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Faust est une jeune fille pacifiste

Madrid
Teatro Real
02/13/2009 -  et 15, 16*, 17, 18, 20, 22, 23
Leonardo Balada: Faust-bal
Ana Ibarra (Faust-bal), Cecilia Díaz (Amazona), Gerhard Siegel (Margarito), Tómas Tómasson (Mefistofeles), Stefano Palatchi (Dios), Fernando Latorre (Juez)
Chœur d’Enfants de la Communauté de Madrid, Félix Redondo (direction), Chœur et Orchestre du Teatro Real, Peter Burian, (chef des chœurs), Jesús López Cobos (directeur musical)
Joan Font, Comediants (mise en scène), Joan Guillén (décors et costumes), Xavi Dorca (chorégraphie)


(© Javier del Real)


Un livret naïf, un féminisme naïf et un poème qui l'est tout autant. Cette allégorie sur le pacifisme déborde de lieux communs dans une variation sur le thème de Faust (ici, Faust est une femme, peut-être l’Ewig-Weibliche goethéenne; Marguerite est un homme, militaire belliciste). Un diable et un bon Dieu un peu "menfoutistes" sont aussi au rendez-vous. On n’attendait pas cela d’un auteur dramatique devenu pourtant un classique comme Fernando Arrabal (avec une vocation d'enfant terrible), dont la gloire des années 60 et 70 semblait ne rien perdre de sa force. Peut-être vaut-il mieux ne pas raconter l’histoire, ne pas donner de détails sur un texte dont la lecture fait parfois un peu honte.


Heureusement, la musique de Leonardo Balada transcende le texte. Balada est un compositeur très intéressant qui vit aux Etats-Unis, un hispano-américain parfois plus américain qu'hispanique. C'est expert en écriture vocale (en anglais) et on a pu voir deux de ses opéras de grande qualité, à Madrid, au Teatro de la Zarzuela, au début de la saison 2007-2008. Balada est l’auteur d’une vingtaine de pièces théâtrales lyriques, ce qui prouve une inspiration et une vocation intenses en tant que musicien.


Mais quid de l’opéra en langue espagnole ? Cela « ne sonne pas », cela ne sonne jamais, ou presque. Le meilleur opéra espagnol du XXème siècle, La Dueña, de Roberto Gerhard, est en anglais. Deux jeunes compositeurs, plus très jeunes au demeurant, donnaient vers la fin des années 80 deux opéras intéressants, Fernández Guerra (Sin demonio no hay fortuna, un petit Faust, comme chez Arrabal et Balada, mais très différent) et José Ramón Encinar un Fígaro inspiré de Beaumarchais. Balada se dote ici d'un orchestre riche, coloré, où les effets dramatiques et les passages dansés ne manquent pas. Et puis, il y a un maestro de qualité, Jesús López Cobos, qui sait extraire toute cette richesse de la partition. Les chanteurs font de leur mieux, mais les lignes vocales sont souvent ingrates. Faisons mention d’Ana Ibarra, soprano versatile dotée d'une très belle voix, dans le drôle de rôle de Faust-bal.


Si le compositeur a ignoré le texte, la mise-en-scène, elle, a méconnu les deux. Joan Font et Comediants, un groupe catalan aux origines imprécises aujourd’hui spécialisés dans les événements politiques, sociaux, spectaculaires, mignonnets, ont bâti un petit conte de fées non dénué d’imagination. Une belle chorégraphie, de bons danseurs et danseuses… Le résultat global, loin d'être beau, est tout au plus correct. Même un peu ridicule, parfois. On ne s’ennuie pas, mais c'est tout comme. Dommage que le Teatro Real ne parvienne pas à trouver un opéra moderne artistiquement valable. Les créations au Teatro Real n'ont certes pas toutes manqué de qualités, même si certains échecs retentissants ont été présentés comme des triomphes par les médias.



Santiago Martín Bermúdez

 

 

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