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Là-haut sur la montagne

Paris
Salle Pleyel
03/06/2009 -  et 4 (Genève), 5 (Lausanne) mars 2009
Robert Schumann : Concerto pour piano et orchestre, opus 54
Richard Strauss : Eine Alpensinfonie, opus 64

Nikolaï Lugansky (piano)
Orchestre de la Suisse Romande, Marek Janowski (direction)


Marek Janowski (© Felix Broede)


Comme à Genève (voir ici) et Lausanne, l’Orchestre de la Suisse Romande et son directeur musical, Marek Janowski, donnaient à Paris un programme Schumann/Strauss. L’attrait pour cet orchestre hautement réputé, l’admiration pour un chef lié depuis longtemps à la vie musicale parisienne et l’amour pour un pianiste adulé du public français se sont combinés pour remplir très largement la salle Pleyel. Cette dernière fait un triomphe à Nikolaï Lugansky, dont l’interprétation virtuose et appliquée du Concerto pour piano (1845) de Schumann valait davantage pour son objective probité que pour sa fantaisie et son inventivité. Ainsi l’Allegro affetuoso suscite-t-il par moments l’ennui, tant le discours est impeccable et droit. Face à la sûreté de la main droite, on aimerait entendre une main gauche plus chaleureuse, plus profonde et plus libre. Mais le pianiste russe, parfaitement en phase avec le chef, est en quête d’émotion sans fioritures : froideur distante ? Pas vraiment : plutôt une forme de pudeur et de respect face au répertoire, qui s’exprime notamment dans un Intermezzo d’une délicate tendresse. Les qualités d’écoute entre le soliste et l’orchestre révèlent une grande attention mutuelle (à l’image d’une salle silencieuse et concentrée). Ponctué de traits d’humour, le Vivace témoigne d’une personnalisation plus marquée du propos, énoncé dans un tempo d’enfer soutenu jusqu’au bout par les musiciens. Prouesse technique du pianiste surtout, qui offre en bis un Prélude en sol majeur, opus 32 n° 5 (1910) de Rachmaninov merveilleusement bien ciselé.


Sur les cimes des Alpes suisses, le poème symphonique de Richard Strauss, Une symphonie alpestre (1915), est porté par un effectif impressionnant : orchestre symphonique au grand complet, machine à vent, machine à tonnerre, clochettes de troupeau, glockenspiel, heckelphone… Marek Janowski entretient d’évidentes affinités – musicales sinon intellectuelles – avec Richard Strauss en général (auquel il consacrera une soirée, dans la même salle mais avec l’Orchestre de Paris, le 10 mars 2010) et avec cette œuvre-fleuve – de plus de trois quarts d’heure – en particulier, qu’il dirige pourtant de mémoire. Un souvenir revient alors : il y a douze ans, le 22 mai 1997, dans la même salle (avec une autre acoustique et une autre formation) et au sommet d’une collaboration qui aura durablement marqué, Janowski transcendait l’Orchestre philharmonique de Radio France dans une Alpensinfonie qu’on n’est pas prêt d’oublier.


Pour notre plus grand plaisir, c’est bien ce Janowski nietzschéen qu’on retrouve à Pleyel, parvenant à donner à Strauss fluidité et continuité sans pour autant négliger la grandeur et la légèreté de certaines pages de l’œuvre, bien aidé en cela par la délicatesse d’une infaillible petite harmonie. C’est en réalité tout l’orchestre qu’il convient de saluer, à commencer par les cuivres, si sollicités dans cette partition et qui parviennent à maintenir (presque jusqu’au bout) un niveau d’excellence digne de tous les éloges. L’élégance des percussions (… jusque dans les clochettes de troupeau !), le tapis fleuri des cordes (d’un raffinement inouï), et, parvenu «Auf dem Gipfel» («Sur le sommet»), l’auguste dialogue des cors et des cordes comme la noblesse des trombones… avant un «Orage et tempête» impressionnant de perfection instrumentale : tout dans cette approche respire la nature domestiquée. Domestiquée d’une main de maître par le chef septuagénaire auquel le public parisien et les musiciens suisses (tapant joyeusement des pieds) rendent un hommage appuyé. Décidemment très présent salle Pleyel, Marek Janowski reviendra le 5 avril prochain avec l’Orchestre symphonique de la Radio de Berlin (pour interpréter Beethoven, avec le pianiste Radu Lupu), puis les 17 et 18 juin avec l’Orchestre de Paris (dans un programme associant Haydn à Mendelssohn).


Le site de l’Orchestre de la Suisse Romande



Gilles d’Heyres

 

 

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