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L’Espagne en Lieder

Strasbourg
Opéra National du Rhin
03/28/2009 -  
Hugo Wolf : Spanisches Liederbuch
Sophie Karthäuser (soprano), Stephan Loges (baryton), Eugene Asti (piano)


E. Asti, S. Loges & S. Karthäuser (© Alain Kaiser)


Hugo Wolf a écrit l’intégralité de son Spanisches Liederbuch au cours de l’une de ses dernières éruptions créatrices, et vraisemblablement sans se soucier de ce qu’il adviendrait du cycle complet, d’une âpreté ibérique imaginée avec une intuition remarquablement exacte, mais calcinée et surexposée au point d’en défavoriser l’audition continue, le niveau d’exigence de ces pièces toutes de premier rayon se situant fréquemment en dessous du niveau minimum de plaisir superficiel requis, même pour une soirée de Lieder.


Cela dit, il ne faut rien exagérer non plus : un public non spécialement préparé mais attentif peut aussi tirer beaucoup de plaisir d’une soirée Hugo Wolf, même aussi ardue que celle-ci, les difficultés majeures de ces Lieder restant à assumer essentiellement, et on ne le répètera jamais assez, par les chanteurs. Confrontés à des exigences de déclamation minutieuse et d’intonation infinitésimale, ceux-ci sont de surcroît souvent laissés pour compte par le piano, toujours présent mais aussi redoutablement indépendant. Un « accompagnement » qui n’aide pas toujours à trouver ses repères, voire perturbe par sa propre présence agissante. A cet égard une soirée Spanisches Liederbuch, au demeurant rarissime, cristallise encore bien davantage qu’un choix de Moerike ou de Goethe –Lieder, voire l’Italienisches Liederbuch, recueil d’un exotisme plus accrocheur, toutes les difficultés du genre, et on ne peut qu’admirer Sophie Karthaüser et Stefan Loges de s’être confrontés à ce défi avec un tel courage, mais aussi un tel bonheur, et surtout une aussi remarquable simplicité.


Prudemment séparé en trois parties par deux entractes relativement longs, le Spanisches Liederbuch est parcouru avec beaucoup de naturel par ces deux chanteurs encore jeunes, avec une volonté délibérée de laisser parler la musique et les textes avant d’imposer leur propre présence d’artiste : autant le baryton que la soprano restent donc légèrement en retrait, au risque même de paraître neutres par rapport aux souvenirs extraordinairement fouillés et scrutés laissés par quelques grands voix du passé. Mais finalement la simplicité des lignes qui en découle, la valorisation de certains accidents harmoniques particulièrement touchants et la beauté soudaine de nombreuses phrases compensent ce qu’une telle interprétation peut encore comporter d’inabouti, avec des taux de réussite évidemment variables d’un lied à l’autre mais d’un niveau général remarquablement haut. La qualité intrinsèque du matériau vocal étant par ailleurs très belle dans les deux cas, on n’est de toute façon jamais déçu.


Constamment sur la brèche, l’accompagnement d’Eugène Asti reste cependant parfois trop peu captivant, le pianiste assumant son rôle sans défaut ni défaillance mais ne maîtrisant pas toujours son sujet avec la hauteur de vue à laquelle nous ont habitués des accompagnateurs plus impliqués dans ce répertoire à haut coefficient narratif. Mais c’est là l’unique petit manque de cette soirée assurément confidentielle, mais aussi d’une impalpable et singulière magie.



Laurent Barthel

 

 

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