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Così alla Gran Partita

Paris
Athénée - Théâtre Louis-Jouvet
03/31/2009 -  et 13 février (Le Havre), 13 (Gap), 21 (Fontainebleau) mars, 1er, 3, 4 (Paris), 14 (Amiens), 16, 17 (Tours), 21 (Laval), 23 (Château-Gontier), 25 (La Roche-sur-Yon), 27 (Alençon) avril, 5 mai (Angoulême) 2009
Wolfgang Amadeus Mozart : Così fan tutte, K. 588

Soula Parassidis*/Magali de Prelle (Fiordiligi), Amaya Dominguez (Dorabella), François-Nicolas Geslot (Ferrando), Christophe Gay (Guglielmo), Mélanie Gardyn (Despina), Lionel Peintre (Don Alfonso)
Ensemble PhilidOr: Frédérique Chauvet, Lorenzo Brondetta (flûtes), Yanina Yacubsohn, Katy Elkin (hautbois), Daniele Latini, François Gillardot (clarinettes), Monica Arpino, Louise Strickland (cors de basset), François Charruyer, Jani Sunnarborg (bassons), Alexandre Salles (contrebasson), Florent Maupetit, Nicolas Chedmail (cors), Jean-Baptiste Sagnier (contrebasse), Mathieu Dupouy (clavecin), François Bazola (direction musicale)
Yves Beaunesne (mise en scène), Damien Caille-Perret (scénographie), Patrice Cauchetier (costumes), Joël Hourbeigt (lumières)


A. Dominguez, S. Parassidis (© Delahaye)



Un Così chasse l’autre: après celui, tout en lumières seventies, de Luigi Di Gangi et Ugo Giacomazzi à Massy (voir ici), voici les teintes sombres des années 1950 que lui prête Yves Beaunesne: produit par la Maison de la culture de Bourges avec l’Ensemble Philidor et Le Volcan (scène nationale du Havre), en coréalisation avec l’Athénée et avec le soutien de la région Centre, ce spectacle accomplit actuellement une tournée nationale avec l’aide de l’Arcal. L’idée en est venue au directeur de la scène berruyère, Pierre-François Roussillon, clarinettiste de formation, qui a suggéré à l’ensemble d’instruments à vent PhilidOr, soutenu par les collectivités territoriales de la région Centre, d’adapter l’opéra pour une formation identique à celle de la Dixième sérénade, soit treize instruments à vent. En fait, le contrebasson et la contrebasse, entre lesquels il faut en principe choisir pour interpréter cette Gran Partita, sont tous deux présents: quatorze musiciens, par conséquent, auxquels s’ajoute le clavecin de Mathieu Dupouy pour les récitatifs (également accompagnés par la contrebasse).


L’idée n’est évidemment pas farfelue: s’il est un compositeur qui a émancipé les vents, c’est bien Mozart, et s’il est un de ses opéras qui les met tout particulièrement en valeur, c’est bien Così fan tutte (1790). Même si l’adaptation proprement dite, qui renonce en outre au chœur, ne peut être globalement mise en cause, le résultat se révèle pourtant très décevant: les instruments anciens paraissent bien souvent à la peine, les tutti livrent des sonorités de limonaire et la battue de François Bazola, directeur musical de l’ensemble depuis mai 2007, manque de souplesse et de respiration.


La transposition géographique et chronologique de l’action dans une grande école de l’Angleterre de l’après-guerre constitue la seule audace de cette production: assumée davantage avec un souci de cohérence que de provocation, elle ne trahit pas fondamentalement le livret. Les épées ont certes un caractère plus sportif que combattant, et les costumes de Patrice Cauchetier semblent s’ingénier à inventorier les figures obligées du lieu et de l’époque (blazer à écusson, cravate club rayée ou tweed pour les hommes, sage lavallière et jupe longue pour les dames), défunt empire colonial compris pour les faux Albanais. De même, le décor unique conçu par Damien Caille-Perret, complété par un mobilier assez massif (table, bancs, chaises), procède à une minutieuse évocation, comme dans son magnifique travail sur Ravel (voir ici): entre Agatha Christie, Blake et Mortimer ou Le Cercle des poètes disparus, chaque détail parle, jusqu’au jeu de fléchettes ou au petit Union Jack brodé sur les sacs des soldats. Mais le haut et long pan de mur en bois foncé qui occupe le plateau, éclairé par Joël Hourbeigt avec une parcimonie digne d’un Benjamin Lazar, suscite une impression continûment sombre.


Ce parti pris résulte sans nul doute la façon dont Yves Beaunesne entend la partition, dans laquelle il perçoit «du Don Giovanni, de l’Idomeneo, de l’Ave verum et même une cantate maçonnique». Sa mise en scène est à l’avenant, terne et traditionnelle, au premier degré et sans grande ambition, pimentée ici ou là de jets de livres et notations burlesques, comme ces pinces pour batterie d’automobile qui raniment les malades prétendument empoisonnés à la fin du premier acte. Privé de sa fonction de deus ex machina à Massy, Don Alfonso retrouve ici toutes ses prérogatives et tire les ficelles, ricaneur machiavélique tapi derrière une porte ou une fenêtre.


C’est donc la distribution vocale qui offre le plus de satisfactions: de tout jeunes chanteurs, hormis Lionel Peintre, un peu court en Don Alfonso. Alternant avec Magali de Prelle, Soula Parassidis débute difficilement en Fiordiligi, mais triomphe au second acte. Plus régulière, Amaya Dominguez est une excellente Dorabella, de même que la Despina de Mélanie Gardyn, plus solide que piquante ou espiègle. Le beau timbre et le tempérament lyrique de François-Nicolas Geslot (Ferrando) rachètent aisément quelques aigus récalcitrants, tandis que Christophe Gay campe un Guglielmo léger et charmeur.


Le site de l’Ensemble PhilidOr



Simon Corley

 

 

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