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Tir manqué Strasbourg Opéra du Rhin 02/19/1999 - et 21, 27 février, 2, 4, 6, 8 mars 1999 Carl Maria von Weber : Der Freischütz Claudia Kunz (Agathe), Gabriele Rossmanith (Ännchen), Stephen Bronk (Kaspar), Torsten Kerl (Max), Hans Sisa (Kuno), Christoph Fel (l’ermite)
Choeur de l’Opéra national du Rhin, Orchestre Philharmonique de Strasbourg, Theodor Guschlbauer (direction musicale)
André Engel (mise en scène) Prenant le total contre-pied de la plupart des productions actuelles qui tendent vers l’épuration, le minimalisme et la suggestion, André Engel s’accroche à une interprétation primaire de l’univers du Freischütz. L’opéra se déroule dans le milieu des chasseurs, dans la forêt allemande : qu’à cela ne tienne ! Le metteur en scène écrase le plateau d’énormes troncs d’arbres en carton pâte, il bâtit un immonde chalet préfabriqué ou déroule une pelouse de terrain de golf. En un mot, les décors atteignent le plus parfait mauvais goût. On pourrait oublier cet élément de taille si la direction d’acteur se révélait brillante. Ce qui n’est pas le cas. La caractérisation des personnages est inexistante et elle n’est pas compensée par des chanteurs qui sont loin d’être des comédiens émérites. L’Agathe de Claudia Kunz est fade et lourde. A aucun moment elle ne provoque la moindre émotion. Le fameux " Leise, leise " est complètement massacré par une absence de legato dans les phrasés, par un vibrato envahissant, par un manque de musicalité évident. Ännchen oublie quant à elle la désinvolture et l’espièglerie. La voix n’affiche ni piquant, ni légèreté. Les attitudes de Gabriele Rossmanith sont artificielles. Cela sonne faux. Max n’est guère plus convaincant, coincé et maladroit, à mille lieux de l’amoureux transi et effrayé. Seul Kaspar apporte un peu de tension et de vie à ce drame par un jeu toujours juste et inquiétant, bien que les possibilités vocales n’aient rien de remarquables. Heureusement, malgré ces trop nombreux écueils, la musique demeure, superbe et dépaysante, servie par un orchestre haut en couleur, atteignant son point culminant au moment de la scène de la gorge au loup où une spatialisation sonore produit un effet particulièrement éloquent. Les choeurs sont d’ailleurs l’un des seuls points positifs de ce spectacle décevant, très en deçà des productions habituelles de l’Opéra du Rhin. Constance Muller
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