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Tristan? Tristounet!

Bayreuth
Festspielhaus
07/25/2009 -  et 4, 9, 13, 17 et 28* août 2009
Richard Wagner: Tristan und Isolde

Robert Dean Smith (Tristan), Robert Holl (König Marke), Iréne Theorin (Isolde), Jukka Rasilainen (Kurwenal), Ralf Lukas (Melot), Michelle Breedt (Brangäne), Clemens Bieber (Jungen Seeman), Arnold Bezuyen (Ein Hirt), Martin Snell (Ein Steuermann)
Chœur (préparation: Eberhard Friedrich) et Orchestre du Festival, Peter Schneider (direction musicale)
Christoph Marthaler (mise en scène), Anna-Sophie Mahler (reprise de la mise en scène), Anna Viebrock (décors et costumes), Ulrich Niepel (éclairages)


(© Enrico Nawrath)


La demande de billets pour Bayreuth est telle que le festival pourrait durer non pas un mais dix mois, ou tourner des années sans renouveler ses productions. Cette année, près de 440 000 requêtes de billets en provenance de 80 pays sont parvenues au bureau de location, qui n’a pu en satisfaire que 54 000, soit très exactement 12,3%. L’attrait du lieu, la magie qu’il exerce sont tels que le public est prêt à s’accommoder de n’importe quoi, ou presque. Par exemple de la production de Tristan and Isolde imaginée par Christoph Marthaler en 2005 et reprise cette année pour la quatrième fois. Un spectacle d’une tristesse et d’un ennui à mourir. Rarement d’ailleurs aura-t-on vu dans un théâtre autant de spectateurs bâiller ou perdre le fil de la représentation dès les premières minutes déjà. Et comme le rideau se baisse six bonnes heures plus tard, on peut imaginer l’humeur d’une grande partie du public à la sortie de la salle.


Le metteur en scène suisse a conçu une production statique et minimaliste, décrivant la réalité quotidienne la plus banale: un couple de petits bourgeois empêtré dans une interminable scène de ménage, dans ce qui pourrait vaguement ressembler à une salle d’attente des années 1950, à en juger par les costumes et les coiffures. Jamais les deux amants ne se touchent; après avoir bu le philtre d’amour, ils restent assis l’un à côté de l’autre, bien sagement, Isolde se contentant de prendre son propre pouls. Et lorsque le Roi Marke les surprend, il reboutonne simplement le chemisier de sa promise, sans sentiment de vengeance apparent. Pas de mer ni de côtes embrumées, pas de passions non plus, ni de fureurs ou de menaces, encore moins de sensualité. Bien sûr, on pourra rétorquer que Marthaler va droit à l’essentiel, sans s’embarrasser de détails, qu’il veut souligner l’impossibilité à communiquer, à exprimer ses sentiments, qu’il entend mettre en évidence les barrières qui empêchent la fusion des cœurs et des âmes. Le seul hic: ce qui se passe sur scène semble en totale contradiction avec la musique.


Il faut dire que le sentiment général d’ennui qui prévaut est renforcé par la direction mollassonne de Peter Schneider, très professionnelle certes, mais routinière. Et s’ils ne déméritent pas, loin de là, les chanteurs n’atteignent pas des sommets d’intensité. Michelle Breedt en Brangäne et Iréne Theorin en Isolde rivalisent de décibels au premier acte, au point que la seconde peine ensuite à se faire entendre dans le Liebestod. Quand bien même son Tristan est un exemple de classe et de raffinement, Robert Dean Smith fait un peu pâle figure, n’ayant pas la vaillance vocale de ses consœurs. Néanmoins, son agonie du troisième acte est tout simplement superbe. La nouvelle direction de Bayreuth nous promet un nouveau Tristan pour 2015. La patience est donc de mise.



Claudio Poloni

 

 

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