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Hiatus

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
06/14/2009 -  et 11 (Hamburg), 13 (London), 16 (Wien) juin 2009
Kurt Weill : Die Dreigroschenoper

Ian Bostridge (Macheath), Dorothea Röschmann (Polly Peachum), Angelika Kirchschlager (Jenny), Hanna Schwarz (Mrs. Peachum), HK Gruber (Mr. Peachum), Cora Burggraaf (Lucy Brown), Florian Boesch (Tiger Brown), Christoph Bantzer (Le narrateur)
Chorus sine nomine, Johannes Hiemetsberger (direction), Klangforum Wien, HK Gruber (direction)


HK Gruber (© Johnny Volcano)



C’est le monde à l’envers en ce dimanche à Paris: alors que L’Olympia s’ouvre à Mozart, Schubert, Fauré et Dvorák (voir ici), le Théâtre des Champs-Elysées accueille L’Opéra de quat’sous (1928) en version de concert. Et il n’est pas le seul à s’encanailler, entraînant dans son sillage quelques vedettes de la scène lyrique, en particulier baroque, ainsi que l’ensemble Klangforum de Vienne – presque comme si l’Intercontemporain se trouvait dans la fosse pour Orphée aux Enfers. Le catalyseur de cette improbable distribution, qui a fait salle comble avenue Montaigne, est un personnage hors norme, l’Autrichien Heinz-Karl («HK») Gruber, tout à la fois compositeur, contrebassiste, chanteur et chef d’orchestre.


Ce sont les deux dernières facettes de son activité qu’il exploite dans cette tournée européenne. Plus truculente que caustique, sa direction tend à surligner les intentions – Kurt Weill n’est pourtant pas Nino Rota: les clins d’œil se font parfois trop appuyés, alors que la charge – d’une éternelle actualité – portée par le texte et la partition suffit. Les sons langoureux, même au énième degré, de la guitare «hawaïenne» (steel guitar) finissent également par agacer à force d’édulcorer le propos. «HK» tient aussi le rôle de Mr. Peachum, aidé d’un micro et tout en continuant de diriger les treize musiciens auxquels il tourne le dos: nasal et aigrelet, son timbre convient parfaitement au personnage. A ses côtés, Hanna Schwarz, issue du même millésime 1943, est une redoutable Mrs. Peachum, jouant avec autorité et professionnalisme de l’inégalité de ses registres.


Les autres protagonistes ne résolvent pas tous aussi bien le problème de l’adéquation entre l’art noble qui est d’ordinaire le leur et le dévergondage qu’implique l’œuvre: voir ces cantatrices en robes de soirée se traiter de «salopes» ne manque d’ailleurs pas de piquant. Mais cet hiatus stylistique pose problème à la Polly de Dorothea Röschmann, qui chante la célèbre «Jenny-des-corsaires», et à la Jenny d’Angelika Kirchschlager, qu’un pas de danse lascif ne suffit pas à rendre crédible. Finalement, c’est la Lucy de Cora Burggraaf, dont le «Combat contre la priorité» pastiche ouvertement un grand air de bravoure, qui tire le mieux son épingle du jeu. Comme le narrateur Christoph Bantzer, d’une remarquable subtilité, n’est pas Moritatsänger, la fameuse complainte initiale est confiée à Mackie, alias Ian Bostridge: les teintes étranges qui ont fait sa renommée contribuent à créer un personnage inquiétant, mais sa gouaille manque de naturel et semble le dispenser de veiller à la justesse, à la mise en place et à la puissance, même si les choses s’améliorent au fil de la soirée.


Les deux brèves pages chorales sont confiées aux trente-et-un chanteurs du Chorus sine nomine, intervenant par cœur dans leurs tenues bariolées, mais il ne faut pas oublier l’ensemble vocal formé par les membres de Klangforum eux-mêmes pour «L’Epithalame des pauvres». Une coupure curieusement placée entre le deuxième et le troisième actes, à plus des deux tiers du spectacle, casse le rythme, mais le succès n’est pas moins au rendez-vous. Les bis se succèdent donc, permettant à chacun de se mettre à nouveau en valeur: un couplet du duo «La Ballade du souteneur» et du «Duo de la jalousie», puis la conclusion du finale du dernier acte, et enfin la «Chanson des canons».



Simon Corley

 

 

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