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Pas de juillet sans «Jeunes talents»

Paris
Hôtel de Soubise
07/15/2009 -  
Joseph Haydn : Trio avec piano n° 41 «Sonata Jacob’s Dream», Hob.XV.41
Karol Beffa : Les Ombres qui passent (premier mouvement)
Felix Mendelssohn : Trio avec piano n° 1, opus 49

Trio Archiduc: Yun-Yang Lee (piano), Amaury Coeytaux (violon), Clara Strauss (violoncelle)





La capitale adopte un visage estival: bientôt – sous les pavés – la (Paris-)plage, une circulation moins dense, des terrasses bondées. Revers de la médaille, les concerts auraient quasiment disparu, du moins intra muros et en semaine, si Jeunes talents n’avait pas choisi ce moment de l’année pour tenir son festival. «Européen», toujours, pour sa neuvième édition, parce que si bon nombre de ceux qui s’y produisent ont fait leurs études à Paris ou à Lyon, la programmation s’attache en même temps à mettre en valeur des musiciens issus des meilleurs écoles du continent, de Bâle à Zurich en passant par Bruxelles, Cologne, Karlsruhe, Madrid, Moscou, Munich, Riga, Salzbourg ou Vilnius.


Vingt concerts se tiennent entre le 10 et le 30 juillet: c’est dire l’intensité de l’activité déployée par l’association autour de son fondateur et directeur artistique, Laurent Bureau, assisté d’une équipe de bénévoles à la fois sympathiques et efficaces. Avec Henri Dutilleux comme président d’honneur et un comité de parrainage comprenant notamment Frédéric Lodéon, «parrain» des éditions 2008 et 2009, et Brigitte Engerer, venue jouer pour la soirée inaugurale, Jeunes talents vise à toucher un public aussi large que possible, d’abord au travers de sa politique tarifaire: trois des concerts sont gratuits et les dix-sept autres sont accessibles à des tarifs modiques (de 5 à 15 euros, exceptionnellement 20 euros pour le premier concert), sans compter les différentes formules d’abonnement. En outre, l’accent est mis sur la pédagogie: chaque concert du soir est précédé du désormais traditionnel «piano à palabres», c’est-à-dire d’une présentation des œuvres, assurée cette année par la pianiste Marie-Anne Le Roy. Elle participe également aux onze journées «Découverte musicale», qui proposent depuis 2007 aux enfants des écoles et des centres de loisirs de la ville de Paris, en association avec le service éducatif des Archives nationales, une séquence complète d’initiation et de divertissement du matin au soir. Enfin, comme de coutume, la répétition de 12 heures 30 est publique et à entrée libre.


Il faut donc prendre le chemin de l’Hôtel de Soubise, dans le Marais, pour retrouver, si le temps le permet, l’excellente acoustique de la cour de Guise, havre de paix à peine perturbé de ci de là par le passage de quelques oiseaux plus (pigeons, mouettes) ou moins (avions) naturels et, surtout, par les courants d’air, que des pinces à linge ne parviennent pas à empêcher de faire voleter les partitions. Si la météo se révèle moins clémente, les spectateurs sont accueillis dans l’ancienne salle des gardes, où, comme Laurent Bureau ne manque pas une occasion de le rappeler, l’Orchestre du Concert de la Loge Olympique, sous la direction du chevalier de Saint-Georges, aurait créé les Symphonies «Parisiennes» de Haydn.


C’est précisément avec l’un de ses tout derniers Trios avec piano, le Quarante-et-unième «Sonate L’Echelle de Jacob» (1795), que le Trio Archiduc a choisi de commencer son bref programme, donné sans entracte. Fondé en 2006 au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, il rassemble aujourd’hui le pianiste Yun-Yang Lee (vingt-sept ans), originaire de Taïwan, le violoniste Amaury Coeytaux (vingt-quatre ans), quatrième (2001) puis premier (2006) prix au Concours Rodolfo Lipizer, qui a remplacé cette année Sarah Kapustin, et la violoncelliste Clara Strauss (trente-deux ans), membre de l’Orchestre de l’Opéra national de Paris. Sobre, dépourvue de tout effet déplacé au risque de paraître fade, avec un Andante un peu trop retenu suivi d’un Allegro assez sage, leur interprétation aurait gagné à faire preuve de davantage de personnalité.


Né l’année de la mort de Haydn, voici tout juste deux siècles, Mendelssohn est lui aussi à l’honneur en 2009, mais le Premier trio (1839) n’a eu nul besoin de ces célébrations pour s’imposer comme l’un des piliers du répertoire destiné à cette formation. D’emblée, le Molto allegro agitato initial semble manquer autant du molto que de l’agitato pour se cantonner à un registre plus aimable et plaisant que passionné ou spontané. Véritablement trépidant, le féerique Scherzo, qui sera bissé, confirme la supériorité instrumentale et expressive du pianiste, pourtant confronté à une redoutable partie: à la décharge de ses partenaires, il est indéniable que le plein air, bien que le lieu offre une qualité sonore satisfaisante, réussit moins aux cordes.


Haydn et Mendelssohn: compositeur en résidence du festival «Les Vacances de Monsieur Haydn» en septembre prochain à La Roche Posay, Karol Beffa (né en 1973) y sera entouré de ces deux figures tutélaires. D’ici là, il est l’invité du Festival Jeunes Talents, au cours duquel il s’est déjà livré à une séance d’improvisation et deux de ses pièces seront créées. Les Ombres qui passent, dont un disque récemment paru chez Triton a retenu la version pour violon, alto et piano (voir ici) et dont il existe par ailleurs une adaptation pour clarinette, alto et piano, a d’abord été écrit pour violon, violoncelle et piano. Alors que le temps imparti n’empêchait nullement d’offrir l’intégralité de ce triptyque, le Trio Archiduc se limite à son premier volet, d’une durée de neuf minutes.


D’accords ravéliens en déchirements à la Chostakovitch, le propos ne vise pas à l’originalité, pas aussi mélancolique que chez Hersant, ni aussi sombre que chez Greif ou Bacri. Un simple coup d’œil sur les titres figurant au catalogue de Beffa permet de constater que la thématique de l’ombre revient assez souvent: de fait, certains moments de ce premier mouvement méritent sans doute le qualificatif de fantomatique. Musique de film? Le qualificatif ne choquerait probablement pas celui qui fut le jeune Mozart dans une série télévisée de Marcel Bluwal au début des années 1980 et qui, surtout, ne cache pas son intérêt pour le septième art, piste d’autant plus plausible si l’on se souvient que Les Ombres qui passent est le titre d’une comédie dramatique (1924) d’Alexandre Volkoff.


Le site du Festival européen «Jeunes talents»
Le site du Trio Archiduc
Le site d’Amaury Coeytaux



Simon Corley

 

 

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