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Version oratorio Paris Opéra de Massy 01/16/2009 - et 28, 30 novembre 2008 (Ascoli Piceno), 17, 18* janvier 2009 (Massy) Giacomo Puccini : Turandot
Irina Gordei*/Elena Baramova (Turandot), Nicola Martinucci*/Francesco Anile (Calaf), Suzana Savic*/Gemma Cardinale (Liù), Andrei Kapralov (Timur), Carlo Assogna (Altoum), Donato Di Gioia (Ping), Stefano Pisani (Pang), Stefano Osbat (Pong), Alessio de Vecchis (Le Mandarin), Geny Bucci (Le Prince de Perse), Emidio Albanesi (Le boureau)
Coro Ventidio Basso di Ascoli Piceno, Carlo Morganti (chef de chœur), Philharmonisches Orchester der Stadt Trier, Anthony Barrese (direction musicale)
Gerhard Weber (mise en scène), Rocco Pugliese Eerola (décors et costumes), Ernesto Fabriziani (lumières)
(© Opéra de Massy)
Quinzième saison, déjà, pour l’Opéra de Massy, toujours sous l’impulsion de Jack-Henri Soumère, directeur général: une maison moderne et accueillante, un lieu de vie commode et agréable, une grande salle de 740 places qui programme théâtre, ballets, concerts et opéras. Bref, un bel outil dont sont loin de disposer toutes les villes de 40 000 habitants, mais qui, financé à plus de 50% par la municipalité, doit impérativement trouver des partenaires, notamment pour faire en sorte que le lyrique puisse être proposé au public à un prix abordable. Massy présente donc des productions extérieures (La Vie Parisienne, Les Quatre jumelles, La Chauve-Souris, Faust) ou s’associe à d’autres institutions: coproduction avec l’Opéra de Saint-Etienne d’un Così fan tutte à la jeune distribution particulièrement prometteuse (20, 22 et 24 mars), partenariat avec l’Ecole normale de musique pour une adaptation de Cendrillon de Massenet (26 et 27 mai).
De même, donnée à trois reprises à guichets fermés, cette Turandot (1924) est réalisée par les théâtres d’Ascoli Piceno et de Trèves, deux villes jumelées avec Massy: la cité de la région italienne des Marches, où le spectacle a été créé fin novembre dernier, fournit le chœur, tandis que la ville natale de Marx, située en Rhénanie-Palatinat, a délégué non seulement son orchestre philharmonique mais aussi son «intendant» pour la mise en scène. Cette alliance de forces se traduit par un résultat convaincant et solide, à défaut d’être véritablement renversant.
Aux antipodes du Regietheater, avec ses deux hallebardiers de rigueur côté cour et côté jardin, le travail de Gerhard Weber ne brille ni par son audace, ni par son inventivité, mais il a au moins le mérite de mettre en lumière – si l’on peut dire, compte tenu des éclairages grisâtres d’Ernesto Fabriziani – le fait que le livret comprend fort peu de scènes d’action. Au demeurant, les choristes, bien que n’émergeant qu’à moitié du plateau, et la plupart des chanteurs, adoptant une attitude soit trop raide, soit trop relâchée, ne se montrent même pas à la hauteur des exigences pourtant limitées de cette direction d’acteurs statique. Et c’est à peine si les numéros des trois ministres – mi-mandarins, mi-clowns – apportent un zeste de vie et d’humour. Pas de péplum oriental dans les décors de Rocco Pugliese Eerola, accumulation de marches et escaliers sombres ainsi que de panneaux coulissants: l’ensemble procure une sensation d’enfermement que la projection, en fond de scène, d’anciennes bandes d’actualités ou d’images, tantôt abstraites, tantôt concrètes (eau, nuages, fumées, flammes, lune, masque, ...), ne dissipe guère. Il signe également des costumes sobres, évoquant l’époque de Puccini, pour Liù, Calaf et son père, mais se conforme, pour Turandot et sa cour, à une vision plus convenue et clinquante de l’apparat impérial.
Bref, une «version oratorio» qui n’en confère que plus d’importance à l’exécution musicale proprement dite. Dans le programme de salle, Anthony Barrese, directeur musical et chef principal d’Opera Southwest (Albuquerque) depuis cette saison, s’il exprime son intérêt pour la réalisation de la seconde partie du dernier acte par Berio (2001) mais aussi par la musicologue américaine Janet Maguire (1988), n’en retient pas moins, conformément à l’usage, la partition telle qu’achevée par Alfano. Pas plus que la mise en scène et les décors il ne privilégie le monumental ou le sentimental, ce dont on peut lui savoir gré, tout en regrettant un effectif bien chiche en cordes. Personnage central du drame, plus sans doute que dans tout autre opéra de Puccini, le chœur compense par un constant engagement de réelles insuffisances vocales.
A la tête de l’une des deux distributions qui alternent pour les trois rôles principaux, la Biélorusse Irina Gordei, pâtissant d’un timbre peu flatteur et criant plus que de raison, caricature le tempérament autoritaire de Turandot et néglige la diction. En Calaf, le vétéran Nicola Martinucci, à près de soixante-huit ans et avec plus de quarante décennies de carrière à son actif, demeure étonnamment vaillant et solaire. Très à l’aise sur l’ensemble de sa tessiture, avec un beau sens du phrasé, la Serbe Suzana Savic s’impose sans peine en Liù. Hormis un Timur bien pâlichon, les seconds rôles sont opportunément confiés à des Italiens, parmi lesquels se distingue le Ping de Donato Di Gioia.
Le site de l’Opéra de Massy
Le site du Théâtre de Trèves
Le site du Théâtre Ventidio Basso d’Ascoli Piceno
Le site d’Anthony Barrese
Le site de Nicola Martinucci
Le site de Suzana Savic
Le site de Donato Di Gioia
Le site de Rocco Pugliese Eerola
Simon Corley
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