About us / Contact

The Classical Music Network

Lausanne

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Une Butterfly plus vraie que nature

Lausanne
Salle Métropole
02/22/2009 -  et les 25*, 27 février, 1er mars 2009
Giacomo Puccini: Madama Butterfly

Hiromi Omura (Madama Butterfly), Mario Malagnini/Valter Borin* (Pinkerton), Mika Shigematsu (Suzuki), Angel Odena (Sharpless), Yosep Kang (Goro), Kwang Il Kim (Prince Yamadori), Taihwan Park (Oncle bonze), Delphine Gillot (Kate Pinkerton), Florent Blaser (Officier)
Chœur de l’Opéra de Lausanne, Véronique Carrot (chef de chœur), Sinfonietta de Lausanne, Jean-Yves Ossonce (direction musicale)
Nicolas Joel (mise en scène), Bruno Schwengl (décors et costumes), Allain Vincent (lumières)


(© Marc Vanappelghem)


C’est une ovation comme il s’en produit rarement à Lausanne qui a accueilli Hiromi Omura, lorsque l’interprète de Madame Butterfly est venue saluer au terme de la représentation du chef-d’œuvre de Puccini. La chanteuse japonaise a tapé dans le mille, réussissant avec panache à émouvoir les spectateurs, certains aux larmes, par son portrait tout en finesse de la jeune fille éperdument amoureuse, dévouée jusqu’à la mort à l’homme qu’elle aime. Petite et mince, elle pourrait correspondre presque point par point à l’héroïne imaginée par le compositeur, quand bien même elle n'a plus les 15 ans de la Cio-Cio-San du livret. Qui plus est, la voix est puissante, ronde et riche en couleurs, le timbre agréable; certes, le chant n’est pas sans quelques approximations stylistiques ni sans quelques notes forcées ou escamotées, mais qui paraissent bien peu de choses tant l’artiste semble ne faire qu’un avec son personnage, une osmose qu’on ne rencontre pas souvent sur une scène d’opéra, du moins à un tel degré. Un bonheur n’arrivant jamais seul, cette performance est superbement complétée par les excellentes prestations de Mika Shigematsu en Suzuki confondante de dignité et d’Angel Odena en Sharpless sobre et distingué. Remplaçant Mario Malagnini malade, Valter Borin n’atteint pas les mêmes sommets, ne faisant malheureusement que forcer sa voix dans le rôle de Pinkerton, au point de finir la représentation totalement lessivé, mais on lui saura gré d'avoir sauvé la soirée. Dans la fosse, Jean-Yves Ossonce a l’art d’éviter le pathos et la grandiloquence, même si on peut regretter que l’effectif orchestral réduit ne puisse rendre entièrement justice à la partition luxuriante de Puccini.


Cette production venue tout droit de Toulouse est aussi un régal pour les yeux. Bruno Schwengl a conçu non seulement des costumes chatoyants mais aussi un magnifique décor japonisant stylisé, avec notamment un pont de bois que doivent franchir tous les visiteurs de Cio-Cio-San, comme autant de porteurs de bonnes et surtout de mauvaises nouvelles venant troubler la quiétude zen de la demeure de la geisha. La mise en scène est quant à elle réduite au strict minimum, Nicolas Joel s’étant apparemment contenté d’indiquer aux chanteurs où se tenir, avec notamment Butterfly chantant la plupart de ses airs les bras levés au ciel, mais qui s’en plaindra? Quelques trouvailles parsèment néanmoins le spectacle, comme le petit garçon de l’héroïne qui, alors qu’il était habillé en marin jusque-là, se retrouve en kimono devant des cerisiers en fleurs au moment où sa mère expire en tendant une main vers lui, comme s'il allait devenir en quelque sorte un ambassadeur du Japon aux Etats-Unis, son nouveau pays. A cet instant précis, on l’a dit, les lumières s’éteignent et l’ovation est sur le point de se déclencher, pour ce qui restera comme l’un des spectacles les plus émouvants de ces dernières saisons lausannoises.



Claudio Poloni

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com