renouer avec davantage de mélodie, permettant ainsi à la musique contemporaine d’accroître son audience auprès d’un public souvent décontenancé par certaines innovations. Bacri présentait ce soir sa Méditation d’après un thème de Beethoven pour quatre violoncelles, composée en 2004 et créée en mars 2005 à Rennes par des élèves de la classe de violoncelle du conservatoire de la ville. Sans mettre en cause la qualité des quatre jeunes solistes, tous membres de l’Ensemble orchestral de Paris, on reste assez insensible à une pièce dont l’intérêt est difficilement perceptible. L’œuvre se fonde sur des lignes mélodiques assez simples et joue de manière assez scolaire sur l’opposition entre des aigus quelque peu dissonants et, au contraire, des graves et médiums harmonieux. Notons que, si le principal motif mélodique provient de la Cinquième sonate pour violoncelle et piano de Beethoven, les accords inaugurant l’œuvre nous plongent plutôt dans le climat finlandais de Sibelius par sa noirceur et sa désolation. En définitive, l’œuvre n’avance pas et, privilégiant trop les couleurs sur le message, s’avère statique et, malheureusement, assez ennuyeuse.


Ludwig van Beethoven (1770-1827) a trente-cinq ans lorsque sa Troisième symphonie est créée au Theater an der Wien en avril 1805. Œuvre incroyablement novatrice, elle s’est peu à peu imposée comme un des piliers du répertoire à l’instar de la plupart de ses consœurs. L’Ensemble orchestral de Paris dispose vraisemblablement des effectifs que devait avoir l’orchestre lors de la création de cette symphonie : vingt-sept cordes, auxquelles il convient d’ajouter les bois et les cuivres par deux. Un tel parti pris peut se révéler absolument formidable s’il est guidé par un chef qui sait où il va et qui a un véritable discours à délivrer. Or, en l’espèce, si l’on est surpris par le manque d’ampleur de l’orchestre (et par de trop nombreuses imperfections, notamment au sein de la petite harmonie), on est surtout agacé par la multiplication des effets donnés par Heinrich Schiff. A la baguette pour l’occasion, il s’ingénie soit à donner quelques ralentis outranciers à la Marcia funebre, soit à caricaturer quelques passages du finale sans que l’on soit capable de discerner les grandes lignes de la symphonie. N’est pas chef d’orchestre qui veut ! Il ne suffit pas d’agiter sa baguette pour insuffler sa vision d’une œuvre et, qui plus est, pour ensuite la communiquer au public : Heinrich Schiff l’aura, ce soir, malheureusement démontré à ses dépens.


Le site de Heinrich Schiff
Le site de Nicolas Bacri



Sébastien Gauthier

 

 

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