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Messe si mineure

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
01/13/2009 -  
Johann Sebastian Bach : Messe en si mineur, BWV 232

Cantus Cölln: Johanna Koslowsky, Yvona Lesniowska, Sabine Goetz, Heike Heilmann (sopranos), Elisabeth Popien, Alexander Schneider (altos), Hans Jörg Mammel, Georg Poplutz (ténors), Wolf Matthias Friedrich, Markus Flaig (basses)
Akademie für alte Musik Berlin, Konrad Junghänel (direction)


Konrad Junghänel (© D.R.)



A la tête de l’ensemble Cantus Cölln qu’il a fondé en 1987, c’est une Messe en si (1724-1749) à la manière de Joshua Rifkin que propose le luthiste Konrad Junghänel. Le chœur se trouve en effet réduit à dix unités (quatre sopranos et deux chanteurs pour chacun des autres pupitres), soit en fait, pour une œuvre dont l’«Osanna» est écrit à huit voix, une voix par partie, d’autant que l’ensemble des forces n’est pas toujours intégralement mobilisé.


En cette année qui marque le cent cinquantième anniversaire de la première exécution intégrale de cette Messe en public, la question des effectifs requis pour l’interprétation de cette musique demeure donc toujours d’actualité. Car ce concert montre qu’un tel choix, s’il est peut-être historiquement justifié, n’est pas sans inconvénients, indépendamment même de toute considération de volume sonore. Trop souvent s’impose en effet le sentiment d’une juxtaposition d’individualités, chacun tentant de tirer son épingle du jeu comme s’il se trouvait dans un finale d’opéra. Dès lors, paradoxalement, l’homogénéité paraît moins aboutie qu’avec une grande masse chorale, ce qui ne contribue à éclaircir ni le texte – le surtitrage obligeamment dispensé aux spectateurs n’en serait même plus superflu – ni la polyphonie, chaque pupitre étant en outre placé de part et d’autre de la scène. En outre, quittant les autres membres de l’ensemble pour venir devant l’orchestre, le choriste doit également se faire soliste pour donner les airs ou duos, avec les risques de fatigue inhérents à une prestation aussi lourde.


L’instrumental est à l’avenant: l’Académie de musique ancienne de Berlin ne compte que dix cordes – un nombre qu’on pourra toutefois juger suffisant, puisqu’elles parviennent sans peine à dominer des flûtes et hautbois anémiques dans les tutti. Du côté des cuivres (naturels), les trompettes se tirent nettement mieux d’affaire qu’un cor complètement à la dérive dans l’impossible solo du «Quoniam tu Solus Sanctus». Junghänel renonce aux fastes et aux séductions dont Bach le luthérien a entouré ces pages destinées au culte catholique. En ce sens, il tient d’Herreweghe, mais un Herreweghe privé d’inspiration et dont la direction raide ne parvient guère à retenir l’attention. Le tempo est rapide – la Messe est dite en moins de cent dix minutes – mais c’est l’impression d’un flux étale qui l’emporte, sans doute aussi en raison de la faible amplitude des nuances dynamiques. Seuls de rares moments («Et incarnatus», «Crucifixus») parviennent hélas à échapper à cette grisaille.


Quoiqu’assez inégal, le plateau vocal offre quelques consolations à l’auditeur. C’est le cas des deux ténors, Hans Jörg Mammel, très sobre dans le «Benedictus», et Georg Poplutz, qui forme un joli duo avec la soprano Yvona Lesniowska dans le «Domine Deus». Seule à se voir confier deux airs, l’alto Elisabeth Popien réussit mieux le «Qui sedes» que l’«Agnus Dei», aux graves trop peu assurés. Mais trop nombreux sont ceux qui manquent cruellement de projection et de charisme pour une salle telle que le Théâtre des Champs-Elysées, à l’exception de la basse Wolf Matthias Friedrich, dont le style surchargé et extérieur jure toutefois avec celui des autres chanteurs et des musiciens.


Le site de Cantus Cölln
Le site de l’Académie de musique ancienne de Berlin



Simon Corley

 

 

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