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Quantité rime avec qualité

La Roque
Parc du château de Florans
08/02/2009 -  
Ludwig van Beethoven : Fantaisie, opus 77
Robert Schumann : Sonate n° 3 «Concert sans orchestre», opus 14
Serge Prokofiev : Sonate n° 8, opus 84

David Kadouch (piano)





392 pages! Le livre-programme suffit à témoigner, une fois de plus, de l’abondance de la programmation du Festival de La Roque d’Anthéron, qui investit comme de coutume le parc du château de Florans (avec le contrepoint des cigales et du vent dans les arbres, l’une des meilleures acoustiques de plein air qui soient), l’abbaye de Silvacane, le temple de Lourmarin, l’église de Cucuron et l’étang des Aulnes (Saint-Martin-de-Crau), mais aussi le Château-Bas de Mimet, le Grand théâtre d’Aix-en-Provence, le théâtre des Terrasses de Gordes et les villages entre Durance et Alpilles, pour onze concerts gratuits des six jeunes «ensembles en résidence» (quatre trios avec piano, un duo violon/piano et un duo violoncelle/piano) bénéficiant de classes de maître.


Emblématiques de l’appétit des auditeurs et de la générosité des organisateurs, bref, de l’état d’esprit du lieu, les «Nuits du piano» (Bach, Beethoven, Haydn, Mozart-Haydn, Mendelssohn, Chopin, «carte blanche» aux sœurs Labèque), sont bien entendu reconduites. Mais le public est également incité à aller au-delà de l’écoute passive: le musée Granet d’Aix-en-Provence accueille ainsi une série de trois concerts intitulée «Le Musée imaginaire des musiciens» (Bach et Klee, Stravinski et Picasso, Debussy), tandis que Florent Boffard présente deux «ateliers-lectures» (Chopin/Murail, Bach/Webern) et Philippe Cassard livre ses «Regards sur une œuvre» (les Phantasiestücke de l’Opus 12 de Schumann).


Grâce au directeur artistique, René Martin, quantité continue de rimer avec qualité car, pour cette vingt-neuvième édition, du 24 juillet au 22 août, l’élite du piano a une fois de plus été invitée: Bavouzet, Berezovsky, Ciccolini, El Bacha, Engerer, Kovacevich, Lugansky, Queffélec, Sokolov, Tharaud, Zacharias, Zhu Xiao-Mei, et, en duo, Argerich et Freire, puis Ranki et Klukon. Le clavecin (Maude Gratton, Pierre Hantaï), le pianoforte (Alexeï Lubimov, Andreas Staier), l’orgue (Frédéric Desenclos) et les jazzmen (Chick Corea, Richard Galliano et Gonzalo Rubalcaba, Yaron Herman, Baptiste Trotignon) ne sont pas oubliés, et il y en a même pour les amateurs de musiques autre que pianistique (hormis sans doute la création contemporaine): vocale (Ingrid Perruche), chorale (accentus, Collegium vocale de Gand), baroque (Ricercar consort), instrumentale (Renaud Capuçon et Frank Braley dans une intégrale des Sonates pour violon et piano de Beethoven, Valérie Aimard, Amandine Beyer, Juliette Hurel), orchestrale (pas moins de sept symphonies de Haydn) et de chambre (intégrales Mendelssohn et Beethoven respectivement par le Trio Wanderer et le trio Pennetier/Pasquier/Pidoux, mais aussi le Quatuor Modigliani). Comme on le voit, les «anniversaires» de 2009 sont donc célébrés comme il se doit, d’autant que les sonates pour clavier ainsi que les trios et quatuors vocaux de Haydn sont en outre à l’affiche, de même que le Septième quatuor de Mendelssohn.



D. Kadouch (© F. Burger)


La Roque d’Anthéron demeure le terrain d’élection des jeunes pianistes, dont bon nombre ont déjà acquis une notoriété respectable: Iddo Bar-Shai, David Bismuth, les sœurs Bizjak, Bertrand Chamayou, Hélène Couvert, Shani Diluka, David Fray, Momo Kodama, Andreï Korobeinikov, Claire-Marie Le Guay, Plamena Mangova, Jean-Frédéric Neuburger, Lise de la Salle, Edna Stern, Jonas Vitaud, Yuja Wang... David Kadouch (né en 1985) en fait lui aussi partie et, avec l’audace de la jeunesse, offre un programme aussi difficile que rare, débutant avec la Fantaisie en sol mineur (1809) de Beethoven: les fusées sont mises à feu avec précision, les traits ne manquent pas d’assurance, les sections se succèdent de manière contrastée, mais l’ensemble manque paradoxalement de... fantaisie.


Le pianiste français ne se départit pas de son sérieux dans une autre page négligée, cette fois-ci de Schumann, le Concert sans orchestre (1836): la fougue, la sonorité et la technique y sont, mais cette mise en valeur très soignée du texte semble contrecarrer tout ce que l’imaginaire schumannien peut avoir de désordonné. Des trois «sonates de guerre» de Prokofiev, Kadouch a choisi la moins connue, la Huitième (1944), comme voici deux ans au Festival «Jeunes talents» (voir ici). Dans ce répertoire, sa maîtrise des effusions en même temps que son formidable abattage conviennent mieux: allégeant et éclaircissant les textures, il en donne une lecture tirée au cordeau, rendant aussi bien justice à la délicatesse ironique de l’Andante sognando qu’à la froideur mécanique du Vivace final. En bis, il reprend deux des vingt-quatre Préludes (1933) de Chostakovitch (Dixième en ut dièse mineur et le Deuxième en la mineur), dans lesquels il avait fait forte impression au printemps dernier à Paris (voir ici).


Le site du Festival de piano de La Roque d’Anthéron



Simon Corley

 

 

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