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Kurtág entre soi

Aix-en-Provence
Grand Théâtre de Provence
07/05/2009 -  
György Kurtág : HiPartita pour violon solo, op. 43 – Extraits de JátékokTranscriptions
Hiromi Kikuchi (violon), György et Márta Kurtág (piano droit)


Márta & György Kurtág (© Elisabeth Carecchio)


Silences, notes répétées, mélodies populaires, sons ténus ou pleins, la HiPartita de György Kurtág pour violon seul, brillante ou concentrée, expansive ou pointilliste, fourmille de trouvailles qu’elle amalgame durant une demi-heure passant comme l’éclair. L’œuvre, pourtant, n’est jamais éclatée, ni dans sa structure en huit miniatures – huit partitions et huit pupitres - ni dans ses innombrables effets. Le compositeur hongrois, reprenant le flambeau des Partitas de Bach, y résume à sa façon plusieurs siècles de tradition occidentale, des rituels de la Grèce antique aux fulgurances de Rimbaud, de la virtuosité héritée de Paganini aux nouveautés de ses compatriotes Bartók, Ligeti ou Eötvös – à qui la dernière pièce rend hommage. Voilà, sans doute, côté violon, un classique de notre siècle. Hiromi Kikuchi, reprend une partition qu’elle a créée en 2005, à la fois humble et assurée devant le maître.


Celui-ci, en effet, est là, avec Márta, son épouse depuis 62 ans. Ainsi que leur fils, qui assure la sonorisation de la seconde partie. Une partie où le couple, assis dos au public, joue à deux ou à quatre mains sur un piano droit. La sourdine étouffe la sonorité ; l’amplification, paradoxalement, en préserve la rondeur. Moment de fervente communion dans la musique, où le public, dans le charmant petit Théâtre du Jeu de paume, a l’impression que l’on joue pour lui et pour lui seul, dans une confidence partagée. Communion également, au fil d’extraits de Játékok (« Jeux ») et Transcriptions, avec, comme dans la HiPartita, les grands aînés révérés que sont Bartók ou, surtout, Bach – on entend aussi des « Pensées fugitives sur la basse d’Alberti ». Œuvres en devenir dont ces fragments composent un ensemble où Kurtág revisite donc le passé et nous en offre le présent, comme si nous étions ces enfants, ces oreilles vierges destinataires de Játékok – équivalents des Mikrokosmos de Bartók. Très symboliquement, le Canon à la quinte du Premier Livre des Mikrokosmos ouvre le cycle, la Sonatina de la Cantate « Actus Tragicus » le referme, « Gott, durch deine Güte » en marquant le mitan – Bach, d’ailleurs, est donné en bis.



Une heure après, au Grand Théâtre de Provence, Pierre Boulez dirige Bartók, Ravel et ses propres Notations, renouant à son tour le fil qui relie hier à aujourd’hui à travers la perpétuation, dans la modernité, d’un même héritage : aucune rupture, simple passage de l’intimité du récital à la solennité du concert.



Didier van Moere

 

 

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