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Du grand piano

Paris
Salle Cortot
03/28/2009 -  
Jean-Sébastien Bach : Toccata en fa dièse mineur, BWV 910
Joseph Haydn : Sonate en mi bémol majeur, Hob. XVI:28
Johannes Brahms : Variations Paganini, op. 35 (Premier Cahier)
Olivier Messiaen : Trois Regards sur l’Enfant-Jésus
Karol Szymanowski : Masques op. 34

Olivier Reboul (piano)


Olivier Reboul Marthe Lemelle)


Sans faire de bruit, Olivier Reboul poursuit son chemin, fait d’exigence et de concentration, oscillant entre le piano et la baguette. En France, beaucoup sont plus connus, mais peu sont meilleurs. La Toccata en fa dièse mineur de Bach révèle d’emblée un toucher profond et coloré, un jeu rythmiquement souple, une main gauche très sûre dans les fugues. Dans la Sonate en mi bémol majeur de Haydn, l’Allegro moderato se hérisse de surprises que le pianiste intègre dans un ensemble pour éviter le décousu, le Menuet sourit avec esprit et le Presto, sans excès de vitesse, parle espièglement des deux mains, comme deux voix chantent dans un Singspiel. Au-delà d’une virtuosité accusant parfois des limites, le premier Cahier des redoutables Variations Paganini de Brahms nous rappelle que le pianiste est également chef d’orchestre, par une recherche presque lisztienne des couleurs et des plans sonores, par la mise en valeur de la polyphonie caractéristique du compositeur allemand.


A partir de là, les trois Regards sur l’Enfant-Jésus de Messiaen ne peuvent que constituer un grand moment de musique. Le « Regard de l’Esprit de joie » confirme la richesse généreuse d’une sonorité exempte de toute dureté, où chaque note reste timbrée, en particulier dans les accords : la jubilation des rythmes et des couleurs a ici quelque chose de dionysiaque annonçant, tant le piano est orchestral, « Joie du sang des étoiles » de la Turangalîlâ-Symphonie. La « Première Communion de la Vierge » crée un univers sonore envoûtant, notamment grâce à un dosage très subtil de la pédale, qui ne noie rien. Superbes ornements, ensuite, pour « Le Baiser de l’Enfant Jésus », sorte de berceuse aux sonorités voluptueuses. On se situe ici au niveau de Roger Muraro.


Le passage à Masques de Szymanowski se fait tout naturellement : les deux compositeurs font ici figure d’héritiers de Liszt et des impressionnistes français. Par delà la beauté sonore, « Schéhérazade » témoigne à la fois d’un sens de la narration et d’un art de la construction : rien, dans l’enchaînement des différentes sections, ne paraît discontinu. La beauté plastique, dans « Tantris le bouffon », va de pair avec une véritable interprétation, qui restitue la souffrance que dissimule le grotesque – et quelle main gauche, au début ! La « Sérénade de don Juan », enfin, évite la démonstration pure pour se concentrer sur ce qu’il y a de fantasque dans la musique, dont le pianiste préserve, comme dans les volets précédents, la dimension rhapsodique et l’unité structurelle.


Le site d’Olivier Reboul



Didier van Moere

 

 

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