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Splendeur montréalaise

Paris
Salle Pleyel
04/28/2009 -  et 29 avril 2009 (Luxembourg)
Claude Debussy : Nuages et Fêtes (extraits des Nocturnes)
Tan Dun : Orchestral Theatre I: O
Gustav Mahler : Das Lied von der Erde

Klaus Florian Vogt (ténor), Christian Gerhaher (baryton)
Orchestre symphonique de Montréal, Kent Nagano (direction)


Kent Nagano (© Nicolas Ruel)



Voici près de trois ans, jour pour jour, que l’Orchestre symphonique de Montréal ne s’était pas produit à Paris: c’était le 2 mai 2006 au Châtelet, mais Kent Nagano était alors encore à quatre mois de prendre officiellement ses fonctions de huitième directeur musical de la formation québécoise, succédant au long règne de Charles Dutoit (1977-2002). Leur retour dans la capitale s’inscrit cette fois-ci dans le cadre d’une tournée européenne – la première depuis dix ans – au calendrier bien rempli: treize concerts en deux semaines, d’Espagne au Luxembourg en passant par l’Autriche, l’Allemagne et la Croatie.


Heureuse initiative que d’avoir prévu cette étape dans une salle Pleyel hélas pas tout à fait pleine, car les musiciens, s’ils ont adopté certaines caractéristiques d’une formation nord-américaine, comme cette habitude de rester travailler sur scène durant l’entracte, démontrent qu’ils demeurent des interprètes d’élection de la musique française. Sous la baguette analytique et objective de Nagano, les deux premiers des trois Nocturnes (1899) de Debussy bénéficient ainsi d’une transparence et d’une qualité instrumentale qui n’appartiennent qu’aux plus grands.


Echappant aux schémas traditionnels, le programme se poursuit avec Orchestral Theatre I: O (1990/2002) de Tan Dun. Ainsi que le laisse supposer le titre de l’œuvre, il s’agit de la première d’un cycle de quatre pièces ayant pour ambition de retrouver cette «unité» entre l’exécutant et l’auditeur que le cadre rigide du concert aurait brisée – la deuxième pièce fait d’ailleurs intervenir le public (voir ici). Ici, le «O» fait référence à «origin»: de fait, d’incantations en paroxysmes, la partition cultive un certain primitivisme – dont les cris, murmures et soupirs des musiciens constituent l’aspect le plus spectaculaire – et s’attache à évoquer la musique traditionnelle avec les instruments occidentaux, recourant au besoin à des modes de jeu atypiques. Faut-il voir dans ce choix la marque de la double culture que Nagano partage avec le compositeur d’origine chinoise? Toujours est-il qu’il tire le meilleur de ces dix-sept minutes juxtaposant des éléments hétéroclites davantage qu’elles ne les synthétisent.


Style composite et influence chinoise, la transition était toute trouvée vers la seconde partie, consacrée au Chant de la terre (1909) de Mahler, dans la version, rarement exécutée et enregistrée, où le baryton se substitue au contralto. Pourquoi pas, après tout, dans la mesure où les grands recueils (Lieder eines fahrenden Gesellen, Kindertotenlieder, Rückert-Lieder) sont indifféremment confiés à une voix d’homme ou de femme? Pourquoi pas, surtout, si les chanteurs sont à la hauteur du défi? C’est le cas de Christian Gerhaher: nullement gêné par une partie qui sollicite fréquemment le haut du registre («Der Einsame im Herbst»), le baryton allemand, très attentif à la restitution du texte, n’en rajoute pas dans le pathos («Der Abschied»). Une retenue expressive en phase avec la direction allante et modérément affective de Nagano, regardant déjà vers le caractère novateur de la Neuvième symphonie tout en mettant en valeur un orchestre splendide à tous égards, à commencer par les bois. Avec son timbre toujours aussi particulier, d’une pureté et d’une luminosité hors normes, Klaus Florian Vogt fait sienne avec une aisance sidérante une tessiture redoutable: presque trop candide et lisse, trop sobre en somme pour les divagations de «Das Trinklied vom Jammer der Erde» et «Der Trunkene im Frühling», le ténor allemand livre en revanche un «Von der Jugend» véritablement enchanteur.


Le site de l’Orchestre symphonique de Montréal
Le site de Kent Nagano
Le site de Tan Dun
Le site de Klaus Florian Vogt
Le site de Christian Gerhaher



Simon Corley

 

 

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