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24 heures chrono

Paris
Théâtre du Châtelet
12/10/2008 -  et 11, 12*, 13, 14, 15, 16, 18, 19, 20, 21, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 30, 31 décembre 2008, 1er, 2, 3, 4 janvier 2009
Leonard Bernstein : On the Town (création française)
Tim Howar (Ozzie), Adam Garcia (Chip), Joshua Dallas (Gabey), Sarah Soetaert (Ivy Smith), Caroline O’Connor (Hildy Esterhazy), Lucy Schaufer (Claire de Loone), Sheila Reid (Madame Maude P. Dilly), Jonathan Best (Juge Pitkin W. Bridgework), Janine Duvitski (Lucy Schmeeler), Alison Jiear (Diana Dream/Dolores Dolores), Rodney Clarke (Ouvrier/Maître de cérémonies/Annonceur/Rajah Bimmy/Membre du jury du concours de danse)
Chœur du Châtelet, Alexandre Piquion (chef de chœur), Orchestre Pasdeloup, David Charles Abell*/Samuel Jean (direction musicale)
Jude Kelly (mise en scène), Stephen Mear (chorégraphie), Robert Jones (décors et costumes), Mark Henderson (lumières)


(© Marie-Noëlle Robert)


Leonard Bernstein revient chaque année au moment des fêtes au Châtelet, mais il est vrai qu’il est né... un 25 décembre. Après Candide en 2006 (voir ici) et West Side Story en 2007 (voir ici), voici venu, pour vingt-huit représentations, On the Town (1944), dans une production créée en 2005 à l’English National Opera. Ce spectacle partage des points communs avec ses prédécesseurs: comme Candide, l’œuvre est ici donnée en création française; comme West Side Story, elle a connu une postérité cinématographique, grâce à Stanley Donen et Gene Kelly, sous le titre Un jour à New York (1949) et, surtout, elle est cosignée avec le chorégraphe Jerome Robbins – ce fut même la première collaboration entre les deux artistes, alors tous deux âgés de vingt-cinq ans.


Ce musical en deux actes sur un livret et des lyrics de Betty Comden et Adolph Green est issu d’un ballet, Fancy Free, dont la première avait eu lieu huit mois plus tôt. Les passages dansés tiennent donc une place importante, notamment pour illustrer le rêve de Gabey au second acte, de même que les dialogues parlés, qui ralentissent quelque peu le premier acte malgré les bonnes idées de mise en scène de Jude Kelly. Stephen Mear n’a pu (ni voulu) reconstituer la chorégraphie originale, mais il confère aux vingt-deux danseurs ainsi qu’aux chanteurs le dynamisme et l’entrain propres à ce répertoire.


Les décors et costumes de Robert Jones situent explicitement l’action dans son époque (juin 1944), de façon tantôt réaliste, avec squelettes de dinosaure et... de cab, tantôt plus stylisée: les lourdes barres métalliques rivetées des installations portuaires deviennent ainsi tour à tour voiture de métro, comptoir de bar ou bien rampe lumineuse des night-clubs et de la fête foraine, facilitant les nombreux et rapides changements que requièrent les dix-neuf scènes des deux actes. La guerre n’est pas encore finie et la une des journaux fait état de 561 morts dans la destruction de trois navires: une épée de Damoclès qui ne confère que plus de valeur à la parenthèse de vingt-quatre heures dont disposent les trois matelots en permission. Dans ces conditions, pas une minute à perdre pour la bringue: un appétit de vie qui s’accorde à la trépidation new-yorkaise, célébrée dès le premier numéro.


Cette folle journée s’inscrit dans une parfaite unité de temps, qui débute avec le débarquement à six heures du matin pour s’achever par le départ le lendemain à l’aube, avec pour fil rouge une poursuite digne d’un film burlesque, dont les rangs gagnent au fur et à mesure de nouveaux protagonistes. La grande ville offre une série de rencontres des plus pittoresques: anthropologue nymphomane, chauffeur de taxi déjantée, juge plein de «compréhension» pour les écarts de conduite de sa future fiancée, professeur de chant portée sur la bouteille, c’est une galerie de portraits de héros ordinaires, aux noms les plus improbables (Claire de Loone, Brünnhilde Esterhazy, Pitkin E. Bridgework, Maude P. Dilly, Lucy Schmeeler), où chacun erre à la recherche de sa chacune en essayant d’oublier la fuite du temps. Vocalement aussi bien que dramatiquement, les titulaires de ces rôles bien caractérisés incarnent leur personnage avec un abattage réjouissant. Interchangeables, les trois marins paraissent en revanche plus fades, de même que la très recherchée Ivy Smith, élue «miss Tourniquet», reine d’un mois du subway.


Avec son aisance coutumière, même si West Side Story recèle bien davantage de «tubes», Bernstein passe d’un style à l’autre, jazz symphonique, rythmes latinos et même pastiche classique pour le rôle du juge, confié ici à une solide voix lyrique, Jonathan Best – et cela s’entend. Sous la direction de l’Américain David Charles Abell, présenté comme un disciple du compositeur, l’Orchestre Pasdeloup a le swing plus vigoureux que léger, mais cette impression tient sans doute aussi à une sonorisation parfois tapageuse.


Bernstein et Robbins triomphèrent avec On the Town, mais une décennie plus tard, West Side Story devait revêtir une toute autre dimension. Cela étant, il serait dommage de rater la rare occasion de voir sur scène cette comédie musicale, servie par une production globalement réussie et tout à fait appropriée à la période de Noël.


Le site de David Charles Abell
Le site de Tim Howar
Le site d’Adam Garcia
Le site de Caroline O’Connor
Le site de Lucy Schaufer



Simon Corley

 

 

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