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Duumvirat

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
09/24/2009 -  
Johannes Brahms: Concerto pour violon, opus 77
Ludwig van Beethoven: Egmont, opus 84

Vadim Repin (violon), Melanie Diener (soprano), Ulrich Tukur (récitant)
Orchestre national de France, Kurt Masur (direction)





Rentrée de l’Orchestre de Paris, avec Christoph Eschenbach (voir ici), rentrée du Philhar’ avec Myung-Whun Chung (voir ici), rentrée du National avec Jean-Claude Casadesus dans le cadre de «Présences 2009-2010» à Radio France, puis avec Kurt Masur pour le premier des traditionnels jeudis au Théâtre des Champs-Elysées: cherchez l’erreur!


Le National est le seul des trois grands orchestres parisiens à ne pas reprendre l’année avec son patron, Daniele Gatti. On pourra certes objecter que Masur est le premier, à ce jour, à porter le titre de «directeur musical honoraire à vie» de l’orchestre et même se réjouir de ce que, une fois n’est pas coutume, un ancien directeur musical conserve de bonnes relations avec une formation de la capitale – les conditions dans lesquelles sont partis Maazel et Dutoit du National ou bien Barenboim et Bychkov de l’Orchestre de Paris n’ont évidemment pas créé de précédent comparable. De fait, le temps est ici au beau fixe: à l’issue du concert, Masur sera chaleureusement applaudi par les musiciens et, comme à son habitude, quittera la scène au bras du premier violon solo, Sarah Nemtanu, non sans avoir préalablement embrassé une par une toutes les chefs de pupitres des cordes.


Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes s’il n’apparaissait que d’ici juillet prochain, l’Italien dirigera huit programmes symphoniques (et Falstaff dans la fosse du Théâtre des Champs-Elysées), contre six pour l’Allemand. Ce quasi-équilibre, que corrobore l’affiche d’ouverture de la saison, ne laisse pas de surprendre, voire d’inquiéter: le National a-t-il besoin de deux directeurs musicaux? Peut-être, après tout, si l’on en juge par la manière dont se répartissent les tâches: à l’un le postromantisme (début d’un énième cycle Mahler, présenté au Châtelet jusqu’en 2012) et la modernité (Debussy, Stravinski, Chostakovitch), à l’autre le classicisme (Mozart) et le romantisme (Mendelssohn, Grieg, Dvorák). Hormis ce duumvirat, parmi les baguettes invitées, c’est une harmonieuse alternance de stars fidèles (Riccardo Chailly, Colin Davis, Neeme Järvi, Riccardo Muti) et de valeurs montantes, parfois même déjà confirmées (Alain Altinoglu, Mikko Franck, Andris Nelsons, Yannick Nézet-Séguin, Tugan Sokhiev).


Les solistes ne sont pas en reste (Boris Berezovsky, David Fray, Matthias Goerne, Sophie Koch, Elisabeth Leonskaïa, Truls Mørk, Christine Schäfer, ...), à commencer par Vadim Repin. En choisissant le Concerto pour violon (1878) de Brahms, qu’il a déjà donné à Paris en janvier 1999 (voir ici) puis en mai 2002, il n’a guère recherché l’originalité, même si, dans le premier mouvement, il joue la cadence de Heifetz, et non pas celle de Joachim. Mais bien que n’ayant pas tout à fait rempli la salle, son association avec Masur n’en était pas moins prometteuse: en effet, ils ont chacun enregistré pour Deutsche Grammophon l’une des meilleures versions de l’œuvre parues ces dernières années, le chef à New York avec Anne-Sophie Mutter, le violoniste tout récemment à Leipzig avec Riccardo Chailly (voir ici).


En dépit d’une technique sans doute pas aussi parfaite qu’à ses débuts, Repin conserve une assurance impressionnante, une maîtrise qui lui permet de dominer de haut la partition, mais sans la survoler pour autant. La vigueur et le lyrisme, la rudesse et la tendresse, toutes ces figures imposées de l’expression brahmsienne sont bien présentes dans l’Allegro non troppo initial, tandis que l’Adagio, éclairé par le parfait solo de hautbois de Nora Cismondi, irradie de simplicité et de générosité. De même, les indications giocoso et non troppo vivace du finale sont fidèlement respectées, couronnant une prestation qui se range peut-être parmi celles suscitant davantage l’admiration que l’enthousiasme, mais à laquelle il sera difficile de reprocher des fautes de style, de même que dans les couleurs de l’accompagnement prodigué par Masur. C’est donc le triomphe attendu, tant auprès de l’orchestre que du public, auquel Repin, qui sera de retour le 18 juin prochain à Pleyel avec Myung-Whun Chung et l’Orchestre philharmonique de Radio France dans la Symphonie espagnole de Lalo, finit par concéder le sempiternel bis des violonistes, la Sarabande de la Deuxième partita de Bach.


Le National a beaucoup travaillé Beethoven avec Masur, y compris des pages négligées, telle La Bataille de Vittoria. De même, la musique de scène pour Egmont (1810), le drame de Goethe (1788), demeure une rareté, hormis son ouverture. Celle-ci est suivie d’une demi-heure de musique comprenant deux lieder, un mélodrame avec récitant – respectivement confiés à la soprano Melanie Diener et l’acteur Ulrich Tukur (Amen, Séraphine) pour de très brèves interventions –, quatre entractes et deux autres pièces, dont une «Symphonie de victoire» identique à la péroraison de l’Ouverture. Plus solide que dramatique, néanmoins héroïque au besoin, l’interprétation n’est pas en cause, mais ces neuf numéros, d’intérêt inégal, n’ont pas la même importance que Rosamonde de Schubert ou Le Songe d’une nuit d’été de Mendelssohn. Non pas parce qu’ils laissent une impression fragmentaire – c’est la loi du genre – mais parce que n’y souffle qu’épisodiquement cette exaltation de la liberté qui anime Fidelio. L’exploration de cette partie du catalogue beethovénien vaut cependant le détour et l’on peut espérer qu’elle abordera tôt ou tard la musique de scène pour Les Ruines d’Athènes, qui ne se limite pas, tant s’en faut, à son ouverture et à sa célèbre «Marche turque».


Prochain rendez-vous avec le National: le 1er octobre au Théâtre des Champs-Elysées pour un programme Grieg. Dirigé par Kurt Masur, bien sûr.


Le site de l’Orchestre national de France
Le site de Kurt Masur
Le site de Vadim Repin
Le site de Melanie Diener



Simon Corley

 

 

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