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Messiaen, ses couleurs, ses rythmes et ses oiseaux

Bruxelles
Bozar, Salle Henry Le Bœuf
12/14/2008 -  
Olivier Messiaen: Eclairs sur l’Au-Delà
SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg, Sylvain Cambreling (direction)




Sylvain Cambreling (© D.R.)



Messiaen n’aura pas été oublié à Bruxelles cette année. Les commémorations atteignent leur comble aux alentours du 10 décembre, date à laquelle naquit, cent ans plus tôt, un des musiciens les plus singuliers du XXe siècle. Après Des canyons aux étoiles donné deux jours auparavant à Flagey par le Brussels Philharmonic-Vlaams Radio Orkest dirigé par Marc Soustrot, l’Orchestre symphonique de la SWR à Baden-Baden et Fribourg et Sylvain Cambreling se produisent au Bozar dans Eclairs sur l’Au-Delà (1987-1991), sa dernière partition achevée. Le chefdirigent de cette formation connaît très à fond l’œuvre symphonique du compositeur « coloriste-rythmicien-ornithologue » pour l’avoir enregistrée, avec cet orchestre, chez Hänssler. Cette affiche de choix n’aura pas été boudée par le public, venu relativement nombreux pour un concert de musique contemporaine, programmé qui plus est un dimanche soir.


Orchestre gigantesque, riche en bois, cuivres et percussions, thématique profondément religieuse, débauche de couleurs (du moins pour ceux doués, comme Messiaen, de synesthésie), complexité polyphonique, rythmique et harmonique par moments extrême (« Les Elus marqués du sceau »), mélodies « messiaenesques » infinies et, bien entendu, chants d’oiseaux à profusion – quarante-huit, comme le mentionne Harry Halbreich, ancien élève et spécialiste du maître, dans sa passionnante introduction, malheureusement abrégée faute de temps –, tout Messiaen réside dans ce véritable testament musical. Eclairs sur l’Au-Delà constitue-t-il pour autant le sommet de son œuvre ? Voire, car à l’écoute de cette grosse heure de musique, et malgré des passages de pure beauté, il est compréhensible que pour d’aucuns, Messiaen y fasse du Messiaen…


Cet Orchestre du Südwestrundfunk, rompu à la musique contemporaine, livre une exécution précise et engagée de cette commande de Zubin Mehta et du New York Philharmonic. Sylvain Cambreling n’omet pas ce que cette musique comporte de puissance et de solennité mais aussi de recueillement et de sérénité. Grâce à des tempi judicieusement lents, le climat des cinquième (« Demeurer dans l’Amour ») et ultime mouvements (« Le Christ, lumière du Paradis ») ne tardent pas à s’installer. Les pupitres, savamment équilibrés entre eux, se montrent juste de style et virtuose. Les cordes, en particulier, peuvent se montrer fine et discrète, qualité que l’on n’attribuera pas aux toux de certains spectateurs.


Le SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg et Sylvain Cambreling reviendront au Bozar le 31 mars dans des œuvres de Luciano Berio et Mark Andre, concert lui aussi inscrit dans le cadre de la saison Ars musica.


Le site de l’Orchestre symphonique du SWR de Baden-Baden et Fribourg




Sébastien Foucart

 

 

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