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Così fa Spinosi

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
11/12/2008 -  et 14*, 16, 18, 20, 22 novembre 2008
Wolfgang Amadeus Mozart : Così fan tutte, K. 588

Veronica Cangemi (Fiordiligi), Rinat Shaham (Dorabella), Jaël Azzaretti (Despina), Paolo Fanale (Ferrando), Luca Pisaroni (Guglielmo), Pietro Spagnoli (Don Alfonso)
Chœur du Théâtre des Champs-Elysées, Emmanuel Trenque (assistant musical et chef de chœur), Ensemble Matheus, Jean-Christophe Spinosi (direction musicale)
Eric Génovèse (mise en scène), Jacques Gabel (décors), Luisa Spinatelli (costumes), Olivier Tessier (lumières)


(© Alvaro Yañez)



Après différentes mises en espace et un Rigoletto à Bordeaux en 2007, Eric Génovèse signe sa première mise en scène dans la capitale pour cette nouvelle production de Così fan tutte (1790) présentée à six reprises au Théâtre des Champs-Elysées. Pas d’anachronisme – les costumes de Luisa Spinatelli rassurent tout de suite sur l’époque: tricornes pour ces messieurs et jupons pour ces dames, tout est en ordre. Pas de relecture non plus – les deux sœurs ne feignent pas ne pas avoir reconnu leurs fiancés en la personne de leurs nouveaux galants: les conventions sont sauves.


Leste mais pas trop, avec un zeste d’humour, tout cela est certes peu décapant et même sans aspérités, mais d’un impeccable professionnalisme et d’un goût inattaquable, avec une direction d’acteurs suivant fidèlement les didascalies aussi bien que la partition. Les décors de Jacques Gabel sont d’une discrétion à l’avenant, pans de mur manipulés par des machinistes costumés, dans des tons pastel que les lumières d’Olivier Tessier soulignent avec douceur, ne seraient-ce ces poursuites parfois un peu trop voyantes qui collent aux protagonistes.


L’ensemble évoque Ponnelle et Chéreau, mais sans toutefois ouvrir les mêmes perspectives que ces spectacles mythiques qu’il est difficile de ne pas avoir à l’esprit. Bref, la «qualité Comédie Française» qu’on est en droit d’attendre de celui qui en est sociétaire depuis 1998: les procédés sont aussi plaisants qu’éprouvés, jusqu’au «théâtre dans le théâtre» pour la morale finale, énoncée par les six solistes alignés au premier plan face au public alors qu’apparaissent les coulisses en fond de plateau.


Ce classicisme détonne avec la fosse, où l’emporte à chaque instant le souci de faire du nouveau. Pour son premier Mozart scénique, Jean-Christophe Spinosi adopte une direction nerveuse et saccadée, travaillée au point d’irriter par son exagération des détails et des accents ou par la manière dont le tempo fait le yoyo. Mais il insuffle une indéniable énergie aux ensembles et aux récitatifs accompagnato, sans pour autant négliger les moments de poésie (quatuor puis trio du premier acte, toast du second acte). Même le pianoforte, auquel sont confiés les récitatifs secco, se montre inhabituellement interventionniste, commentant abondamment l’action et interprétant sa partie avec une grande liberté, jusqu’à y insérer une citation («Ah! vous dirai-je, maman»). Davantage encore qu’une finition instrumentale perfectible (bois pas toujours justes, cors naturels trouvant leurs limites dans le Rondo de Fiordiligi au second acte), c’est, malgré l’effectif moyen de l’Ensemble Matheus (vingt-huit cordes), le caractère envahissant de l’orchestre, telles ces clarinettes trop souvent proéminentes, qui s’avère gênant au regard d’une distribution globalement de petit format vocal.


Cela étant, chacun chante juste, joue bien la comédie et soigne la diction, ce qui n’empêchera pas de marquer une préférence pour la Dorabella de Rinat Shaham, presque trop solide pour le personnage, qui en perd de son côté folâtre et inconséquent. A contrario, avec une Veronica Cangemi à la peine dans les extrêmes de sa tessiture, Fiordiligi paraît plus fragile qu’à l’accoutumée. Ce renversement trouve son parallèle chez les garçons: le Guglielmo infaillible de Luca Pisaroni en remontre au Ferrando de Paolo Fanale, dont le timbre se gâte dès qu’il doit dépasser le mezzo forte. Enfin, si le Don Alfonso un peu léger de Pietro Spagnoli ne fait pas toujours le poids, la Despina en tout point parfaite de Jaël Azzaretti constitue l’une des grandes satisfactions de la soirée.


Le site de l’Ensemble Matheus



Simon Corley

 

 

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