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Musique française au National

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
12/04/2008 -  
Georges Bizet : Symphonie en ut
Maurice Ravel : Concerto pour la main gauche
Florent Schmitt : La Tragédie de Salomé, opus 50

Boris Berezovsky (piano)
Orchestre national de France, Yannick Nézet-Séguin (direction)


B. Berezovsky (© Vincent Garnier/Mirare)



Avec à sa tête un chef québécois de trente-trois ans, le National n’en a pas moins joué un programme typique de ceux qu’il aurait pu donner dans les années 1950 – ou du moins de l’idée qu’on peut s’en faire –, entièrement consacré à la musique française. Avec une gestuelle nerveuse et extravertie qui rappelle celle d’Emmanuel Krivine, Yannick Nézet-Séguin confère l’élan nécessaire à la juvénile Symphonie en ut (1855) de Bizet – de fait, trois des mouvements sont marqués vivo ou vivace. Si ce parti pris apparaît trop appuyé, prenant le risque de la précipitation et, surtout, de la raideur, la veine lyrique du jeune Bizet n’en est pas moins généreusement soulignée.


Au lendemain de la prestation de Denis Matsuev dans le Troisième concerto de Prokofiev (voir ), la venue de Boris Berezovsky corrobore le cliché d’une école de piano russe caractérisée par son aisance inébranlable, son jeu solide et puissant, ses doigts d’acier qui savent ne pas cogner. Mais l’acier est froid: il n’est certes point besoin d’en rajouter dans le Concerto pour la main gauche (1930), mais cette façon de prendre du recul, de se refuser à tout artifice décoratif, au sentiment et même à l’expression, qui était déjà la sienne dans les Concertos de Chopin en janvier dernier (voir ici), aura sans doute déçu les tenants d’une vision plus sombre et poignante de cette œuvre marquée, peut-être plus encore que toute autre chez Ravel, par la Première Guerre mondiale. Non sans panache, toute la fin du Concerto, à partir du solo de basson, est reprise en bis.


Le cinquantenaire de la disparition de Florent Schmitt est passé bien inaperçu, tant au disque qu’au concert. Faut-il y voir des raisons autres que musicales? Toujours est-il qu’on peut regretter, pour s’en tenir au seul domaine orchestral, qu’une page aussi forte que le Psaume XLVII ait quasiment quitté le répertoire, sans parler de la Symphonie concertante ou de la Seconde symphonie. Quant à La Tragédie de Salomé (1907/1909), Stravinski, à qui elle fut dédiée, y trouva l’une des rares occasions d’exprimer son admiration (et de la traduire dans son propre Sacre du printemps) – trente ans plus tard, les deux compositeurs, en concurrence pour la succession de Dukas à l’Institut, se brouillèrent, Schmitt l’emportant finalement sur son rival.


Même privé de son chœur de femmes, ce «poème chorégraphique» à l’orientalisme sans facilité demeure instrumentalement somptueux, ouvrant une belle floraison de ballets symphoniques, de Daphnis et La Péri jusqu’à Bacchus et Ariane en passant par Cydalise et le Chèvre-pied. D’une baguette plus transparente que capiteuse, animant la partition avec un grand sens dramatique, Nézet-Séguin fait ressortir en quoi cette musique renvoie bien plus à Debussy ou Ravel qu’à Strauss, dont la Salomé n’est antérieure que de deux ans.


Le site de Yannick Nézet-Séguin



Simon Corley

 

 

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