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Sang, stupre et sexe

Geneva
Grand Théâtre
02/13/2009 -  et les 16*, 19, 22, 25 et 28 février 2009
Richard Strauss: Salomé

Kim Begley (Hérode), Hedwig Fassbender (Hérodiade), Nicola Beller Carbone (Salomé), Alan Held (Jokanaan), Jussi Myllys (Narraboth), Carine Séchaye (Le Page d'Hérodiade), Matthias Aeberhard (Premier Juif), Alain Gabriel (Deuxième Juif), François Piolino (Troisième Juif), Michael Howard (Quatrième Juif), Phillip Casperd (Cinquième Juif), Marc Mazuir, Simon Kirkbride (Deux Nazaréens)
Orchestre de la Suisse Romande, Gabriele Ferro (direction musicale)
Nicolas Brieger (mise en scène), Raimund Bauer (décors), Andrea Schmidt-Futterer (costumes), Alexander Koppelmann (lumières)


(© GTG)


La nouvelle production de Salomé du Grand Théâtre de Genève est le spectacle de tous les excès. Dans le palais d’Hérode en effet, tout n’est ici que violence, débauche et luxure. Un astucieux décor penché (Raimund Bauer) symbolise la décadence d’une société dans laquelle les femmes sont soumises, humiliées, brutalisées et violées. Il n’en a sûrement pas été autrement de Salomé, qui vit dans la souffrance perpétuelle d'un traumatisme originel. Adolescente gothique, toute de noir vêtue, l'héroïne a la pâleur de la mort, en quête plus de vengeance que d'amour ou même d'affection. Dans le paroxysme de sa folie, elle serre contre elle la tête du prophète qui n’en finit pas de saigner. Images fortes pour un spectacle choc, terriblement prenant, sans concessions, où le parti pris s'inscrit certes d'emblée, mais au moins avec le mérite d'être intelligent et cohérent. Après la Trilogie du Diable mise en scène par Olivier Py, Nicolas Brieger signe sans conteste ce qui restera comme un des spectacles phares de la saison genevoise. On se souviendra aussi longtemps de la Danse des sept voiles, durant laquelle Salomé et Hérode sont enlacés dans une toile noire, au travers de laquelle on devine que le beau-père abuse une nouvelle fois de la jeune fille, qui se vengera par la suite en sodomisant brutalement son agresseur.


Si cette production genevoise atteint une telle intensité, c’est aussi grâce à la présence incandescente dans le rôle-titre de Nicola Beller Carbone, une révélation. Aussi bonne comédienne que chanteuse, l’artiste allemande irradie le plateau de sa présence et porte le spectacle sur ses épaules, en véritable bête de scène. Même si elle n’est pas puissante, la voix n’en demeure pas moins claire et expressive, s’imposant sans devoir recourir aux cris, au contraire de bien d’autres Salomé. Le reste de la distribution est à l’avenant, avec une mention spéciale pour l’Hérode de Kim Begley, le Jochanaan d’Alan Held, l’Hérodiade d’Hedwig Fassbender et le page de Carine Séchaye, tous excellents. Seul bémol, la direction musicale de Gabriele Ferro, qui paraît bien sage et terne, comme si scène et fosse ne jouaient pas la même partition.



Claudio Poloni

 

 

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