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Luxuriances orchestrales

Paris
Salle Pleyel
04/03/2009 -  
Hector Berlioz : Ouverture de «Benvenuto Cellini», opus 23
Camille Saint-Saëns : Concerto pour violoncelle et orchestre n° 1 en la mineur, opus 33
Modeste Moussorgski : Tableaux d’une exposition (orchestration Maurice Ravel)

Mischa Maisky (violoncelle)
Orchestre philharmonique de Radio France, Myung-Whun Chung (direction)


(© François Maréchal)


L’Orchestre philharmonique de Radio France présentait salle Pleyel un programme luxuriant, phonurgique à souhait, associant de brillants orchestrateurs (Berlioz, Saint-Saëns et Ravel) et idéal pour faire sonner tous ses pupitres tout en étant d’un classicisme à toute épreuve : ouverture, concerto, suite symphonique, dans l’ordre chronologique. Le lieu était, il est vrai, parfait pour que chaque détail, chaque rutilance, soit pleinement goûté de tous les rangs.


Berlioz était le premier à ouvrir le feu avec l’ouverture ignescente de Benvenuto Cellini (1838). Myung-Whun Chung, dès son entrée en scène, se précipita véritablement sur l’orchestre pour déchaîner les fanfares cuivrées berlioziennes, alors que certains spectateurs cherchaient encore leur place. Parfois mahlérienne, l’interprétation fut épatante et théâtrale de bout en bout.


Saint-Saëns poursuivit avec son Premier concerto pour violoncelle (1875), Mischa Maisky, en forme olympique, ayant l’occasion de démontrer son extraordinaire maîtrise instrumentale dans ses trois mouvements enchaînés, notamment dans le déluge final de notes. L’Allegro con moto central, le passage le plus intéressant, fut bien charmant et melliflu, le Montagnana de Maisky déployant dans les mouvements extrêmes un jeu intense et passionné, la matière orchestrale étant de son côté délicatement ouvragée sous les mains de l’orfèvre Chung. L’enthousiasme du public permit d’obtenir sans peine deux bis des plus classiques : la Sarabande de la Cinquième suitepuis le Prélude de la Première suite de Johann Sebastian Bach. Maisky imprima à la Sarabande des changements de tempo surprenants et un rythme précipité au Prélude au point de rendre le discours bien peu clair. Mais quel son !


Moussorgski avec les Tableaux d’une exposition (1874), revus par Ravel en 1922, fermait la marche. L’œuvre, orchestration d’une partition impossible pour piano, est un brin rabâchée, contrairement à l’original, mais constitue un succès garanti qu’il est, à l’évidence, difficile de se refuser lorsqu’on en a les moyens alors que le risque est de passer à côté de ses aspects fantasques au profit d’une lecture simplement ronflante. Chung releva le défi et révéla parfaitement le caractère inquiétant de «Gnomus» ou «Catacombes» comme la somptuosité et la grandeur de «La Grande porte de Kiev» et promena entre temps l’orchestre, sans problème, dans le marché de Limoges ou au milieu des petits poussins, non sans avoir croisé dans un vieux et sombre château envahi par le lierre et les corbeaux un saxophone triste et esseulé bien émouvant.



Stéphane Guy

 

 

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