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Un Falstaff « énorme »

Toulon
Opéra
10/09/2009 -  et les 11*, 13 octobre
Giuseppe Verdi: Falstaff

Alberto Mastromarino (Falstaff), Adina Aaron (Alice), Oriana Kurteshi (Nannetta), Ruxandra Barac (Meg), Eugenie Grunewald (Mrs. Quickly), Paolo Fanale (Fenton), Gianpiero Ruggeri (Ford), Ricardo Cassinelli (Docteur Caïus), Eric Martin-Bonnet (Pistola), Thomas Morris (Bardolpho)
Orchestre et chœur de l’Opéra de Toulon Provence Méditerranée, Catherine Alligon (chef des chœurs), Giuliano Carella (direction musicale)
Ivo Guerra (mise en scène ), Johannes Haider (réalisation de la mise en scène), Michele Della Coppa (décors), Ida Meo (costumes), Mario Di Vico (lumières), Marc-Antoine Vellutini (réalisation des lumières)


(© Frédéric Stéphan)


Production de l’opéra de Bordeaux, ce Falstaff repris à Toulon constitue une remarquable réussite. La mise en scène d’Ivo Guerra en est fort classique et respectueuse de l’œuvre, avec une direction d’acteur tout à fait plaisante, vive et pétillante. Les costumes d’Ida Meo et les décors de Michele Della Cioppa, baignés par une belle lumière dorée, jouent la carte du pittoresque et nous donnent l’impression de plonger dans des tableaux de Brueghel ou de Rembrandt. Solide directeur musical de la maison toulonnaise, Giulano Carella galvanise son orchestre. Sa battue énergique ne restitue sans doute pas la plénitude symphonique de cet ultime opéra verdien, aux étonnantes subtilités qui font du tissu instrumental le personnage principal du drame, mais il soutient de manière exemplaire les chanteurs, en insufflant toute la vie et la verve souhaitable à cette « comédie lyrique ».


La distribution est dominée par le baryton Alberto Mastromarino dans le rôle-titre, qui possède une voix d’airain à la puissance véritablement impressionnante. Il campe un Falstaff véritablement « énorme », à l’image du ventre dont il se vante, truculent, grimaçant, vociférant, outrancier, devenant même menaçant, comme pris d’une démesure et d’une folie inquiétantes. Sa caractérisation dépasse en un sens la considération de la psychologie du personnage pour incarner davantage les suggestions de la partition et des effets musicaux que cette farce éveille dans l’esprit malicieux de Verdi.


Face à cette bête de scène, un autre baryton parvient à lui donner une réplique dans un registre tout différent, Gianpiero Ruggeri dans le rôle de Ford, avec une voix certes moins puissante, moins grasse et plus svelte, d’un beau timbre. Il se révèle très touchant, notamment dans la scène de la jalousie. Ce fut également un plaisir de chaque instant d’entendre le soprano lumineux et pur de la jolie américaine Adina Aaron, très séduisante en Alice Ford. Les second rôles étaient tous honorablement tenus, souvent dans un registre plus « buffa », avec de spectaculaires déformations de timbres de la part d’Eugenie Grunewald (Quickly). Dans le personnage de Nannetta, la fille d’Alice Ford, la soprano Oriana Kurteshi nous a cependant un peu inquiété avec une voix manquant de puissance, de tenue et de stabilité, et le ténor Paolo Fanale nous a semblé un peu forcer, mais tous les deux ont formé un joli couple de jeunes amoureux, et se sont bien acquittés de leurs airs au dernier tableau.


Ce Falstaff à la fois esthétique et drolatique, mêlant farce burlesque, vision cynique de l’humaine condition et moments d’émotion mélancolique a su séduire le public toulonnais, pourtant surpris par cet opéra très peu conventionnel, puisqu’il a très légitimement ovationné toute l’équipe.


Le site de l’Opéra de Toulon
Le site de Giuliano Carella



Philippe van den Bosch

 

 

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