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Bruckner ou Strauss ?

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
02/20/2009 -  et 19 février 2009 (London)
Joseph Haydn : Symphonie n°104 en ré mineur "Londres"
Anton Bruckner : Symphonie n°9 en ré mineur

Wiener Philharmoniker, Zubin Mehta (direction)


Zubin Mehta (© D.R.)


Année Haydn oblige, on comprendrait mal que la Philharmonie de Vienne négligeât le compositeur de La Création. Reste à savoir, diront certains, si la tradition qu’elle incarne n’a pas perdu sa légitimité à l’heure où l’on aspire à des lectures plus philologiques. Il suffit, pour répondre, de voir à quel rang se situe, dans les discographies comparées ou autres tribunes des critiques, un Leonard Bernstein. Bref, il y a de la place pour tout le monde, à condition qu’on secoue la poussière de l’habit et de la perruque. Ce n’est pas vraiment ce qu’a fait Zubin Mehta dans l’ultime symphonie du maître, lui qui n’a d’ailleurs jamais passé pour un grand haydnien devant l’Eternel. Certes l’Adagio introductif échappe à l’emphase, mais l’Allegro, qu’on sent d’abord bonhomme, se révèle vite un rien pataud, peu dynamique, voire paresseux, donnant seulement l’impression d’une machine bien huilée avec une articulation trop uniforme. Joli et dodu, l’Andante s’accommode mieux de ce traitement, en particulier parce qu’on savoure les sonorités raffinées de l’orchestre ; les éclairages, pour les différentes variations, restent néanmoins peu diversifiés et ne rendent pas vraiment justice à ces rebonds, à ces ruptures qui rendent si inventif ce mouvement lent. Du Menuet, impeccable et sans histoire, ni vert ni lourd, on retiendra surtout le Trio, plein de charme viennois. C’est le Finale, à l’énergie maîtrisée, que le chef indien réussit le mieux, si l’on accepte d’y sentir, au-delà de son apparente rusticité, un élan et un souffle quasi beethovéniens.


On se doutait bien que la Neuvième de Bruckner irait mieux à Zubin Mehta – son premier disque avec la Philharmonie de Vienne, qui fit sensation en 1965, était déjà l’ultime symphonie du compositeur. Cela dit, il n’en propose pas une lecture au mysticisme décanté, optant plutôt pour une générosité quasi straussienne – Strauss, d’ailleurs, l’inspire souvent : il flatte le col et les rondeurs de son orchestre plus qu’il ne les émousse. Voilà un Bruckner capiteux, qui a plutôt une vision hédoniste de l’éternité : toujours parfumé, l’air s’y raréfie d’autant moins que les tempos paraissent amples. Du moins le chef évite-t-il tout statisme dans le premier mouvement, dont il préserve le misterioso angoissé, alors qu’il ne laisse pas de veiller à l’équilibre entre les pupitres, notamment dans des crescendos où les vents n’étouffent jamais les cordes. On ne redira pas, jusque dans le moindre pizzicato, la beauté des sonorités viennoises, qui ne nuit jamais à la puissance et à la grandeur, comme dans une coda quasi apocalyptique. Le Scherzo est sombre, voire noir, « Inferno » à la fois panique et tellurique, presque volontairement pesant, sans doute afin de mieux mettre en exergue la rapidité ailée du Trio – inimitables Viennois. L’Adagio final dit-il vraiment adieu à la vie comme nous l’indique l’autographe, pour nous conduire au ciel ? Il y a peut-être ici quelque chose de trop lyrique, de trop passionné dans la majesté. Les sonorités sont cependant si belles, si envoûtantes qu’on se laisse séduire : le Sehr langsam de l’exposition, où cordes et bois rivalisent de rondeur, semble d’une absolue beauté. C’est ça, l’éternité ? On pense plutôt à l’apothéose de quelque Vie de héros. Mais la mariée, après tout, n’est jamais trop belle. Quoi qu’il en soit, comme avec Seiji Ozawa, on se sent beaucoup mieux chez Bruckner que chez Haydn.


Le site de l’Orchestre philharmonique de Vienne
Le site de Zubin Mehta



Didier van Moere

 

 

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