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Deux grands Stravinski de petit format

Madrid
Teatro Real
01/20/2009 -  et 21 janvier
Igor Stravinski: Oedipus Rex – Le Rossignol
Œdipus Rex: Aleksandr Timchenko (Œdipe), Zlata Bulycheva (Iocasta), Evgeni Nikitine (Créon), Alexei Tanovitski (Tirésias)

Le Rossignol: Olga Trifonova (Le rossignol), Marina Shaguch (La cuisinière), Aleksandr Timchenko (Le pêcheur), Evgeni Nikitine (L’empereur), Alexei Tanovitski (Le chambellan)
Chœur et orchestre du Théâtre Marinsky de Saint Petersbourg, Andrei Petrenko (chef du chœur), Valery Gergiev (direction)
Version de concert


Valery Gergiev (© Javier del Real)


Après The Rake’s Progress (lire ici), voici d’autres opéras de Stravinski. Plus courts, il fallait donc une double affiche. Il n'y manquait qu’une exquise miniature, enregistrée trois ou quatre fois, et presque jamais vue, Mavra (moins de 25 minutes). Le Marinsky, théâtre si proche de la maison familiale des Stravinski à Saint Petersbourg, arrive à Madrid avec deux « petits grands opéras » du compositeur de Petrouchka.



Valeri Gergiev et le Marinsky sont de retour au Teatro Real. On se souvient de mise en scène frappante de Guerre et Paix il y a quelques années ainsi que de quelques concerts, entre autres un Semion Kotko (Prokofiev, aussi), il y a deux ans. Mais ce mardi 20 a été un vrai triomphe. Un Oedipus Rex pas vraiment hiératique (notons l’émouvant le solo de Zlata Bulycheva en Iocasta), un Rossignol dont l’équilibre confondant et trop détonnant entre Rimski et le « post-Sacre » tombait décidément du côté « moderne » malgré la ligne très rimskienne de l’oiseau protagoniste (magnifique, impressionnante Olga Trifonova, soprano légère, avec ses vocalises agiles, son vibrato perçant), un oiseau qui est cousin germain du Coq d’Or, le dernier opéra du maitre.



Le sens du théâtre de Gergiev demeure incontestable. À partir d’un chœur, d’un orchestre, et d’un théâtre qu’il maîtrise, il fait preuve de beaucoup de talent et de dévouement. Ces deux pièces, pas trop lointaines dans la production de Stravinski, toutes deux liées à Diaghilev, différentes sans être opposées, mais étrangères l’une de l’autre : le conte de fées et la tragédie athénienne, le charme un peu enivrant qui s’oppose à une espèce d’éloignement plus brechtien que « cocteau-stravinskien ». L’ensemble est « encore » brillant, plus long, ce qui a conquis le public. La fin de L’oiseau de feu depuis la danse infernale jusqu’à la scène finale, en passant par la Berceuse. Le succès fut incontestable.

Mais les solistes, bien évidemment, n’y étaient pas pour rien. Aleksandr Timchenko, ténor léger, lyrique, mais qui peut ouvrir sa voix et son expression dans de moments presque héroïques, chante un Œdipe très bien porté, très bien caractérisé. Mais Timchenko, dans le rôle de Pêcher du Rossignol montre qu’il n’est pas très éloigné de l’école russe des ténors très légers, les altinos , espèce qu’on croyait éteinte (le Iourodivi de Boris ou l’astrologue du Coq d’Or….). Alexei Tanovitski a une voix de basse pas vraiment profonde mais puissante : un très bon Tirésias. Le baryton Evgeni Nikitine, malgré des efforts qui ne passent pas inaperçus, tire son épingle du jeu dans les rôles de Tirésias et du Chambellan. On ne peut passer sous silence les évocations de Marina Shaguch (La cuisinière), soprano à la voix puissante, presque « redoutable », ni celle de la mezzo (contralto) Olga Savova, formidable dans le rôle de La Morte, petit rôle de la fin du Rossignol. Savova était Iocasta le 21, rôle interprété par Bulycheva par la suite. On regrette que l’acteur d’Oedipus s’exprimait en russe, mais si on sait bien, face au latin de Daniélou, que la tradition veut hélas que ce rôle s'exprime dans la langue de la création. Mais nous avions là un « produit » intégral du Marinsky. Et sans doute fallait-il le prendre comme tel.

Un succès indéniable malgré tout.



Le site du Teatro Real de Madrid



Santiago Martín Bermúdez

 

 

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