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Eaux mélangées

Oviedo
Auditorio Principe Felipe
08/07/2009 -  
Ermanno Wolf-Ferrari : Concerto pour violon et orchestre, opus 26
Richard Strauss: Eine Alpensinfonie, opus 64

Benjamin Schmid (violon)
Oviedo Filarmonía, Orchestre international de jeunes de l’Oviedo Filarmonía, Friedrich Haider (direction)


F. Haider



Malgré les succès des années passées et de belles programmations, point de festival estival de musique à Oviedo cette année. La crise est là, bien visible au travers de ces immenses chantiers bloqués, ces forêts de grues immobiles, ces barres et tours décharnées, sortes de squelettes marquant les illusions du rêve d’eldorado immobilier.


L’Orchestre international de jeunes de l’Oviedo Filarmonía assure simplement des représentations d’une zarzuela au théâtre Campoamor, garantie de succès, La Fille au bouquet de roses de Pablo Sorozabal – tout est dans le titre – tandis que l’Oviedo Filarmonia ne se produit cet été que dans deux concerts à l’auditorium Principe Felipe.


Le premier d’entre eux fut indéniablement une réussite. Ermanno Wolf-Ferrari (1876-1948) n’est plus guère à l’affiche mais Friedrich Haider, chef titulaire de l’Oviedo Filarmonía depuis 2004, a profité de l’approfondissement de son œuvre grâce à l’enregistrement de quelques unes de ses œuvres pour le label Philartis pour programmer à juste titre son Concerto pour violon (1944). On est ici entre plusieurs eaux, entre l’Allemagne et l’Italie, notamment dans la fantaisie initiale, la romance étant assez rose bonbon, l’orchestre reprenant naïvement les thèmes du soliste, l’improvisation et le rondo final étant de leur côté d’une écriture plutôt fine et plaisante avec des côtés presque américains. L’ensemble, rhapsodique, fut interprété sobrement. Benjamin Schmid, soliste autrichien né en 1968, malgré quelques accrocs et imprécisions montra une belle aisance notamment dans le traitement des suraigus de la phase finale où les solos virtuoses sont particulièrement impressionnants. Le violon grattait certes pas mal et on aurait aimé une direction plus ferme mais il convenait de féliciter chaleureusement les artistes d’avoir au total bien défendu une œuvre méritant assurément d’être plus souvent offerte au public.


Celui-ci, trop peu nombreux, la municipalité n’ayant pas jugé utile d’en faire la publicité au travers d’une simple campagne d’affichage alors que la programmation musicale pour 2009-2010 est largement diffusée, obtint d’ailleurs sans peine un superbe bis: une passacaille de Heinrich Ignaz Franz von Biber (1644-1704), l’autre grand compositeur salzbourgeois, d’une incroyable modernité.


La seconde partie du concert était l’occasion de réunir les deux orchestres d’Oviedo pour la Symphonie alpestre (1915) de Richard Strauss (1864-1949) qui effectivement requiert des effectifs considérables. La partition en forme de courbe de Gauss, s’ouvrant juste avant l’aube et s’achevant après le crépuscule, en passant par l’évocation des Alpes chères à Richard Strauss, ses troupeaux, ses cascades, ses orages, n’est pas des plus subtiles mais ménage l’intervention tonitruante de tous les pupitres. Les cors en coulisse étaient moins nombreux que les douze prévus mais les cloches de vache étaient bien là, dans une lecture finalement assez prosaïque et adaptée, rappelant les montagnes de la chaîne cantabrique qui entourent la capitale de la Principauté des Asturies dont Oviedo est la capitale historique, par exemple lors de l’évocation de l’ascension dans le brouillard...


Les deux orchestres manifestèrent une belle unité et, compte tenu des expériences passées, on ne pouvait qu’être heureusement surpris par leur syntonie ainsi que par la direction méticuleuse, plus calme, de Friedrich Haider. Les attaques des cuivres laissaient parfois à désirer et le fond d’orchestre avait tendance à écraser les cordes mais les nuits brucknériennes du début et de la fin furent vraiment superbes. Le chef aurait d’ailleurs voulu quelques instants de silence après ces visions quelque peu panthéistes avant le salut. Le public ne le permit pas et tous les rangs, de nationalités – le noyau du Filarmonía est russe et les jeunes interprètes provenaient du monde entier – et de générations mélangées, furent successivement chaudement applaudis.


Le site de la Philharmonie d’Oviedo
Le site de Friedrich Haider



Stéphane Guy

 

 

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