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Brahms vs Schubert

Dresden
Kreuzkirche
05/24/2009 -  
Johannes Brahms : Variations sur un thème de Haydn op. 56a
Robert Schumann : Nachtlied op. 108
Franz Schubert : Messe n°6 en mi bémol majeur D. 950

Christiane Oelze (soprano), Elisabeth von Magnus (alto), Werner Güra (ténor), Markus Schäfer (ténor), Andreas Hörl (basse)
Chœur de la Radio bavaroise, Peter Dijkstra (chef des chœurs), Orchestre de la Radio bavaroise, Daniel Harding (direction)


Daniel Harding (© Eisuke Miyoshi)


Elle est belle et bien restaurée la Kreuzkirche de Dresde, qui connut d’ailleurs, à travers l’histoire, de multiples métamorphoses. Et l’on s’émeut toujours à l’idée qu’un Peter Schreier ou un Theo Adam, un Karl Richter ou un Hartmut Haenchen, débutèrent dans son fameux chœur de garçons. Mais elle a un défaut : son acoustique trop réverbérée, fatale à certaines musiques. Fatale en tout cas à Daniel Harding, dirigeant au festival l’Orchestre Symphonique de la Radio bavaroise en remplacement de Nikolaus Harnoncourt – dont il prend souvent la place, notamment à Salzbourg. Cela dit, on a du mal a croire que l’acoustique explique à elle seule les décalages criants qui déparent les Variations sur un thème de Haydn de Brahms, donnés à la place de la Symphonie n°30 de Haydn : on penserait plutôt qu’elle les aggrave. L’orchestre semble paresseux, l’interprétation sans grâce ; le chef britannique, dont on attendait un « dépoussiérage » plus ou moins radical, s’embourbe dans des lenteurs pesantes, n’obtient de l’orchestre que des sonorités pâteuses avec des graves trop gras. Le Nachtlied de Schumann, composé sur des vers de Friedrich Hebbel, redresse heureusement la barre, à tout point de vue : si la direction ne pénètre pas au plus profond des mystères de la nuit du romantisme allemand, elle n’a plus rien à voir avec ce qu’on vient d’entendre. De toute façon, le superbe Chœur de la Radio bavaroise crée à lui seul une atmosphère de magie nocturne et de ferveur mystique.


Dans la Messe en mi bémol de Schubert, chef et chœur se rejoignent enfin au sommet. Avec juste raison, Daniel Harding situe l’œuvre dans le prolongement des Messes de Haydn, en particulier de la Harmonienmesse, la rattachant moins au romantisme naissant qu’à l’héritage baroque. Il met les contrastes à nu, mais sans aller trop loin dans la dramatisation des ruptures, dosant bien les oppositions d’ombres et de lumières. Est-ce l’effectif ? L’acoustique, cette fois, bien qu’elle étouffe un peu les cordes, dessert beaucoup moins la musique. La partition met en valeur les splendeurs de la phalange bavaroise, en particulier la rondeur des vents, ainsi que l’excellence du chœur, un des meilleurs que l’on puisse entendre par l’homogénéité des voix, le raffinement des nuances, la restitution du texte, aussi à l’aise dans l’homophonie du « Cruxifixus » que dans les nombreux épisodes fugués. Excellents solistes, à l’exception d’un Andreas Hörl consciencieux mais discret jusqu’à l’absence : dans le très belcantiste « Et incarnatus est », où l’on admire le velouté des violoncelles, Christiane Oelze, Werner Güra et Markus Schäfer tissent subtilement le contrepoint de leurs parties et Elizabeth von Magnus, loin de jouer les utilités, tient sa place dans les ensembles, à égalité avec les autres – ce n’est pas si évident pour le contralto de cette Messe. On oublie, du coup, le ratage brahmsien.



Didier van Moere

 

 

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