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La Quincena Musical (1)

San Sebastian
Auditorio Kursaal
08/04/2009 -  & 5 août
Carl Orff: Carmina burana
Luca Espinosa (comédienne), Amparo Navarro (soprano), Thomas Bauer (baryton), Xavier Sabata (contre-ténor)
Orfeón Pamplonés, I. Ijurra Fernández (chef du chœur), Orchestre Symphonique de Castilla y León, Alejandro Posada (direction musicale)
Chu Oroz (costumes), Melanie Schroeder (lumières), Carles Padrissa, de La Fura dels Baus (mise en scène et décors)


(© Inigo Ibanez)


Les soixante-dix ans de la Quincena Donostiarra ! Juste après la cruelle guerre en Espagne, quelques jours seulement avant le début de la guerre mondiale en Pologne, les commerçants de St. Sébastien concevaient la création d’une Semaine musicale (« semaine » qui dure une mois maintenant), devenue, au fil des années, la Quincena, faite de concerts symphoniques, de musique de chambre, de musique ancienne, d’un cycle d’orgue et parfois d’opéra. Les concerts symphoniques se tiennent, depuis dix ans, au formidable Auditorio Kursaal (deux salles, dont une de plus petite taille), chef -d’œuvre d’architecture, face à la mer, que l’on doit à Rafael Moneo. Quant à l’ancien théâtre Victoria Eugenia (1912), une splendeur qui appartient à la Mairie Donostiarra depuis 1983 (réhabilité en 2001-2007), il abrite les concerts de musique de chambre, ainsi que les récitals.



Les deux premiers concerts de cet anniversaire ont été très différents. On débute par le caractère populaire d’une mise en scène très sage et peu inspirée des Carmina burana d’Orff, suivis de l’art exquis de Maria Joao Pires et Pavel Gomziakov. Un contraste, disons, un rien affiché.



Une tente, qui devient la Roue de la fortune abrite une partie de l’action, mais aussi l’orchestre, qui s’installe comme un ensemble d’images entre celles de Padrissa pour Orff. L’œuvre d’Orff est très populaire, on le sait, mais elle est faible, trop simple, trop légère. Elle a inspiré à La Fura une suite d’images confuses, souvent capricieuses et gratuites, parfois trop évidentes, parfois gênées par les lumières (le canard rôti, par exemple, passe inaperçu, aveuglé qu’on était par la lumière-feu-de-snack), sans parler du chœur des chanteurs-moines, presque toujours en dehors de la Roue.



Le public est très chaleureux à Saint-Sébastien. Il a salué le chœur, l’Orphéon de Pampelune, et l’orchestre de Castille et León avec des applaudissements nourris. Des Navarrais, des Castillans, des Catalans (Padrissa et la formidable équipe de la Fura), l’ensemble devant un public majoritairement basque. Donostiarra: sorte d’ « alliance des civilisations » à l’intérieur de l’Espagne.



Mais « on ne badine pas avec l’amour », et finalement, le public a admis (ou toléré) la proposition de Padrissa, bien que les préférences soient allées aux ensembles musicaux, l’Orphéon de Pampelune et l’orchestre dont le siège est à Valladolid. Un triomphe pour les deux ensembles (sans oublier les mérites indéniables de la Fura). Disons-le, l’orchestre de Castilla y León est un ensemble en plein essor. Alejandro Posada fait avec les Carmina burana un de ses deniers concerts en tant que titulaire. Dès la prochaine saison, cet orchestre aura un nouveau directeur : le jeune et brillant musicien français Lionel Bringuier, qui prépare une programmation intelligente et imaginative.



N’oublions pas les solistes. La mise en scène de Padrissa a tellement évolué pendant la préparation qu’il a fallu engager une actrice qui n’était pas prévue. Luca Espinosa, formidable comédienne, chanteuse et danseuse, a un talent indéniable et tient un rôle qui est à sa mesure. Les chanteurs sont à la hauteur des exigences de la partition. Dans une œuvre chorale de cette nature, et dans une vision qui s’oppose à la vision un peu trop romantique du célèbre enregistrement dirigé par Jochum avec Gundula Janowitz (avec la bénédiction d’Orff lui-même), la soprano Amparo Navarro a de très beaux moments (« Stetit puella », « In trutina »). Thomas Bauer, très souple, tient ses divers rôles en bon comédien : « Ego sum abbas », ainsi que dans « In taberna », « Cour d’amour » et « Blaziflor et Helena ». Enfin, Xavier Sabata, pendu, tournant dans la rôtissoire, « toto niger », chante son poulet-canard (« Olim lacus colueram ») avec un humour pathétique indispensable à l’emploi de falsetto ou de contre-ténor.



Le public fait un triomphe aux artistes, mais aussi au soixante-dixième anniversaire de la Quincena et à son directeur sortant, José Antonio Echenique qui préside aux destinées du festival depuis 30 ans, alors que le tout jeune Patrick Alfaya s’apprête a prendre les rênes de cette institution.



La Quincena Musical de San Sebastián



Santiago Martín Bermúdez

 

 

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