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Plus Mendelssohn que Bartholdy

Geneva
Victoria Hall
02/26/2009 -  
Felix Mendelssohn: Elias
Whal Ran Seo (La Veuve, L’ange), Sibyl Zanganelli (La Reine, un Ange), Adrian Thompson (Abdias, Achab), Stephan Genz (Elias)
Le Motet de Genève, Orchestatus Genevensis, Ching-Lien Wu (direction)


Il faut probablement voir en Elias l’œuvre même où Felix Mendelssohn exprime son attachement à l’esprit de son grand-père Moses Mendelssohn. Celui-ci était à son époque le plus grand philosophe hébraïque à qui on doit non seulement des avancées dans l’établissement des droits de la communauté juive mais aussi une série d’ouvrages philosophiques montrant qu’il n’y a pas d’incompatibilité entre le fait d’être Juif et citoyen, c’est-à-dire à cette époque, Juif et Allemand.


Elias est une œuvre « Juive et Allemande ». Les options musicales choisies par Mendelssohn évoquent un Jean-Sébastien Bach avec des effectifs proches des Passions que Mendelssohn avait redécouvertes en son temps et l’orchestration présente des couleurs typiquement allemandes, évoquant Weber et même … Richard Wagner. Tiré du Livre des Rois, le texte est dur, évoquant un monde de souffrance où cependant Dieu intervient directement dans leurs vies. Suivant ainsi une tradition talmudique, Mendelssohn préserve l’âpreté du texte d’origine, il n’est pas question de l’embellir et donc d’amoindrir sa portée.


Même si les parties des solistes sont fondamentales, le personnage central est le chœur, tout à tour recueilli, énergique et profond. Le chœur du Motet est, comme son homologue Viennois du Singverein, un chœur d’amateurs de très haut niveau. Les chanteurs sont justes et homogènes, en particulier ténors et sopranos. Certains ensembles pourraient bénéficier d’une plus grande précision dans les attaques mais la ligne musicale est bien là et les chœurs sonnent avec la force que demande l’ouvrage. Formé pour accompagner le chœur, l’orchestre est formé d’instrumentistes solides, mais il souffre d’un déséquilibre entre les pupitres, les violons plus nombreux étouffant trop souvent violoncelles et contrebasses. Mention particulière pour le hautbois solo de Gilles Vanssons superbe de musicalité dans l’accompagnement de l’air d’Elias « Es sollen wohl Berge weichen ».


Adrian Thompson accuse un vibrato un peu audible mais il sait caractériser le texte et trouve un style d’une vaillance appropriée dans une partie trop souvent confiée à des ténors trop légers alors que texte et musique demandent un Florestan plutôt qu’un Tamino. Stephan Genz est passé par l’école de Dietrich Fischer-Dieskau dont il a appris le soin donné au texte mais c’est plutôt le grain de la voix et le timbre qui évoquent plutôt le style de Thomas Hampson. Sibyl Zanganelli est trop pale et manque de personnalité. La soprano coréenne Whal Ran Seo reste en-deçà de ce que demande le texte mais sa technique vocale est extrêmement solide, ce qui nous donne un air « Höre, Israel » tout simplement fulgurant. Elle a le potentiel pour être une chanteuse de premier plan si elle pouvait travailler le style et l’approfondissement du texte. Les deux solistes du chœur, Isaline Dupraz et Sabrina Gammuto, sont à la hauteur à coté des solistes dans les ensembles.


Ching-Lien Wu dirige les chœurs du Grand Théâtre de Genève. Elle a étudié avec Nobert Balatsch à Bayreuth mais il faut chercher dans sa direction précise l’influence de Pierre Boulez et Michael Gielen avec qui elle a travaillé. Sa lecture est plus analytique que lyrique, mais dans une œuvre de cette complexité, la recherche de la clarté permet d’en faire ressortir la structure et donc l’esprit. Felix et Moses auraient apprécié.



Antoine Leboyer

 

 

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