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Paris
Théâtre du Châtelet
10/01/2009 -  et 3*, 4 (Paris), 15, 16, 18 (Montpellier) octobre
Wolfgang Amadeus Mozart : Die Zauberflöte, K. 620

Frédéric Antoun (Tamino), Sandrine Piau (Pamina), Detlef Roth (Papageno), Uran Urtnasan Cozzoli (La Reine de la nuit), Petri Lindroos (Sarastro), Malin Christensson (Papagena), Vasily Efimov (Monostatos), Ana Maria Labin (Première dame), Christine Tocci (Deuxième dame), Maria Soulis (Troisième dame), Nicolas Courjal (L’orateur, Premier prêtre, Second homme d’armes), Marc Larcher (Second prêtre, Premier homme d’armes), Lisa Barthélémy/Fanny Johana Valentin*, Manuela Leroux Harchache/Anouk Defontenay*, Zoé Bouchacourt/Gabriel Brusson* (Trois enfants), Bartholomew Boutellis, Benjamin Tholozan (récitants), Nuno Roque (Le paon, La licorne), Olivier Hagenloch (marionnettiste), Johan Bichot (acrobate)
Chœur de l’Opéra national de Montpellier, Noëlle Geny (chef des chœurs), Orchestre national de Montpellier Languedoc-Roussillon, Lawrence Foster (direction musicale)
Jean-Paul Scarpitta (conception, mise en scène et récits), Urs Schönebaum (lumières), Clémence Boulouque (récits)


(© Marie-Noëlle Robert)



Fidèle aux outsiders (Treemonisha de Joplin, Magdalena de Villa-Lobos) et aux comédies musicales (La Mélodie du bonheur, Les Misérables), la quatrième saison de Jean-Luc Choplin au Châtelet ne s’ouvre pas moins sur un pilier du répertoire d’opéra, La Flûte enchantée (1791) de Mozart. Mais une Flûte peut en cacher une autre, singulièrement avec un directeur général aussi malicieux: la reprise de la production «traditionnelle» présentée en 2007 par l’Opéra national de Montpellier Languedoc-Roussillon sera suivie d’une adaptation (en anglais et en xhosa) réalisée par la compagnie Isango Portobello pour marimbas et percussions africaines. Regroupés dans un unique programme de salle, les deux spectacles forment explicitement un tout dans l’esprit des programmateurs.


Cette La Flûte enchantée «2» a bien entendu tout pour intriguer, mais ce n’est pas La Flûte enchantée «1» – bientôt de retour, également pour trois représentations, à Montpellier – qui sera de nature à choquer, ou même simplement à étonner. Sa seule extravagance consiste en effet, comme dans la première version de la Fura dels Baus en janvier 2005 à Bastille (voir ici), à faire un sort aux dialogues parlés, résumés par deux «récitants», en réalité des acteurs, au ton constamment exalté, qui commentent par ailleurs l’action et l’entourent de considérations passablement ampoulées: du coup, Bartholomew Boutellis et Benjamin Tholozan sont les seuls à subir quelques huées au moment des saluts.


Ce choix confine l’humour à de rares clins d’œil, par exemple lorsque Papageno tire lui-même l’immense saule pleureur monté sur roulettes auquel il veut se pendre, mais il est cohérent avec la conception de Jean-Paul Scarpitta: prenant de la distance par rapport à la narration et à l’action – telle cette façon de scénariser les airs de Papageno et son duo avec Papagena entre des rideaux rouges de théâtre, comme entre guillemets – il préfère tourner les pages d’un livre d’images merveilleuses tirées d’un conte fantastique. Mais il ne le fait pas à travers la scénographie, réduite à sa plus simple expression mais subtilement éclairée par Urs Schönebaum: un très petit nombre d’accessoires, une étendue caillouteuse, parfois agrémentée, au second acte, de la projection d’anfractuosités souterraines surplombées d’une forteresse désertique, et, au milieu, un grand tréteau traversant le plateau de part en part, posé sur une série de colonnes qui définissent ainsi les encadrements au travers desquels les personnages entrent et sortent. Et ce ne sont pas non plus les costumes qui innovent: comme de coutume, le blanc pour Tamino et Pamina, le jaune solaire pour Sarastro et les prêtres, le noir pour la Reine de la nuit et ses trois dames, les plumes vertes (et la flûte de Pan) pour Papageno.


L’originalité réside en revanche dans la fantaisie et la féerie d’un acrobate et, principalement, de figurants déguisés en animaux: une licorne accompagnant les trois garçons, un paon avec les trois dames et six lions avec Sarastro, sans compter un magnifique lion géant mû par un talentueux marionnettiste. Si elle édulcore toute visée ou symbolique maçonnique, cette vision se veut toutefois fidèle au message universel de l’œuvre et à l’esprit des Lumières, dont témoignent les perruques et habits XVIIIe pour les trois garçons, transportés sur un banc suspendu dans les airs. La flûte proprement dite, à la différence du carillon de Papageno, demeure d’ailleurs inaccessible, se déplaçant latéralement, suspendue à un filin, jusqu’à ce que Tamino ait lui-même réussi à s’élever au-dessus de sa condition.


Bref, quelques beaux tableaux animés, mais un ensemble qui peine à captiver, desservi par un manque de rythme et d’élan tenant sans doute aussi à une direction d’acteurs trop sage. Malheureusement, le volet musical ne contribue pas à éveiller l’intérêt, tant s’en faut. Sous la baguette massive de son directeur musical, Lawrence Foster, l’Orchestre national de Montpellier Languedoc-Roussillon ne brille ni par sa cohésion, ni par sa sonorité. Quant aux lacunes de la distribution vocale – une Reine de la nuit frêle et peu assurée, au vibrato excessif, un Sarastro bien court et embarrassé, un Monostatos à la recherche de son chant –, elles laissent le champ libre au sympathique Papageno de Detlef Roth et, surtout au couple élu: Frédéric Antoun, élégant et juste, et Sandrine Piau, Pamina intelligente et professionnelle, jusque dans la blancheur de certains de ses aigus.


Le site du Théâtre du Châtelet
Le site de l’Opéra national de Montpellier
Le site de Detlef Roth



Simon Corley

 

 

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