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Ozawa parisien et brucknérien

Paris
Opéra Bastille
02/07/2009 -  
Joseph Haydn : Symphonie concertante pour hautbois, basson, violon et violoncelle en si bémol majeur
Anton Bruckner : Symphonie n°1 en ut mineur, A 77

Olivier Doise (hautbois), Laurent Lefèvre (basson), Maxime Tholance (violon), Aurélien Sabouret (violoncelle)
Orchestre de l’Opéra national de Paris, Seiji Ozawa (direction)


Seiji Ozawa (© Franck Ferville/Opéra national de Paris)


Après Jonathan Nott, Georges Prêtre et Semyon Bychkov, voici Seiji Ozawa, toujours sans baguette ni partition, à la tête de l’Orchestre de l’Opéra, pour un programme où on ne l’attendait pas vraiment.


La Symphonie concertante de Haydn, à vrai dire, laisse sceptique. Certes le chef japonais, s’il reste dans une sage tradition, évite toute lourdeur dès l’Allegro initial, mais il y semble presque paresseux, à l’instar des solistes, qui se fondent trop dans l’orchestre même s’il ne s’agit pas d’un concerto à proprement parler. Maxime Tholance et Aurélien Sabouret, dont on connaît les grandes qualités, font d’ailleurs assez pâle figure, laissant Olivier Doise et Laurent Lefèvre sauver l’esprit concertant. L’Andante convainc davantage : le chef y témoigne d’une grande souplesse rythmique et essaie de faire dialoguer au mieux les solistes et l’orchestre. L’Allegro con spirito final souffre des mêmes défauts que le premier mouvement, notamment du côté des solistes, encore trop discrets dans leur récitatif ; pour légère qu’elle soit, la direction manque de sel et de piquant, faute de franchir les frontières d’un classicisme de bon ton. Il faut se méfier de « Papa Haydn » : il est rarement pépère. On ne s’étonne d’ailleurs qu’à moitié de rester sur sa faim : Ozawa ne passe guère pour un « haydnien » et l’orchestre n’a jamais joué d’opéra du compositeur autrichien.


Ce n’est pas qu’il joue souvent Bruckner – Ozawa non plus, même s’il a gravé la Septième. Mais ils ont visiblement travaillé à fond cette Première Symphonie, si rarement donnée alors que la Deuxième s’entend davantage et que l’orchestre n’a, sauf erreur, jamais interprétée. Bien que l’on reconnaisse d’emblée la manière du compositeur, elle ne constitue pas une de ces architectures grandioses et mystiques comme les plus célèbres, ce qui impose d’emblée une interprétation évitant toute emphase. Ozawa, justement, la dirige avec à la fois de la fraîcheur et de l’énergie. Il imprime à l’Allegro molto moderato initial une tension rythmique constante qui évite toute discontinuité, privilégiant la polyphonie plutôt que les effets de masse, notamment dans les crescendos ; il évite tout pathos et déchaîne une véritable éruption dans la coda : l’œuvre, du coup, paraît très moderne. Pas davantage de pathos dans l’Adagio, lumineux et chaleureux, aux phrasés souples et aux sonorités fluides, jusqu’à ce que les dernières mesures baignent dans des sonorités éthérées où l’orchestre confirme qu’il peut jouer les plus beaux pianissimos de Paris. Le Scherzo, en revanche, est propulsé avec une fougue volcanique, des rythmes et des contrastes abrupts ; on aimerait seulement un Trio un peu plus pastoral dans l’esprit. Le chef enflamme enfin l’Allegro con fuoco, qu’il construit néanmoins rigoureusement, alors que ce finale constitue le mouvement le plus problématique de la partition, sans jamais donner l’impression de répétition dans les ostinatos, faisant jubiler tout l’orchestre dans une coda dionysiaque. Une Première de Bruckner remarquable de maîtrise et de précision, où l’on aurait cependant pu mettre davantage d’abandon – mais sans doute fallait-il d’abord l’apprivoiser.



Didier van Moere

 

 

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