About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Alla Turca

Paris
Opéra Comique
01/31/2009 -  et 2* février 2009
Wolfgang Amadeus Mozart : Die Entführung aus dem Serail (Ouverture), K. 384 – Alla Turca de la Sonate pour piano n° 11, K. 300i [331] (orchestration Auber)
François Adrien Boieldieu : Le Calife de Bagdad (Ouverture)
Gioacchino Rossini : Il Turco in Italia (Ouverture)
Ludwig van Beethoven : Marcia alla Turca (extraite de «Die Ruinen von Athenen»), opus 113 n° 4
Léopold de Meyer : Marche triomphale d’Isly, opus 30 (création française) – Air guerrier des Turcs, opus 22 (orchestrations Hector Berlioz)

Agnès Terrier (commentaire)
Orchestre-Atelier OstinatO, Jean-Luc Tingaud (direction)


Jean-Luc Tingaud (© Vincent Lappartient)



Parallèlement à chacune de ses productions lyriques, l’Opéra Comique propose, sous le titre «Rumeurs», différentes initiatives (concerts, récitals, expositions, colloques, lectures, projections) destinées à éclairer et à approfondir l’œuvre présentée au même moment à Favart. C’est donc «Sous le charme des bandits» qu’on s’instruit – à tout âge, car un effort particulier est accompli à destination du jeune public – sur «Auber et son temps», au moment même où Fra Diavolo fait son retour à l’affiche de Favart (voir ici). Donné à deux reprises, le programme «Alla Turca... de Mozart à Auber» de l’Orchestre-Atelier OstinatO, dirigé par son fondateur Jean-Luc Tingaud, apparaît exemplaire d’une telle démarche, permettant de façon pédagogique d’explorer des chemins nouveaux mais aussi de considérer les sentiers battus sous de nouveaux angles de vue.


Sans doute le doit-on également aux commentaires d’Agnès Terrier, offrant, dans un langage clair, concis et précis à la fois, autant de niveaux de compréhension que le nécessite la diversité des générations de spectateurs. Les considérations historiques (l’intégration des instruments «turcs» – percussions, piccolo, contrebasson – dans l’effectif traditionnel et l’évolution de l’image du Moyen-Orient dans la société et, partant, dans la musique) alternent ainsi avec l’explication par le chef de quelques éléments de base (tempo, rythme, polyphonie, pupitres, nuances dynamiques) qu’on appellerait, en d’autres lieux, «minutes du professeur Solfège». Place aux jeunes aussi sur scène, avec un Orchestre-Atelier OstinatO aux soli et aux attaques certes plus ou moins assurés, mais auquel il faut savoir gré de défendre ce répertoire avec autant d’enthousiasme.


Une formule aussi plaisante qu’intelligente pour évoquer ces «turqueries» inspirées par le vaste empire ottoman: il aurait certes été possible de remonter à Lully ou de poursuive jusqu’à Saint-Saëns ou Henri Rabaud pour faire le tour de l’orientalisme dans la musique française, mais fort logiquement, l’exercice a été circonscrit au (long) temps d’Auber (1782-1871), ce qui ne suscite aucun regret grâce à un choix d’œuvres particulièrement judicieux. Difficile en effet de commencer sans L’Enlèvement au sérail (1782) de Mozart, d’autant qu’elle date de l’année même de la naissance d’Auber. Et quelle bonne idée que de faire entendre deux autres ouvertures dans le style correspondant, en France et en Italie, au singspiel mozartien: d’abord celle, devenue bien rare, du Calife de Bagdad (1800) de Boieldieu, qui est ici chez lui, puisque c’est de son nom qu’a été baptisée la place sur laquelle s’ouvre le parvis de l’Opéra Comique. Et son style, par ses crescendos, annonce Rossini, dont on entend ensuite Le Turc en Italie (1814).


Mais les «musiques turques», ce sont avant tout des marches: avant la Neuvième symphonie, Beethoven écrit ainsi un Alla marcia turca pour la musique de scène des Ruines d’Athènes (1812). Mozart, ici encore, avait évidemment ouvert la voie, avec l’Alla turca final de sa Onzième sonate pour piano (1778): c’est une joie de le découvrir dans une adaptation inédite d’Auber, qui, réalisée en son temps pour les besoins d’un ballet, devrait désormais devenir un tube pour les orchestres en mal de bis.


Autre inédit, et même sans doute en première française, la Marche d’Isly (1845) de Berlioz, qui est en réalité une orchestration de la Marche triomphale d’Isly (1844) du compositeur d’origine autrichienne Léopold (de) Meyer (1816-1883). Pierre-René Serna laisse planer le doute sur l’auteur de cette instrumentation, qui n’a d’ailleurs pas été incluse dans la New Berlioz Edition, mais beaucoup d’éléments semblent militer pour qu’elle soit attribuée à Berlioz: il n’y a pas de doute qu’il l’ait orchestrée, mais on ne sait si est le manuscrit retrouvé voici près d’un siècle est bien de lui. Quoi qu’il soit, l’orchestrateur transpose au demi-ton supérieur, de bémol à , ainsi que... Berlioz l’avait fait quatre ans plus tôt pour L’Invitation à la valse de Weber. Cela étant, la réalisation paraît quelque peu surdimensionnée au regard de l’intérêt somme toute limité de cette page aimable, dansante plus que militaire.


Mais Berlioz devait avoir de l’estime pour Meyer, puisqu’il orchestra également en 1845, sous le titre de Marche marocaine, son pittoresque Air guerrier des Turcs: un travail d’attribution cette fois-ci incontestée, sur lequel Berlioz a effectivement apposé clairement sa marque. Non seulement l’effectif, qui s’était déjà augmenté d’un saxhorn pour la précédente marche, s’étend au serpent (ophicléide) et au chapeau chinois chers à son cœur, mais il a enrichi la pièce d’une coda bien berliozienne dans ses excès.


Le site de l’Orchestre-Atelier OstinatO



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com