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Déroutant

Paris
Opéra Bastille
11/24/2008 -  
Johannes Brahms : Symphonie n° 3, opus 90
Modeste Moussorgski : Tableaux d’une exposition (orchestration Maurice Ravel)

Orchestre de l’Opéra national de Paris, Georges Prêtre (direction)


G. Prêtre (© Franck Ferville/Opéra national de Paris)


Où Georges Prêtre veut-il en venir? Voilà qui, concert après concert, est bien loin de sembler évident, que ce soit pour les musiciens, mis à rude épreuve par une battue économe, parfois sans baguette, mais des plus imprévisibles, ou pour les auditeurs, ballottés entre des impressions contradictoires, tant le pire de Mr. Prêtre peut succéder en un éclair au meilleur du Dr. Georges, qui a dirigé, au début de l’année, un excellent Neujahrskonzert à Vienne (voir ici et ici).


Mais dans la Troisième symphonie (1883) de Brahms, le pire l’emporte largement sur le meilleur. Car ni la mise en place, ni l’équilibre entre les pupitres, ni la précision des départs, ni le respect du texte ne paraissent l’intéresser, au prix de sérieux décalages et flottements mais aussi de nuances dynamiques et phrasés de son cru. Le tempo fait sans cesse le yoyo, pour s’enliser souvent – s’il était à quatre temps, le fameux Poco allegretto tiendrait de la marche funèbre. Tenant davantage du poème symphonique ou de la rhapsodie que de la symphonie, le propos se dilue dans le surlignage de tel ou tel détail, niant toute notion de construction au profit d’une plaisante balade dans la partition, s’arrêtant ici ou là pour admirer quelque spécimen remarquable de faune ou de flore.


A quatre-vingt-quatre ans, le chef français n’est pas près de changer de style, mais au moins faut-il lui reconnaître une certaine constance et, sans doute, une sincérité presque désarmante: dans cette même œuvre, en janvier 2006 avec la Philharmonie de Vienne, l’impression n’avait guère été différente (voir ici). Et, après tout, qu’à cela ne tienne: le public, qui a tenté d’applaudir après le premier mouvement et s’est abondamment raclé la gorge après le deuxième, en redemande visiblement.


De ce point de vue, il ne sera pas déçu par la seconde partie de ce programme brévissime. Les Tableaux d’une exposition (1874) de Moussorgski, dans l’orchestration (1922) de Ravel, offrent en effet à Prêtre un terrain de choix. L’extrême lenteur rend encore plus étrange «Gnomus» et dépeint un «Vecchio castello» assoupi – à une telle allure, le saxophone alto de Daniel Gremelle n’en est que plus exceptionnel encore. «Bydlo» peine à se mouvoir et, sans surprise, «La Grande Porte de Kiev» cultive un écrasant immobilisme. En dehors de ces pièces au tempo particulièrement retenu, et même si «Tuileries» ou «Le Marché de Limoges» ne manquent pas de peps, il ne laisse pas échapper la moindre occasion de ralentir et de faire durer le plaisir, comme dans la partie centrale du «Ballet des poussins dans leurs coques» ou de «La Cabane sur des pattes de poule». Tout cela est déroutant de subjectivité et ne ressemble décidément à rien (d’autre), mais finit ici ou là par traduire un sens assez inattendu du fantastique.



Simon Corley

 

 

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