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Ein Messer in meiner Brust

Paris
Salle Pleyel
03/04/2009 -  et 5* mars 2009
Gustav Mahler : Lieder eines fahrenden Gesellen – Symphonie n° 5

Dietrich Henschel (baryton)
Orchestre de Paris, Christoph Eschenbach (direction)


Christoph Eschenbach (© Eric Brissaud)


Encore un concert Mahler de l’Orchestre de Paris avec Christoph Eschenbach, serait-on tenté de se dire ! On pourrait d’autant plus s’en étonner que la démarche du chef allemand dans cette Cinquième symphonie (1902), déjà entendue en 1999 et en 2005, déconcerte. Toujours un peu pour les mêmes raisons d’ailleurs : largeur des tempos, ralentis occasionnels, focus mis sur certaines idées, sur certains phrasés, sur certaines mélodies… Les défauts inhérents à une telle approche s’en trouvent être une moindre attention portée aux transitions – pourtant capitales dans l’œuvre de Mahler – et de trop nombreuses chutes de tension. Ces faiblesses se ressentent surtout dans la Trauermarsch, qui tourne un peu à vide, ainsi que dans le Scherzo. Cependant, indépendamment de l’impression laissée par ce style de direction, on ne peut nier l’évident amour d’Eschenbach pour l’univers mahlérien. Cet amour permet de mettre au jour, de façon peut-être exagérément marquée mais en tout cas très perceptible, le contraste entre la violence et la faiblesse, le paganisme et le mysticisme, entre la souffrance presque dépressive d’un Stürmisch bewegt carré et brutal et celle, plus pudique, d’un Adagietto très lent mais aussi très dense, se résolvant dans un Rondo-Finale vraiment joyeux, presque léger : antithèse plus que synthèse. Cet amour galvanise également les musiciens de l’Orchestre de Paris, qui n’ont pas à rougir – tant s’en faut – du résultat de leur collaboration avec le chef allemand. Au tableau d’honneur, outre la cohérence d’ensemble, on saluera d’abord la fougue et la précision du jeune timbalier, ainsi que le brio du trompettiste Bruno Tomba et surtout du corniste Benoît de Barsony. N’oubliant pas que l’histoire d’amour entre Eschenbach, Paris et son orchestre s’est nouée, à la fin des années 1990, autour de concerts consacrés à Mahler, le public rend un hommage appuyé au chef presque septuagénaire, hommage qui devrait se poursuivre jusqu’à ses adieux à l’orchestre (en tant que directeur musical), programmés les 16 et 17 juin 2010 salle Pleyel.


On se remet, en revanche, difficilement du forfait de Thomas Hampson, annoncé souffrant, dans les Chants d’un compagnon errant (1884) donnés en première partie. On s’en remet d’autant moins que l’Orchestre de Paris avait proposé, sur son site Internet, une mise-en-bouche particulièrement appétissante où le baryton américain livrait, dans une assez remarquable vidéo (voir ici), son analyse de l’œuvre, à la manière d’un Leonard Bernstein. L’approche de Dietrich Henschel valorise le texte plutôt que le chant, la justesse des attaques étant souvent sacrifiée au profit d’une forme de sprechgesang souvent intéressante dans ces textes si touchants, torturés, crus. Mais chanter avec «Ein Messer in meiner Brust» («un couteau dans la poitrine») n’est pas une chose aisée : le chant, malheureusement, est loin de satisfaire aux exigences de ces lieder avec orchestre. En difficulté dans le registre grave et surtout dans l’aigu, le timbre du baryton allemand apparaît en permanence mat et court de projection, dès «Wenn mein Schatz Hochtzeit macht». Ce n’est pourtant pas sans compter sur les efforts d’Eschenbach, accompagnateur attentif et mesuré, retenant sans cesse l’orchestre pour établir une atmosphère chambriste, ne lâchant la bride qu’au tout début d’«Ich hab’ ein glühend Messer». Pour autant, on prêtera une oreille intéressée à la fin du cycle de lieder mahlériens de l’Orchestre de Paris, qui devrait se poursuivre en 2009 avec les Kindertotenlieder (Nathalie Stutzmann, 1er et 2 avril), les Rückert Lieder (Christine Schäfer, 8 et 9 avril) et Das Lied von der Erde (Yvonne Naef et Nikolaï Schukoff, 14 octobre).



Gilles d’Heyres

 

 

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