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Stravinski et les héritiers de Ravel

Paris
Maison de Radio France
11/12/2008 -  
Igor Stravinski : Scherzo fantastique, opus 3 – Le Chant du rossignol
Régis Campo : Le Bestiaire (création)
Jérémie Rhorer : Le Cimetière des enfants (création de la version pour orchestre)

Felicity Lott (soprano)
Orchestre national de France, Alain Altinoglu (direction)





Adoptant un rythme biennal, les «Paris de la musique», vitrine de «Musique nouvelle en liberté», proposent, pour leur sixième édition, six concerts revendiquant une diversité stylistique (Connesson, Escaich, Zavaro, Zygel, mais aussi Berio, Gervasoni, Levinas et Stroppa) qu’on ne prête pas nécessairement à l’association fondée par Marcel Landowski, présidée par Jean-Claude Casadesus et dirigée par Benoît Duteurtre. Déjà donné cinq jours plus tôt à Dijon dans le cadre du deuxième week-end du Festival «Présences» de Radio France sous une forme quasi identique et offert cette fois-ci au maigre public de l’auditorium Olivier Messiaen mutilé à jamais de son grand orgue, le programme de l’Orchestre national de France présentait deux des cinq créations de cette édition.


Après Poulenc et Durey, Régis Campo (né en 1968) n’a pas craint de mettre en musique Le Bestiaire (1911) d’Apollinaire: onze des trente poèmes, mais pas «L’Eléphant», promu cette année à la fonction d’emblème du festival. Le qualificatif de «cycle de mélodies» paraît ici tout particulièrement approprié, puisque le texte de la première («La Tortue») vient se mêler à celui de la dernière («Le Cheval»). La confrontation avec le Groupe des Six est d’autant plus redoutable que le parti pris esthétique n’est guère éloigné de ces années-là. Le défi est cependant relevé avec brio, mais surtout humour et sensibilité. Riche et chatoyante à l’image de la robe colorée de Felicity Lott, l’orchestration recourt à un effectif fourni en bois (par trois), cuivres et percussions, mais qui n’écrase jamais la voix. Gadgets que ces grelots, éoliphone et flexatone? Que nenni, car ce bric-à-brac contribue comme chez Ravel à créer avec tendresse et ironie un univers d’apparence enfantine, entre le sourire et les larmes. La soprano anglaise, qui défend ces miniatures d’une durée moyenne de deux minutes avec son art coutumier du chant et du spectacle, mimant les textes avec la complicité du chef, reprend en bis «Le Paon» puis «Le Hibou», à la plus grande joie des spectateurs.


Jérémie Rhorer (né en 1973) a orchestré Le Cimetière des enfants, une pièce pour piano d’un quart d’heure créée voici trois ans par Jean-Frédéric Neuburger (voir ici). L’écriture de la version originale faisait parfois songer – encore! – à Ravel (Gaspard de la nuit), mais les sonorités instrumentales évoquent davantage l’impressionnisme – avec tous les guillemets requis – d’un Debussy. Fragments de Dies irae, déferlement de violence usant de toute la puissance de l’orchestre, retour au calme: la narration se déroule de façon toute à fait classique, le compositeur traduisant l’émotion ressentie en découvrant le carré réservé aux enfants sur l’île San Michele, cimetière vénitien où repose entre autres Stravinski.


Précisément, deux de ses pages les plus étincelantes ouvraient et refermaient cette soirée, mettant en valeur le travail d’Alain Altinoglu et de l’Orchestre national: un Scherzo fantastique (1908) aérien mais au Trio d’un postromantisme capiteux, puis un Chant du rossignol (1917) à la fois virtuose et sensuel.


Le site des Paris de la musique



Simon Corley

 

 

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