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Un autre trio que le Dumky Paris Musée d’Orsay 06/02/2009 - Antonín Dvorák : Trio avec piano n° 3, opus 65, B. 130
Trio Suleika: Maurice Lammerts van Bueren (piano), Sanne Hunfeld (violon), Pepijn Meeuws (violoncelle)
Le Trio Suleika (© Marco Borggreve)
Dernier des «Concerts de Midi Trente» de la saison au Musée d’Orsay, avec le Trio Suleika, fondé en 2001 et dont le nom évoque les poèmes du Divan occidental-oriental de Goethe mis en musique notamment par Schubert et Mendelssohn: deux des plus grands compositeurs ayant écrit pour la formation du trio avec piano, auxquels les Néerlandais, pour leur concert parisien, ont préféré Dvorák, choix d’autant plus intéressant qu’au lieu de l’inévitable Quatrième trio «Dumky», ils ont interprété le rare Troisième trio (1883) en fa mineur, ce qui n’a nullement découragé le public, toujours aussi nombreux à ces séances méridiennes.
Une oeuvre dont la durée (près de trois quarts d’heure) et l’ambition symphonique témoignent, notamment dans l’Allegro ma non troppo initial, d’une dette envers Brahms, comme, à la même époque, la Septième symphonie, mais d’où les élans et la générosité de Dvorák ne sont nullement absents, tel ce Poco adagio qui constitue l’une de ses plus belles inspirations. On en regrette d’autant plus une interprétation trahissant une excessive réserve et un manque de personnalité. La prestation instrumentale ne convainc pas non plus pleinement, avec un pianiste un peu trop en avant, une violoniste pas toujours très précise et un violoncelliste trop en retrait.
En bis, l’«Alborada del gracioso» extrait des Miroirs (1905), dans un arrangement réalisé par Maurice Lammerts van Bueren, pianiste du Trio Suleika, s’aventure parfois assez loin du bon goût. Même s’il était sans doute tentant de confier au violoncelle l’aubade du bouffon, l’idée surprend avant tout par son masochisme: d’abord celui du pianiste, auquel il ne reste plus que des lambeaux de ce modèle d’écriture pour le clavier qu’est la version originale, mais aussi, collectivement, celui de musiciens qui vont chercher ailleurs chez Ravel le bonheur que son Trio aurait tout simplement pu apporter, à eux-mêmes aussi bien qu’au spectateurs.
Le site du Trio Suleika
Simon Corley
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