About us / Contact

The Classical Music Network

Geneva

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Un prophète à Genève

Geneva
Victoria Hall
10/15/2009 -  et 16 octobre 2009 (Lauasnne)
Felix Mendelssohn: Elias, opus 70
Malin Hartelius (soprano), Iris Vermillon, (mezzo), Christoph Strehl (ténor), Gerald Finley (baryton-basse)
Rundfunkchor Berlin, Orchestre de la Suisse Romande, Marek Janowski (direction)


M. Janowski (© Felix Broede)


Elias est un chef-d’œuvre de tout premier plan dont la rareté au concert est due aux fortes exigences de la partie chorale. Il faut avoir conscience que c’est un plaisir et un privilège de pouvoir l’entendre et qui plus est, dans de telles conditions. Ceci dit, permettez- moi de consacrer quelques lignes pour regretter que ce même oratorio soit donné en ce même lieu six mois après la prestation remarquable du chœur amateur du Motet de Genève. Reprendre d’une saison à une autre des œuvres majeures est normal dans des villes comme Paris, Londres ou New York où il y a un nombre important d’ensembles. Ce n’est pas le cas à Genève où il n’y a qu’un seul orchestre qui double ses fonctions entre le répertoire symphonique et l’opéra. Il ne faut pas voir dans ce doublon de rivalité mais simplement le fait que les organisations ne se soient pas concertées. C’est au final un peu dommage pour la richesse de la vie musicale.


Marek Janowski tout comme Ching-Lien Wu, a cherché à préserver la lisibilité d’une partition dense et complexe inspirée des Passions de Bach. Il se distingue cependant par la profondeur avec laquelle il est capable de caractériser les différents passages de l’œuvre. Un exemple parmi tant d’autres, lorsque que le chœur, raillé par Elias, invoque Baal, ses interjections, « Gib uns Anwort » – « répond nous », commencent avec un ton triomphal et assuré mais au fur et à mesure perdent de leurs superbes jusqu’à ce que la dernière intervention soit quasiment murmurée en un decrescendo saisissant. Le travail de Marek Janowski est comme toujours profond et attentif mais parfois austère. Cette œuvre nous le montre sous un jour nouveau, enthousiaste et inspiré, ou tout simplement ravi de diriger une œuvre qui lui semble lui tenir tant à cœur.


Son orchestre est plus fourni et par conséquence plus équilibré que celui qui accompagnait le Motet, ce qui permet de rendre justice à la richesse harmonique de l’œuvre. Il faut apprécier le soin tout particulier aux lignes des violoncelles et contrebasses dont l’apport est si fondamental pour soutenir chœur et chanteurs. Le Rundfunkchor de Berlin, avec lequel Janowski et l’OSR ont déjà travaillé, s’avère être un ensemble très solide, capable de différentier les nuances piano et pianissimo sans détimbrer.


Janowski trouve en Gerald Finley un Elias plein d’autorité. Le baryton canadien aborde sa partie non pas en tant de chanteur de lied attentif aux mots mais en tant que chanteur d’opéra, se régalant des très nombreuses opportunités qu’offre la partition d’être tout à tout imprécateur, consolateur, faiseur de miracles ou désespéré. A ses cotés, Malin Hartelius déçoit. Malgré la beauté de son timbre, son vibrato est trop marqué et ses récitatifs perdant en autorité. Avantage au Motet où la soprano coréenne Whal Ran Seo avait donné un «Höre, Israel » saisissant. Christoph Strehl quand à lui, est peu à son aise avec la tessiture demandée par le texte, tandis qu’Iris Vermillon trouve la force que demandent les imprécations dirigées contre Elias. Les solistes du chœur qui sont souvent exposés s’avèrent très solides, trouvant une place tout naturellement à coté des solistes.


Grâce à Janowski, voici une soirée à marquer d’une pierre blanche nous rappelant que même si la vie musicale genevoise n’offre pas une très grande quantité de concerts, la qualité quand elle est là est vraiment là.


Le site de Christophe Strehl
Le site de Gerald Finley



Antoine Leboyer

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com