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Un message d’espoir

Paris
Salle Pleyel
12/21/2008 -  
Piotr Ilitch Tchaïkovski : Concerto pour violon en ré majeur, op. 35
Dimitri Chostakovitch : Symphonie n°8 en ut mineur, op. 65

Svetlin Roussev (violon)
Orchestre Français des Jeunes, Dennis Russell Davies (direction)


Dennis Russell Davies


A en juger par le concert de l’Orchestre Français des Jeunes, la crise ne touche pas les vocations musicales. Venus de tout l’Hexagone, dirigés par Dennis Russell Davies avant de l’être, pour leur prochaine session, par Kwame Ryan, ces musiciens de 16 à 25 ans, qu’encadrent des solistes de nos orchestres ou des professeurs de nos conservatoires, n’ont guère à rougir de la comparaison avec les formations parisiennes permanentes. Nul doute d’ailleurs que, parvenus à ce niveau, ils ne parviennent à intégrer les meilleures phalanges.


Pas une fausse note dans la colossale Huitième Symphonie de Chostakovitch, une homogénéité exemplaire de tous les pupitres, notamment des cordes, de superbes solos : on a beau avoir entendu, la même semaine, l’Orchestre de Paris, l’Orchestre National et le Philhar’, on a le sentiment d’assister à un superbe concert, alors qu’ils n’avaient pas donné l’œuvre depuis le mois d’août. L’Adagio initial témoigne déjà d’une maîtrise parfaite de la dynamique, avec un magnifique crescendo précédant l’Allegro – et quel beau cor anglais. Le chef américain dose impeccablement ses effets, jusque dans les climax où il n’est jamais bruyant. Tout au long de l’Allegretto, il se montre à la fois lyrique et grinçant, avant que les ostinati du fameux Allegro non troppo déclenchent une mécanique infernale magnifiquement rodée, pleine d’ironie, attaquée par des vents corrosifs. La passacaille désolée du Largo, comme l’Adagio au début, déroule une pâte sonore aussi dense que claire, où le lyrisme ne s’épaissit jamais. La Symphonie s’achève sur un Allegretto non moins réussi, jusqu’à l’apaisement ambigu des dernières mesures. Mais le travail de précision, indispensable à la mise en place de l’œuvre, va toujours de pair avec une véritable interprétation, puissante et poignante, chef et orchestre s’engageant pleinement dans les convulsions et les éclaircies de cette symphonie tant marquée par la guerre, créée en 1943 par Eugène Mravinski.


Le célébrissime Concerto pour violon de Tchaïkovski est la dernière œuvre que l’orchestre ait mise à son répertoire. Loin de verser dans le romantisme sirupeux ou de tirer les accents populaires du Finale vers les facilités du chromo, il reste d’une tenue toute classique, le chef préférant travailler sobrement sur la dynamique et la balance avec le soliste. La sobriété caractérise tout autant le jeu de Svetlin Roussev, entendu l’avant-veille comme premier violon du Philhar’ et remplaçant Laurent Korcia au pied levé ; il évite tout excès de vibrato et privilégie l’élégance de la ligne, comme dans le Bach donné en bis.


A la veille d’une année qu’on nous prédit fort sombre, ce concert constitue un message d’espoir et l’on attend avec impatience celui de la session d’été. Qui ose dire que les jeunes, en France, ne sont pas musiciens ?



Didier van Moere

 

 

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