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De temps en temps

Paris
Cité de la musique
04/23/2009 -  et 24, 26 avril 2009 (Metz)
Paul Hindemith : Hin und zurück, opus 45a – Das lange Weihnachtsmahl (transcription Lionel Peintre)

Blandine Folio Peres (La tante, Mère Bayard, Ermengarde), Nathalie Gaudefroy (Hélène, Leonora), Marie Gautrot (Geneviève), Bénédicte Tauran (Lucia I, Lucia II), Christophe Crapez (Le sage, Charles), Paul-Alexandre Dubois (L’aide-infirmier, Brandon), Nicolas Gambotti (Robert, Roderick II), Didier Henry (Le docteur, Roderick I, Sam), Francesca Bonato (La femme de chambre, La nurse)
L’Orchestre Imaginaire: Anne Sophie Garber Kastel (flûte), Jérôme Schmitt (clarinette), Jacky Kohn (saxophone), Sylvaine Fuster (basson), Christophe Voituron (trompette), Michel Zakrzewski (trombone), Aurélie Bègue, Karybay Narvaez (piano), Marceau Allibe (piano, harmonium, clavecin), Lionel Peintre (direction)
Mireille Larroche (mise en espace), Danièle Barraud (costumes), Dorian Astor (dramaturgie)


(Dessin de Paul Hindemith)



Du 18 au 28 avril, la Cité de la musique présente un cycle intitulé «Formes brèves/Formes longues», comprenant quatre manifestations de nature très différente, depuis L’Epopée du Ramayana jusqu’à Georges Aperghis en passant par un «ciné-concert» jazz autour de six courts-métrages de Chaplin. Deux courts opéras de Hindemith, coproduction de La Péniche Opéra, de l’Opéra de Metz, de l’Orchestre Imaginaire et de l’ARCADI, constituent le deuxième moment de ce cycle.


L’année même des trois «opéras-minute» de Milhaud, le compositeur allemand faisait également le choix de la brièveté dans Hin und Zurück (1927), un «sketch avec musique» de seulement onze minutes. Le titre évoque un aller-retour, ou à tout le moins un mouvement en avant puis dans le sens inverse: de fait, le livret surréaliste de l’artiste berlinois Marcellus Schiffer (1892-1932) décrit un condensé de drame conjugal que les acteurs, après l’intervention d’un «sage» venu expliquer qu’il faut échapper à une conception unidirectionnelle du temps, vont ensuite jouer à rebours. Scéniquement cocasse – les morts ressuscitent, on frappe à la porte après être entré – le procédé ouvre également d’intéressantes perspectives musicales: plutôt que de rétrograder strictement les notes comme l’avait fait Berg un an plus tôt dans sa Suite lyrique, Hindemith, respectant l’intelligibilité du texte, remonte en arrière phrase par phrase, mais n’en édifie pas moins ainsi une forme en arche. L’œuvre est ici donnée dans sa transcription par l’auteur pour neuf musiciens (flûte, clarinette, saxophone alto, basson, trompette, trombone, piano à quatre mains, piano droit alternant avec un harmonium) et dans une adaptation française réalisée par Lionel Peintre.


C’est également lui qui a traduit Le long dîner de Noël (1960), le dernier des dix opéras de Hindemith, dont il a par ailleurs réduit la partition pour un effectif très proche de celui de Hin und Zurück: le piano n’est plus dévolu qu’à un seul musicien tandis que l’harmonium et le piano droit laissent la place à un clavecin, déjà présent dans l’instrumentarium de la version originale (qui comprend par ailleurs huit bois, six cuivres, percussion et cordes). S’il dure quatre fois plus longtemps (près de trois quarts d’heure), cet opéra en un acte n’en pose pas moins la question du temps: son livret consiste en une pièce (1931) de l’écrivain américain Thornton Wilder (1897-1975) qui se déroule sans solution de continuité sur une période de neuf décennies, montrant année après année, au moment du traditionnel repas de Noël, les générations successives d’une famille de l’Ouest des Etats-Unis, soit un total de onze rôles répartis entre huit chanteurs. Il y a à la fois ce qui change – les aînés laissant la place aux jeunes, qui eux-mêmes deviennent vieux – et, surtout, ce qui ne change pas, la dinde et le givre, le temps qui passe et le temps qu’il fait, jusqu’au fatal et mélancolique enlisement final.


Le temps, c’est aussi celui qui sépare les deux opéras: la différence est nettement perceptible, entre le Hindemith provocateur des trépidantes années 1920, et celui, assagi, de la dernière manière, avec ses chorals richement harmonisés et son contrepoint à la fois inlassable et rigoureux, qui trouve à s’employer dans de denses ensembles. Le long dîner semble d’ailleurs parfois traîner en longueur, mais il est vrai que l’action ne possède pas des ressorts dramatiques aussi puissants que ceux de Cardillac ou Mathis le peintre. Cette impression tient sans doute aussi à ce que les spectateurs de la Cité de la musique n’ont pas assister qu’à une version de concert d’une production qui, à Metz, bénéficiera d’une mise en espace de Mireille Larroche, d’une dramaturgie de Dorian Astor et de costumes de Danièle Barraud.


Et le spectacle complet est prometteur, car son aspect proprement musical aura d’ores et déjà paru de qualité, tant du point de vue vocal – par exemple Christophe Crapez en sage doté d’un fausset virtuose, ou bien Nathalie Gaudefroy et Blandine Folio Peres dans leurs différentes incarnations – qu’instrumental, grâce à Lionel Peintre, très efficace à la tête de L’Orchestre imaginaire, un ensemble mosellan à géométrie variable (vingt-cinq musiciens) créé en 1998.



Simon Corley

 

 

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