About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Il était une foi

Paris
Salle Pleyel
10/31/2008 -  
Olivier Messiaen : Saint François d’Assise
Heidi Grant Murphy (L’Ange), Vincent le Texier (Saint François), Hubert Delamboye (Le Lépreux), Nicolas Courjal (Frère Léon), Tom Randle (Frère Massée), Olivier Dumait (Frère Elie), Jean-Sébastien Bou (Frère Bernard), Mark Pancek (Frère Sylvestre), Robert Jezierski (Frère Rufin)
Chœur de Radio France, Orchestre Philharmonique de Radio France, Myung-Whun Chung (direction)


Vincent Le Texier


Commandé par Rolf Liebermann en 1975 et créé par Seiji Ozawa en 1983, Saint François d’Assise est sans doute le testament spirituel de Messiaen, dont l’itinéraire rejoint celui du poveretto. Oratorio, voire mystère, autant qu’opéra, l’œuvre se prête parfaitement à une version de concert et l’on ne s’ennuie jamais pendant ces quatre heures de musique – seules les quarante-cinq minutes du Prêche aux oiseaux peuvent paraître un peu longues à certains mélomanes. Ecrite pour un orchestre de 109 musiciens et un chœur de 150 voix, la partition est d’une immense complexité et exige du chef, autant du rôle principal, de véritables prouesses. Le Philhar’ s’y est surpassé, le Chœur de Radio France aussi, galvanisés par un Myung-Whun Chung confondant d’aisance, qui cette fois a évité le piège de la virtuosité bruyante où l’avait entraîné la Turangalîla. Certes il donne plus dans la puissance que dans la nuance et les extases mystiques ne semblent pas son élément naturel ; mais sa direction est souple et claire, débrouillant sans trop de sécheresse l’écheveau des rythmes et des plans sonores, notamment dans le redoutable concert des oiseaux du deuxième acte. Le chef nous offre ici le sommet de son cycle consacré au centenaire de la naissance Messiaen. De quoi rendre totalement inutile l’inintéressante projection vidéo conçue par Jean-Baptiste Barrière, que l’on a vite fait de ne plus regarder même si elle représente les fresques de Giotto ou les paysages d’Ombrie.


Saint François, jusque là, était tellement identifié à son créateur José van Dam qu’on se demandait qui pouvait lui succéder. Vincent le Texier ne se tire pas si mal d’affaire. Toujours grise de timbre, la voix se projette mieux qu’on pouvait le craindre, et correspond bien à la tessiture de baryton basse qu’appelle le rôle : du coup, elle n’arrive pas épuisée à la fin du troisième acte. Il y a aussi une émouvante humilité dans cette composition très intériorisée, là où van Dam restait plus proche de l’opéra traditionnel. Mais la déclamation pâtit d’une articulation souvent incertaine, défaut assez rédhibitoire dans un tel rôle, qui affecte davantage encore le frère Léon de Nicolas Courjal. On apprécie d’autant plus le frère Bernard de Jean-Sébastien Bou et, surtout, le frère Massée illuminé de Tom Randle et le Lépreux miraculé d’Hubert Delamboye. Si les autres rôles masculins sont parfaitement tenus, Heidi Grant Murphy ne convainc guère. Cette voix courte et sans rondeur convient plus à une soubrette qu’à l’Ange de Messiaen et chante un français à l’exotisme incongru, meilleure néanmoins ici, par sa probité candide, que dans les rôles où l’on s’obstinait à la distribuer régulièrement à Bastille.


Ce Saint François constitue, par les qualités de son ensemble, un des temps forts du début de la saison parisienne.



Didier van Moere

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com